" Je n'aime que les chanteuses ..."

Le film oppose deux figures: personnage naïf d'un côté héritier ignorant d'un passé nazi très fortement ancré dans son histoire familiale et un personnage dur de l'autre, sorte de tueur à gages un peu bousillé par la vie qui fait de sa vie justement le combat contre les terroristes, les tueurs de peuple, les faiseurs de génocides. En fait, ces deux là sont drôles au début parce qu'à eux deux, ils sont des caricatures et pensent toujours que c'est l'autre qui en est une.
Sauf que le premier apprend beaucoup du second et l'inverse également. L'un apprend à voir au delà de sa simple naïveté: que la pureté de l'âme qu'il essaye tant d'atteindre (avec la symbolique de la marche sur l'eau) n'existe peut-être pas tant que ça et qu'il faut juste s'arranger avec les conventions, la vie, sa conscience et l'autre que l'on peut vider un peu de sa haine pour rejaillir sur une illusion de bonheur qui, faute de changer le monde, apaisera au moins un peu l'esprit.

La force d'Eytan Fox est de sembler toujours naïf au coeur même de questions politiques et humaines fortes qu'il soulève au sein de ses films (qu'il revienne sur le conflit israelo-palestinien dans "The Bubble", ou sur la sempiternelle question de l'héritage nazi des allemands, du conflit entre les peuples, ici). Il n'est pas homme à se prendre au sérieux en livrant trop simplement des discours moralisateurs car il confronte ses personnages à leur propre contradiction et au regard des autres, toujours différent. Son monde se peuple d'un autre univers: celui homosexuel sur lequel il livre également un discours en divisant frontalement les points de vu.

Ce n'est jamais aussi simple qu'il n'y parait que ces films qui disent en sourdine les conflits, les déchirement intérieurs et font toujours se percuter des trios où le vivre tente de s'opposer à l'idéalisme toujours bousillé par la réalité entraperçue.