Fascinant, ahurissant, abrutissant... Bienvenue dans le cinéma littéralement punk du très confidentiel Andrey Iskanov, auteur multi-postes ( réalisateur, producteur, monteur, chef opérateur, etc...) ayant avec seulement trois longs métrages ( Nails, Philosophy of a Knife et donc ici Visions of Suffering ) construit une Oeuvre-monstre à la fois artistiquement très cohérente et foncièrement malsaine, extrême et fièrement amorale.


Impossible - au regard hébété de Visions of Suffering - de narrer ni même de résumer l'expérience proposée par Iskanov : deux heures de pur voyage prenant la forme d'un tourbillon d'images hallucinatoires et de sons turgescents, agressifs et lessivants ; potentielle plongée dans les univers nocturnes et interlopes le trip d'Andrey Iskanov prend pour prétexte un argument pour le moins rudimentaire : le brouillage constant séparant le monde des rêves et la réalité vécue par un individu paranoïaque. En résulte un film de cinéma moins narratif que fortement expérimental, renouvelant en permanence ses audaces formelles et techniques...


Pour les spectateurs avides de visions bizarres, déviantes et dérangeantes, avec un goût prononcé pour la violence, les couleurs acidulées et les pulsions scopiques le film d'Andrey Iskanov est un petit monument de rêve ( ou de cauchemar ) éveillé : floutages accouplés à des sonorités rabattues, triturations cintrées proches du fist-fucking cérébral, stroboscopies violacées et fonds verts phosphorescents... Visions of Suffering ne ressemble qu'à lui-même, gros délire foutraque réfutant les tabous moraux jusqu'à l'exposition - parfois complaisante, certes - d'une inédite pornographie.


Le film, underground et jusqu'au-boutiste, nous plonge sans rémission dans son décorum dévorant et dévoré mêlé de sexualité morbide, de complot cauchemardesque proche de l'espionnage fantasmé, d'horreurs archaïques et d'épouvantes en tous genres. On sort du visionnage le cerveau en compote et le coeur au fond des bottes, proprement exténué par cette brillante et notoire agressivité plastique de premier choix souterrain. A voir pour qui aura les tripes bien accrochées...

stebbins
9
Écrit par

Créée

le 28 juil. 2020

Critique lue 555 fois

2 j'aime

stebbins

Écrit par

Critique lue 555 fois

2

D'autres avis sur Visions of Suffering

Visions of Suffering
MisterLynch
2

La souffrance pour le héros ou pour le spectateur ?

Andrey Iskanov est le gars qui s'est tapé une réputation presque planétaire avec ce qui fut considéré un temps comme le film le plus violent de l'histoire. Pour les hérétiques qui ne le connaissent...

le 1 nov. 2021

1 j'aime

Visions of Suffering
Les-Oublis-du-cinma
4

Si il pleut les démons vous attaqueront

Vision of sufferingUn film tordu pour le comprendre il faut sûrement être philosophe.De par un mélange d'horreur et de sex il est plus indigeste qu'un kouglof.Une qualité d'image étrange pour finir...

le 15 avr. 2024

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

27 j'aime

5