The Offence
7.3
The Offence

Film de Sidney Lumet (1973)

A vaincre un sentiment malsain, on gagne un sentiment noble

Surement même, en tout cas c'est ce que Sidney Lumet fait passer dans un The Offence totalement dingue, violent, malsain, tordu, grave et sombre.
Il est toujours difficile de qualifier le cinéma de Lumet. On ne le distingue pas vraiment par sa réalisation même s'il sublime tout ce qu'il touche. La patte de Lumet c'est de toucher de grandes questions à base de petites histoires. L'histoire d'un gosse né coupable, ceux de militaires devant une colline, l'histoire d'un juré et beaucoup d'autres encore...


Mais The Offence a quelque chose de différent. Au delà du fait qu'il est encore construit avec une finesse qui n'a d'égale que le goût du caviar, The Offence déconstruit encore les désirs les plus tourmentés de l'humain. A travers cette troublante poursuite aux souvenirs sous couvert de quête de vérité, Lumet met à jour bien des choses. De l'abondance de solitude à la difficulté de la confession, Sidney tel un architecte de l'esprit humain met en marche une machine psychologique calibrée aux millimètres. Dans cette machinerie, Sean Connery joue un inspecteur broyé dans les méandres de ses souvenirs les plus terribles que seules une bouteille de Whisky et une femme arriveront partiellement à faire jaillir. L'inspecteur chasseur chassé est l'objet de toute les interrogations. Dés le départ, cet inspecteur n'est pas net, dés qu'il retrouve cette fille dans les bois...On sent qu'un truc cloche.


De retour chez lui, il se confesse et s'en suit alors la mémorable double confrontation entre Connery/Howard et Bannen/Connery. Sans jamais relâchée la tension, Lumet nous montre de véritables joutes verbales d'une violence extrême. Connery hanté par ses souvenirs (seulement des souvenirs ?) voit en Bannen une forme de miroir sombre de ses pensées. Howard n'est lui qu'une forme d'expiatoire à tout ce que Connery à vécu face à Bannen.


Sidney Lumet filme toujours avec cette "simplicité" troublante, comme si ce qu'il montrait était tout à fait normale. Comme s'il n'y avait besoin de rien d'autre qu'une image pour montrer toute la violence de la situation. C'est assez fabuleux cette manière que l'homme a de mettre en scène les choses. Les mots, les expressions suffisent chez Lumet à faire passer quantités d'émotions. Pour la deuxième fois, il donne à Sean Connery l'occasion de livrer une performance fabuleuse. Totalement à l'encontre de ce que l'on pourrait voir dans un James Bond et même dans La Colline des Hommes Perdus...ici Sean Connery est tout bonnement prodigieux dans le rôle de cet inspecteur imprévisible, violent, instable qui peut péter une durite à tout moment pour un mot de travers, pour un regard mal orienté ou un éclat de rire malvenu.


Malsain au possible, presque impalpable tellement Lumet traite le sujet avec un brio rare, The Offence offre de sacrés belles réflexions sur l'homme par l'histoire d'un inspecteur écrasé par ses "souvenirs". Même si l'on pourrait voir dans Bannen une forme de Connery étant passé à l'acte...Mais l'inspecteur le savait, il se le devait, à vaincre un sentiment malsain peut naitre un sentiment noble d'un devoir accompli ou d'une expiation réussie. A n'en point douter, à regarder un Lumet, notre esprit en ressort toujours plus noble, toujours plus admiratif d'un cinéma si rare et si fin.

Halifax

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10
2

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