The Bride of Frank
The Bride of Frank

Film DTV (direct-to-video) de Steve Ballot (1996)

Au rayon des films bête et méchant, The Bride of Frank figure en bonne place près de l’étalage de la Troma, dans l’ombre du géant Street Trash dont il se voudrait un prolongement avec son clodo de protagoniste entouré de chats errant et de gros bras de la logistique qui voudrait l’aider à toucher son rêve du doigt : une grosse paire de nichon. Pouvoir les titiller, les malaxer, les lécher et s’étouffer en remuant frénétiquement sa tête dedans. Un fantasme d’enfant, ou de mec déviant pour lequel on se rend au moins une fois coupable dans sa vie, pas sûr que les femmes en fassent autant de nos couilles. Mais avant d’aborder ce sujet, il me semble opportun de vous présenter mon ami Frank qui fait des rêves chelou où il kidnappe une petite fille avant de lui asséner un coup de tuyau puis de lui écrabouiller la tête sous les roues de son camion afin de lui dévorer la cervelle. Tout le film sera du même acabit, marchant sur une étrange corde raide puisqu’il aborde des situations extrême avec une telle absurdité qu’il serai difficile de ne pas en rigoler. Les journalistes de Mad Movies s’ébahissaient devant un viol d’orbite hors champ dans le film The Sadness, Steve Ballot de son côté vous montre une véritable pénétration oculaire suivi d’une éjaculation facial. On sait bien que les commerciaux de chez Uncut Movies vendraient du sable aux arabes mais cette fois-ci ils n’avaient pas mentis, pas plus que Alex Visani à qui l’on doit cette réédition par le biais de sa société Spasmo Video.


Frank Meyer n'a rien pour lui, sa gueule buriné témoigne des excès d'une vie probablement ravagé par la drogue et l’alcool lorsqu’il vivait encore dans la rue. Faute de domicile, il bosse comme cariste et squatte dans les bureaux d’une société de transport. Cette entreprise constitue un véritable repaire de pervers et de brigands très peu regardant sur le passé de ses employés tant qu’ils sont productifs et compétents. Le genre d’endroit où l’on retrouve toute la lie de l’humanité, des beaufs, des repris de justice, des alcooliques, et des connards odieux qui vous pètent au nez, vous gueule dessus et vous insulte pour s’exprimer. Les rapports y sont cordiaux , basés sur l’invective, les blagues potaches, et les concours de bites. Frank y est d’ailleurs bien intégré et pour cause puisqu’il possède aussi peu d’amour propre que de vocabulaire, si ce n’est les insanités qu’il balance à la gueule des personnes haineuses auxquelles il se retrouvent quotidiennement confronté dans son boulot. Sa fête d’anniversaire va d’ailleurs tourner au pugilat lorsqu’un geek sous exta va venir le déranger pour lui demander son chemin. Enrubanné dans le cellophane tel une pinata humaine, la victime est roué de coups avec un bâton clouté par toute l’équipe de sociopathes, avant que Frank ne lui coupe la tête et défèque dans son cou sous les rires et applaudissements de l’assemblée. Le reste de l’histoire est une succession de rancards glauque dans les bureaux se soldant par des mises à morts sordides. Souffrant manifestement d'un complexe Oedipien ainsi que d'une obsession pour les gros seins, Frank aidé par ses collègues fait appel aux petites annonces pour rencontrer des femmes célibataires de la région. N’attirant qu'un travesti ou bien des cas plus désespérés que lui, ce dernier se retrouve pourtant confronté au rejet et au dédain de plusieurs candidates qu’il massacre avec sadisme pour se venger de leur méchanceté. Mais le film porte bien son nom et le pauvre hère finira par se marier avec une femme aux gros nichons. Tout est bien qui finit bien pour notre ami.


On sait peu de chose de Steve Ballot, si ce n’est qu’il a refusé un contrat de distribution avec la Troma après avoir fait le tour des festivals indépendants avec son principal interprète. On sent que le film s’est bâti autour de la personnalité de Frank Meyer d’autant que le récit ne suit aucune trame scénaristique pré-établis. Et il n’est d’ailleurs pas rare de s’apercevoir que les scènes ont été tournés avec plusieurs semaines d’écart au vu des nombreux faux raccords et changement physique de l'acteur qui a parfois du mal à s'empêcher de rigoler ou à faire preuve d'une bonne diction ce qui participe à le rendre d'autant plus pathétique. La réalisation austère et fauché s’adapte parfaitement à son sujet. Aussi vide de sens que son existence, The Bride of Frank est finalement une sorte de compilation de meurtres brutaux et de gags grotesque entrelacé par un fil directeur qui a le mérite de ne faire aucune concession et de tenir toutes ses promesses. Quant on prend le temps de s'intéresser aux scènes coupés, on se rend compte que tout un pan du film n'a pas survécu à la table de montage, bien que la plupart de ces séquences auraient certainement nuit à l'intrigue voir même au portrait esquissé de son personnage principal, ce qui n'est donc pas plus mal. Mais cela prouve bien que le réalisateur ne savait pas quelle direction donner à son projet qui a pris forme petit à petit au fur et à mesure de son élaboration et de ses délires. Au delà du fait que le long-métrage soit clairement destiné à choquer le chaland, il constitue tout de même une plongée fascinante dans le quotidien d'un marginal paumé auquel on finit étonnamment par s’attacher.

Le-Roy-du-Bis
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le 10 sept. 2023

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Les-Oublis-du-cinma
6

Qui veut être sa femme ?

Salut à tous amis de l'angoisse !!Ce soir, un extrême. Scénario intéressant, réalisation barrée/bâclée, acteurs amateurs...Bref, venez voir vous même !Allez Tchusss !! Crevez tous !!Mouhahaha...

le 6 déc. 2023

The Bride of Frank
mdacier
8

Critique de The Bride of Frank par mdacier

film à petit budget assez osé ; pas tant que ca finalement Bien fichu , ne laisse pas indifferent c'est sur

le 14 juil. 2022

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