Heart of Darkness - The Twister
Voici un film énorme. Je ne veux gâcher aucun plaisir, le spoale ici serait dévastateur. Tout sera donc basé sur mon ressenti pur, dans une critique courte.
La frontière entre 9 et 10 est ténue et j'ai hésité un peu, ce qui m'a apporté la réponse. Le 10 s'impose, ne se discute pas. Il ne faut pourtant pas se méprendre : Take Shelter est un grand, un très grand film.
Une économie de moyens, un rythme lent, une vie banale, dans une ville banale, ça fait du bien. Mieux, ça nous permet de nous identifier à ce couple touché par le handicap de sa fille et la glissade psychologique d'un mari bouleversant.
Je pense qu'il y a énormément de lectures possibles dans ce film. Une critique de la société US et de son capitalisme débridé touchant jusqu'à la santé. Une critique des codes sociétaux, de la nécessité d'être dans un moule pour avoir l'espoir de toucher du doigt un bonheur ... conditionné en dehors d'une simple volonté de s'épanouir personnellement. C'est aussi un film sur le rapport à l'enfance, personnelle et à sa progéniture. Un film sur les parents, les siens, ce que nous sommes. Un film sur le couple, l'amour, le don de soit à l'autre, le sacrifice ultime. C'est une oeuvre sur le courage, les sentiments, la folie d'un monde ou la nôtre.
Jeff Nichols plante sa caméra au coeur de cette banalité paranoïaque et laisse chacun se démerder. Le film peut parler ou non. Je peux comprendre qu'on soit agacé par le rythme lent ; là où la chiantitude peut frapper à la porte, j'y ai vu un superbe glissement vers l'âme et la folie.
Michael Shannon et Jessica Chastain sont magnifiques de justesse.
Je vais stopper là, continuer n'aurait pas de sens et aucun spoale ne sera admis. Tale Shelter touche ou pas. Moi, ma caverne intérieure a vibré.