Un "Taken" pas si "prenant"...
Voilà presque 5 ans que Bryan Mills est venu faire le ménage dans les bas fonds parisiens pour sauver sa fille aux prises de la mafia albanaise ; en 2008 "Taken", film français hormis dans le texte, créait la surprise au box-office en explosant les scores à travers le monde. On ne peux pas dire que le scénario révolutionnait le genre, mais le film impressionnait par sa maîtrise de l'action non-stop, de la montée de tension crescendo et de l'ingéniosité de sa mise en scène dans les séquences d'action. Pierre Morel ('Banlieue 13") signait sûrement le meilleur film de la team EuropaCorp. Depuis il s'est largement planté avec le lamentable "From Paris with love" et le voilà disparu des radars. Besson confit donc la suite de la monture la plus attendue de sa production à Olivier Megaton, sorte de faiseur sans âme (voir le désastreux "Colombiana") qu'on appelle à la rescousse de saga orpheline (il avait repris la saga "Le Transporteur" pour le 3ème opus après le départ de Louis Leterrier)... De quoi rester circonspect.
On peut dire que le début de cette suite séduit plutôt. Une intro bien menée, même si les lignes directrices du film se dessinent de manière trop évidente, un travail d'image assez remarquable et une retrouvaille avec les personnages assez plaisante où s'invite même, enfin, un peu d'humour. Sauf que le film tarde à livrer ce que les spectateurs sont venus chercher: alors qu'on sait où le film va nous mener, le scénario prend trop son temps à vouloir justifier les premières scènes spectaculaires qui viennent un peu trop tard. On voit alors directement la faiblesse majeure du film, une constante à travers les 1h38 du film: un vrai souci de rythme là où le premier épisode ne laissait jamais le spectateur souffler. Entre une scène de recherche du père dans Istambul trop longue avec de belles invraisemblances (le coup des grenades...) et l'abandon d'un personnage fort à la moitié du parcours qui clôt trop tôt l'un des arcs scénaristiques majeur de la saga, on voit que le film patauge un peu. A vouloir (faussement) surprendre le public, le film se perd un peu et revient donc (vite) dans les marques du premier. Mais en moins bien quand même.
Le film livre quand même de belles scènes d'action (on retiendra la poursuite en voiture dans Istambul) même si celles-ci sont moins nombreuses et souvent malmenées par un montage inapproprié, beaucoup trop haché qui gâche souvent la beauté de certains plans par excès de zèle. Cela dissout souvent la tension et la force globale du film qui malgré tout fait le job gentiment sans jamais nous emporter réellement.
On pourra aisément dire que c'est surement le meilleur film de Megaton (pas dur en même temps) mais beaucoup moins réussi que le premier qui était plus âpre, plus violent et mieux tenu sur tous les niveaux. Un EuropaCorp/Besson toujours paresseux au niveau du script (doux euphémisme) et qui ose même nous livrer les clichés décriés par l'excellent Mozinor (j'ai failli rire au moment du choix du taxi pour la course poursuite...).
Un "Taken" pas si prenant.