Eh bien, je dois dire que je suis surpris. Surpris déjà parce que Vortex est probablement le film plus à part dans la cinématographie de Gaspard Noé. On est à bien des égards face à son film le plus « soft » : pas de viol simulé, pas d'éjaculation en gros-plan, ni même de femme qui avorte (ou se fait avorter) crument.

Ici, on suit un couple âgé, interprété par Francoise Lebrun et Dario Argento. Ce dernier tenant enfin, à plus de 80 ans, un premier rôle, et en français qui plus est… ce qui n'aide cependant pas forcément à le comprendre par moment. Même s'il reste compréhensible durant la grande partie du long, ça s'entend que le français n'est pas sa langue maternelle.

Le père veut absolument terminer son livre sur le cinéma et n'accepte pas la maladie de sa femme ; cette dernière, forcément très touchante, est quant à elle très souvent perdue, très souvent mutique. Le couple n'est uni que lors de sa scène d'introduction. La mise en scène, le split-screen, les sépare durant tout le reste du long-métrage : même lors des scènes dans lesquelles ils sont côte-à-côte et qu'une seule caméra a été utilisée. Forcément, à aucun moment on a un doute sur le sort réservé à nos deux protagonistes. On est face à un film de Gaspard Noé pour rappel, à aucun moment, il faut s'attendre à ce que le film se termine bien. J'ai par contre été surpris de retrouver Alex Lutz ici. Disons que je ne m'attendais pas à retrouver un membre du duo Catherine et Liliane (quand j'y repense, quelle horreur !) dans un film de Gaspard Noé. À croire que c'est le fait que lui aussi ait réalisé un film tenant sur un scénario de 10 pages, à savoir Guy, qui a motivé Gaspard Noé à l'engager.


Justement, Gaspard Noé oblige, on retrouve une fois de plus un film basé sur un scénario avec un faible nombre de pages, sans aucun story-board, et tourné plutôt rapidement : en 25 jours plus exactement. Plus étonnant par contre, l'utilisation quasi-permanente du split screen s'est faite lors de la deuxième semaine de tournage. C'est surprenant que l'élément le plus significatif du film, ce qui fait qu'il tient du génie, ait été trouvé aussi tard.

En tous cas, on sent que c'est un film très personnel pour Gaspard Noé, il le dit très bien lui-même : « Vortex est vraiment inspiré par des expériences de ma vie récente ». Sa mère, victime de la maladie d'Alzheimer, étant décédé peu de temps après la sortie de Climax et le réalisateur ayant été victime d'une hémorragie cérébrale fin 2019, difficile de croire que cela ne l'a pas influencé pour le tournage de Vortex.

En fait, le long-métrage a beau être « soft », notamment au niveau de l'image, il peut se montrer difficile à regarder par moment. Ça ne m'étonnerait pas qu'une partie du public ait plus de mal face à un Vortex qu'à un Irréversible. Pour le coup, on est face à un film très réaliste, à une situation pour laquelle on pourrait être confronté trop ou tard, que ce soit en étant d'un côté ou de l'autre. Quand on y pense, c'est tout de même assez ironique que le seul film tout public de Gaspard Noé soit l'un des plus durs à regarder.


« À cinquante-sept ans, je rentre peut-être enfin un peu dans l’âge adulte. » Ce sont les mots qui concluent l'interview de Gaspard Noé dans le dossier de presse du film. Je dois dire que j'ai très hâte de voir ce qu'il va nous faire par la suite : si (ce serait surprenant) Vortex se contentera d'être une exception dans sa filmographie, ou s'il va continuer à tourner des films plus « adultes ». Quoi qu'il en soit, je n'attendrais que deux choses : qu'il ne se trahisse pas et que la qualité soit toujours au rendez-vous. Pour le moment, à l'exception de Love, ç'a toujours été le cas. Aucune raison de se montrer craintif donc.

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le 4 janv. 2023

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MacCAM

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