En transposant Tykho Moon au cinéma, Enki Bilal a voulu réincarner son dessin et ses centres d’intérêt ( la politique, la rencontre peu banale d’un homme et d’une femme mais aussi l’humanité souvent décadente). Il y a du bon dans le fait que le dessinateur/ réalisateur prouve qu’il n’a pas besoin d’effets spéciaux pour pouvoir poser une histoire sur la Lune et la rendre plausible. Ce que je déplore, c’est toujours son manque de fluidité à l’image car il préfère se perdre dans des sous-intrigues rendant son film moins efficace qu’il ne pourrait l’être. L’important dans cette histoire, c’est qu’une famille régnante mais décadente à cause d’une maladie, veuille remettre la main sur le seul homme qui pourrait génétiquement la sauver. Les allers-retours pas toujours significatifs entre personnages plombent le propos et Enki Bilal, bien que faisant preuve d’un style à part, ne convainc pas. C’est toujours formidable de revoir les prestations de Marie Laforet ou de Michel Piccoli, à même d’incarner la démesure de leurs personnages. On voit aussi que Julie Delpy, loin d’être acquise à l’univers du dessinateur/réalisateur tire son épingle du jeu. Visuellement, Tykho Moon est intéressant mais je trouve que ses dialogues ne marquent pas alors que dans tout bon film de cinéma, on en retient quelques uns. Restent quelques clins d’œil savoureux quand on voit que Mc Bee a le malade imaginaire sur son bureau. La marchandisation des toilettes ou des baignoires comme des chambres d’hôtel est aussi un clin d’œil où Bilal réaffirme encore et toujours la régression de la société.Au final, l’expérience ne fut pas si désagréable mais le réalisateur aurait gagné à ne pas trop suivre les sillons de son œuvre originale.

Specliseur
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Des films à la télé,peut-être au ciné en 2021

Créée

le 30 sept. 2021

Critique lue 121 fois

Specliseur

Écrit par

Critique lue 121 fois

D'autres avis sur Tykho Moon

Tykho Moon
Nio_Lynes
7

Peinture lunaire

« J’aime pas les écrivains qui tuent. _ J’aime pas les putes qui aiment. » Glenbarr (Richard Bohringer) à Lena (Julie Delpy). Grand maître de la bande dessinée au style inégalé et reconnaissable...

le 13 mai 2021

7 j'aime

Tykho Moon
AMCHI
8

Critique de Tykho Moon par AMCHI

Le manque de moyen des grosses productions Américaines est dans Tykho Moon compensé par l'imagination débordante d'Enki Bilal qui a su créer un univers décalé avec ce Paris lunaire et inquiétant. Je...

le 18 août 2015

3 j'aime

Tykho Moon
greenwich
7

Tykho Moon (1996)

Il s'agit d'un film de science fiction au ton très décalé. L'univers de Bilal est riche et particulier. L'histoire est originale et pas simple à suivre au début du film. C'est un peu énigmatique et...

le 28 févr. 2014

2 j'aime

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

Les Frères Sisters
Specliseur
5

Le western: pas un background pour Jacques Audiard

Quand j’ai lu,comme beaucoup de monde,que les Frères Sisters était une proposition de John C Reilly au réalisateur,j’ai commencé à avoir quelques doutes sur la nature de ce film pas véritablement...

le 20 sept. 2018

19 j'aime