Des ogres et des chiens

Joseph est un homme usé par la vie, usé par la merde, usé par la mort, pas une ombre de lumière à l'horizon. Joseph est seul, et il devient un dingue de sauvagerie incontrôlable, redoutable bête de haine, provocante, bruyante et dangereuse, quand un grain de sable vient troubler son ennui ou picoter ses frustrations. Il ne croit en rien, sûrement pas en Dieu, ni en la bonté ou l'amour, bien sûr on s'attache, mais on finit par haïr inévitablement.
Les seuls moments où l'œil de Joseph s'adoucit est devant un enfant ou un chien, mais attention si Joseph est sur le point d'exploser...
Hanna elle, est une femme de foi et de cœur, une femme forte mariée à un homme faible, tyrannique et sadique. Elle croit beaucoup en la charité, au don de soi, au pardon.
Quand Hanna et Joseph se rencontre, une alchimie étrange et imprévisible se crée, et vient perturber l'équilibre de tout leurs microcosmes.

Ce conte ne manque pas d'ogres.
Bien présomptueux sera celui qui se tiendra en juge devant ces personnages tourmentés par leurs démons.

Le personnage central porté par l'exceptionnel Peter Mullan est un condensé de tous les maux, un archétype d'une déchéance sociale extrême, qui se voit lui même dans tous les vices des autres. Entre pudeur et explosion macabre, sensibilité et indifférence, ce personnage complexe a réveillé parfois en moi de surprenantes émotions, parfois malsaines. ("prend ta batte et vas-y!")

Un film surprenant, très bien écrit, au dénouement étonnant et au casting 5 étoiles. On en sort assommé.