Difficile de classer Hal Hartley et tant mieux. Disons que son goût pour la couleur, ses talents de dialoguiste, et son humour à froid, plutôt décalé, en font un grand frère rebelle de Wes Anderson. Là où Anderson pêche peut-être par sur-stylisation, Hartley trouve son péché mignon du côté de la répartie culte mais bon, ça se soigne, et chacun dans leur genre ils sont bons voire très bons. De plus, Hartley semble moins conscient de ses effets, il y a encore parfois une forme de naïveté qui fait plaisir à voir.
Pour ce qui est de "Trust" qui nous intéresse ici, notons que le titre original a son importance : il s'applique aussi bien à nos deux loulous (la scène du laisse-toi-tomber-je-te-retiens) qu'au monde du travail, à cette société absurde, où il faut accepter de lâcher prise face à l'incompétence et la bêtise généralisée (la chef qui dit : "si c'est comme ça, il faut croire qu'il y a une raison). Ce que "Trust me" ne rend plus tout à fait.
Notons encore que les acteurs sont arty/indy/cools au possible, on a envie de leur rappeler que c'est juste un petit film, ça vaaaaaaa, dégonflez le melon. Mais ils finissent par devenir attachants. Tour de force.
Sur le fonds, quelques facilités (le père odieux, bon...), ça part comme un film qu'on a vu mille fois et qui essaye de toutes ses forces d'être original. Et ça finit par l'être. Tout est habilement détourné façon caillou dans la chaussure, ce petit quelque chose qui ne tourne pas rond et qui nous plaît. Comme une chouette mélancolie. Une déprime classe.
Le soin apporté aux détails prouve aussi que Hartley dépasse largement le statut de scénariste de luxe. Son univers personnel, sorte de coolitude pré Sundance a TRES fortement inspiré le "Buffalo 66" de Vincent Gallo qui pille sans citer ses sources et qui a une gueule, lui aussi, à jouer chez Hal Hartley, tout se tient.

bilouaustria
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le 29 oct. 2013

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