On connait tous David Schwimmer pour son rôle de Ross au sein de Friends pendant plus d'une dizaine d'années. Pourtant, celui qui interprété le frère de Monica ne se contenta pas d'être devant la caméra, il réalisa également quelques épisodes dans la série puis, quelques années plus tard, quelques épisodes de « Joey » qui lui permis de retrouver Matt Leblanc (série d'ailleurs plutôt drôle mais malheureusement arrêtée avant la fin de la 2e saison). Après un premier essai au long-métrage avec la comédie sympathique Cours toujours Dennis (avec Simon Pegg et Thandie Newton), il revient cette année avec Intrusion (Trust en VO) dans un registre radicalement opposé, celui des prédateurs sexuels sur internet. Intrusion sera présenté en compétition lors du prochain Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011.

Le sujet a déjà par le passé été plusieurs fois abordé sur des thématiques plus ou moins proches. Ainsi, on se souvient du viscéral et non moins fascinant Hard Candy avec Ellen Page et Patrick Wilson ou du catastrophe Chatroom (même s'il ne s'agit pas spécialement de prédateurs sexuels mais plus de harcèlement par le net). David Schwimmer choisi ici un autre axe de développement pour s'éviter la comparaison en privilégiant la chasse au violeur et la recherche d'une vie familiale après un tel drame. Car c'est bien de psychologie que le film traite (avec plus ou moins de réussite) davantage que du viol en tant que tel. Cette partie vraiment difficile intervient après une longue période de séduction « virtuelle » du pédophile sur la fille de 14 ans (interprétée avec beaucoup de justesse par Liana Liberato) du couple Clive Owen / Katherine Keener. Une situation en entonnoir que Schwimmer dépeint de manière un peu trop appuyée, s'éternisant sur les tchat et texto en mode incrustation à l'écran. Ce « préambule » a pour lui de faire monter la tension chez les spectateurs qui devinent la suite, impuissants, jusqu'au moment fatidique, filmé avec pudeur certes mais qui reste néanmoins dur à passer au regard du jeune âge de la fille.

Mais c'est véritablement passée la première demi-heure que Trust trouve son rythme de croisière, grâce à la relation père-fille qu'il développe. D'un côté, Clive Owen chez qui naît l'envie de se faire justice soi-même en traquant puis massacrant le violeur, de l'autre, la jeune fille qui suite à la perte de sa virginité développe le syndrome de Stockholm, convaincue par l'amour du violeur à son égard. On assiste donc à deux destins qui se croisent sans se comprendre, l'un se rétablissant grâce à l'illusion d'être aimée, l'autre sombrant dans un tourbillon vengeur se radicalisant au fur et à mesure du temps. Cette chute du père traduit l'impuissance du couple à réagir face à cette situation extrême, et leur incapacité à accompagner leur fille dans cette épreuve. Cet échec de communication sera l'étincelle à de nombreux éclatements de la sphère familiale, éloignant d'autant plus l'enfant de ses repères traditionnels.

David Schwimmer nous livre ici une vision très directe du problème, ne reculant jamais devant la sensibilité du sujet, quitte a rendre son film particulièrement froid. Et c'est le plus gros reproche que l'on peut faire à Trust, celui de laisser le public totalement extérieur à la situation. Évidemment nous sommes outrés, malheureux et animés par la même haine du violeur que peut l'être le personnage de Clive Owen, mais nous ne rentrons jamais véritablement dans l'histoire, l'identification étant relativement complexe du fait du sujet, et ce malgré les prestations convaincantes du casting. En ne cherchant à aucun moment à livrer une lueur d'espoir, Trust est un drame du début à la fin, parfois même à la limite du documentaire. L'aspect « vigilant movie » étant initié mais pas concrétisé, Trust ne connaitra pas de moment forts mis à part celui du viol en première partie ; un peu dommage, les deux-tiers suivants étant correctement traités mais lancé sur un rythme de croisière un brin monotone sur la longueur.

Ne serait-ce que par son sujet, le film de Schwimmer réussi son pari, celui de nous sensibiliser à un situation dramatique propre au 21e siècle. Sur le plan purement cinématographique, on regrettera que le parti pris ne soit que démonstratif et très réel, rendant la chose un peu trop sèche et pas suffisamment prenante pour que le public soit totalement immergé dans l'intrigue. A l'heure actuelle, aucune date n'est communiquée pour une sortie française.
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le 22 janv. 2012

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Mathieu  CRUCQ

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