Que serait l'Etrange Festival sans un Sono Sion ?


Pour ce rendez-vous annuel, nous avons eu droit à un remontage de sa série co-produite par Amazon et la Nikkatsu. A la base 9 épisodes (dont un double) ramenés à 2h22 avec quelques séquences inédites ou alternatives afin d'être exploité en salles au Japon. Ca laisse tout de même encore plus de la moitié de la série à la trappe et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça se ressent fortement pour une narration bordélique et chaotique. Beaucoup de points sont énormément flous et incompréhensibles comme un truc aussi crucial que la rivalité entre les deux clans de vampires, d'autant qu'il y a quelques trahisons et autres anciennes amitiés devenue rivalités. Les personnages sont donc à peine esquissées et surtout peu attachants. L'héroïne est à cet égard un ratage total qui agace rapidement à force de hurler perpétuellement. Sono Sion qui a toujours présenté des personnages féminins intéressant accouche ici d'une écriture totalement horripilante. La direction d'acteur comme l’interprétation sont les deux responsables et on prie, en vain, que Manami se fasse trucider rapidement.
Et je ne pense pas que des scènes supplémentaires améliorent sa psychologie et le jeu de la comédienne. Dommage car, sur le papier sa caractérisation pouvait être passionnante avec cette jeune fille devenant littéralement un monstre qui lui échappe.


Par contre, il y a de quoi supposer que ce n'est sans doute pas la même chose avec beaucoup d'autres seconds rôles comme le trio féminin en Europe central (avec un épisode entier dédié ?) et surtout les humains coincés dans le Vampire Hôtel qui peuvent donner de nombreux moments savoureux et délirants comme c'est déjà le cas dans cette version. C'est d'ailleurs lors de ces séquences que le film sort un peu des sentiers "Sionesques" qui recycle tout de même beaucoup de figures de style visuelle, thématiques et scénaristiques du cinéaste. Ca vire presque à l'auto-citation plus ou moins heureuse à cause des coupes. Par exemple, les rapports entre Manami et sa famille ainsi que sa fuite dans la neige sont loin d'avoir la même force que dans Antiporno. Dans l'ensemble, on va dire que la densité narrative vraiment bordélique n'aide pas à approfondir les thèmes qui sont assez denses mine de rien.


En revanche, la réalisation est toujours aussi enlevée que d'habitude bien que forcément plus inégale vu sa réduction au montage. Ca alterne moments gracieux et aériens, décors pop, joyeux bordel énervé, humour noir, premier degré candide, bain de sang dantesque, personnages opératiques, combats furieux et psychologie introspective... entre autres. Il y a des moments brillants et géniaux comme les parties dans l'immense grotte en Europe Centrale qui sont d'une classe folle, l'ouverture dans le bar totalement déjanté, le passage dans le mur vivant sorte d'enfer de Dante, plein de passage avec les humains (ah les vampires dirigeant les premiers ébats) et différentes phases du final, grosse mêlée à la Why don't you play in hell, certes trop longue et répétitive mais avec des passages excitants et jubilatoires.
Et on ne peut définitivement pas nier l'incroyable liberté imprévisible dont fait preuve Sono Sion. Malgré le brouillon mal dégrossi et bancal, il y a une fraicheur et un enthousiasme émanant de Tokyo Vampire Hotel qui apportent une réelle bouffée d'oxygène revigorante.


Même si j'ai peur de me farcir encore plus de Manami, je suis vraiment curieux de découvrir la série dans son format original. Mais pas évident que ça arrive en France.

anthonyplu
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le 13 déc. 2017

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