(De nombreux spoilers figurent ici)
À chaque film de Sono Sion c'est toujours la même chose "Mais bordel, qu'est ce que je viens de voir ???!!?", et ce fut le cas, plus que jamais lors du visionnage de "Strange Cirus", les limites encore repoussés, jusqu'à toucher des thèmes tabous, dérangeants, me mettant mal à l'aise... un peu en fait, car il s'agissait du 10eme film de sa part que je regardais, ainsi j'étais déjà un peu vacciné et avais produit assez d'anti-corps pour soulager mon cerveau de toute cette perversité. (mais pas insensible ! je ne suis pas un psycho !)
Il s'agit de son film qui retourne le plus la tête avec plusieurs réalités qui s'entremêlent, au nombre d'au moins trois, j'avoue ne pas être certain de mon interprétation à la fin du film.
Un film malsain et dramatique de bout en bout, il y a donc cette jeune fille de 12ans qui fera les frais de la perversité de son père, je suis déjà mal à l'aise quand je le vois, en qualité de directeur d'école, convoqué sa jeune fille dans son bureau, tout en matant du bon porno sur rétro-projecteur qui se projetent sur le visage de Mitsuko, une projection des fantasmes du père sur sa fille sans doute...
Un peu plus quand le père décide de l'enfermer dans un étui de violoncelle et de la forcer à mater les ébats sexuels de ses parents, et que dire quand le père décide tout simplement d'inverser les rôles entre la mère et la fille, le père se tapant désormais sa fille de 12ans pendant que la mère regarde, et on peut dire que c'est montré de manière explicite. C'est donc autour de cette confusion entre mère et fille que le film va prendre sa base, ce mélange des réalités, et la fin du film nous offrira un feu d'artifice de révélation, vrai ou faux, où est la réalité?
Mon interprétation.
Pour ma part, je pense que tout se passe dans la tête de la romancière Taiko, on a la mère et fille qui se confondent, puis on a la romancière qui se confond à ces 2 personnages de fiction qu'elle a crée jusqu'à se prendre pour la mère qui se prend elle même pour sa fille... La vraie réalité est celle d'une romancière qui n'a rien d'handicapé, personne ne l'a d'ailleurs vu en chaise roulante dans cette réalité, tout ça était seulement dans sa tête... Mais j'ai plus de mal avec le début et la fin du film, il faudrait que je le revois un jour ou l'autre... (en gros, j'ai peut-être rien compris).
"Strange Circus" passe en revue tous les thèmes cher à Sion Sono, bon chauvin que je suis, je constate qu'il y a dans presque tout ces films des références françaises, ici c'est le passage d'un roman français qui ouvre "Strange Circus" avec "à rebours" roman (que je n'ai pas lu) considérant comme un manifeste d'esprit décadent.. même plus tard on tombe sur une boutique "Merci", puis ce n'est pas sans rappeler "Himizu" (pour le côté littéraire) avec un poème français de François Villon cité régulièrement tous le long du film, et d'autres références dans "Why you ?", "Hair Extension", "Guilty of romance"...
Autre thème important, celui de la famille, presque toujours on a cette relation entre parent(s)/enfant(s), souvent père/fils, ici parents/fille, et évidemment ça se passe toujours mal, ici plus que jamais.
Les musiques classiques européenne qu'on retrouve régulièrement, même ici la maison des parents est d'un style purement européen, rococo d'ailleurs.
Ensuite le thème du christianisme, on retrouve là une scène dans une église ...
Le côté pervers, malsaine, sexuel, pornographique...
Son côté baroque et esthétique, et surtout le fait de rendre des scènes "affreuses" tellement belle, c'est horrible mais dieu que c'est beau ! Et là dessus, il est extrêmement fort, impressionnant.
Un film qui s'apprécie je pense, après avoir pas mal épluché la filmographie de Sion Sono, car comme premier film je ne conseille pas, ce n'est pas très accessible, bien que ç'a n'a rien d'ennuyant, c'est spécial.
Ce mec est un génie à qui il manque une case.