Tout le monde a un prix

Après avoir mis sa santé en jeu dans Supersize me, Morgan Spurlock nous revient dans un nouveau documentaire où il met cette fois son intégrité dans la balance.

Le placement de produit, technique moderne publicitaire qui impose aux films le choix des marques. James Bond en BMW ? Néo et son smartphone Nokia ? Marty Mc Fly et ses Nike ? Forrest Gump et ses Dr Pepper ? World War Z et ses immeubles Pepsi ? D'un côté, les annonceurs qui affichent leur produit dans le film et participent financierement à la production, de l'autre, les producteurs de l'oeuvre qui bénéficie des réseaux des médias modernes pour communiquer et vendre. Car l'enjeu n'a rien d'artistique,il est purement mercantile et l'association doit rapporter gros au deux parties.

Morgan Spurlock, comme dans supersize me, débarque bien naivement dans ce monde de com' où tout se chiffre, tout s'évalue, tout a un prix. Le documentaire est interessant car il montre de façon exhaustive, ou presque, tous les acteurs de cette propagande mercantile et ses travers. Annonceurs, agences de com, avocats, artistes, enseignants, quidams etc... tous apportent leur contribution, définissent leur propre encrenage dans cette machinerie complexe.

Le film est cynique car il nous montre bien comment Morgan Spurlock va se laisser grignoter par ses sponsors, rendus tout-puissant par le système judiciaire américain, barricadés derrière des contrats à l'épaisseur biblique. Pour ne pas perdre totalement son intégrité de créateur, d'artiste, de réalisateur, Morgan va jouer sur l'humour et le second degré. Les interventions publicitaires sont si pachydermiques qu'elles en deviennent amusantes et non plus cyniques. Morgan, grâce à son humour, arrive à ménager la chevre et le choux, aucun de ses sponsors n'ayant refusé le montage final du film.

Un film à voir, non pas pour sa qualité intrinsèque de documentaire mais bien pour le personnage de Morgan Spurlock, chahuté et en partie avalé par le système qu'il voulait utiliser. Rien n'est gratuit, tout se paye