Winter Break
7.3
Winter Break

Film de Alexander Payne (2023)

"Pleurer, Rire, Aimer, Mentir". "Monet, Manet, Picasso, Prout!"

Un film qui me rappelle que je suis plutôt inculte comme certains de ces élèves,

et selon les critères de ce prof,

(et c'est pas parce que je le dis moi-même, que c'est pas vrai),

mais peut-être moins une merde puante que le scénariste copieur (à la copycomic inversé),

car ni le générique de début ou celui de fin, ne mentionnent 'Merlusse' de Pagnol où un prof puant et aussi borgne garde des enfants de riches aussi dans un pensionnat à Noël...,

chacun pensant au début que l'autre est nul et ennuyeux,

mais ce moment et période leur donneront une occasion de faire un beau chemin vers l'autre.

Certes, le film de Pagnol était un quasi huis-clos donc c'est totalement différent...

Quelques autres remarques et digressions::

  • un des livres que le prof est en train de lire est titré: "Fear strikes out"?. (on le voit au début sur le bord de sa fenêtre en quasi gros plan, donc je me suis dit que c'est peut-être pas un hasard). Bien sûr, je ne le connaissais pas mais SC m'apprend qu'il est basé sur une histoire vraie, est devenu un film de Robert Mulligan et que c'est l'histoire d'un fils poussé à la quasi folie par son père trop exigeant et absent à la fois...et avec Anthony Perkins? (poussé aussi à la folie par maman dans Psychose): Prisonnier de la peur; joli indice dés le début du film.
  • 'Prisonnier de la peur' serait aussi un beau titre et peut rappeler quelques adolescences , notamment en pensionnats? Le film d'Alexander Payne commence donc par un indice sur tout ce qu'on va voir par la suite: un film sur l'adolescence, sur la dépression, sur la pression sociale et parentale, sur la maladie mentale, sur le déterminisme, sur le travail, le sens de la vie, la tolérance, le respect de soi, l'exigence, l'abnégation, le stoïcisme...sur le fait que rien n'est jamais joué à l'avance, de ne pas se fier aux apparences etc. etc. Tous ces sujets et pourtant, le film est moins ennuyeux que mon texte.
  • en autre gros indice, la toute première scène est un chef d'orchestre/un chef de chorale, rappelant que les mots "comptent", sont clé, citant même La Bible, "au commencement était le verbe": le chef d'orchestre du film montre un chef rappelant de bien faire attention aux mots, de les écouter;
  • j'ai donc ensuite bien prêté l'oreille et bien entendu par exemple le gros pet sonore avant que le prof ne s'endorme: il dit "Monet Manet Picasso" (chacun ses prières!), puis un "Proutttt" sonore ponctue sa phrase! (non alcoolisé, peut-être le point final à sa prière est d'habitude plutôt "Poussin" ou "Pissarro");
  • en parlant d'un prof pétant en s'endormant: un titre de la BO est d'ailleurs 'Wind' par Cat Stevens (BO est bande originale mais aussi body odor...et on passe donc du Cat Stevens sur un type qui sent le poisson);
  • un chef de film rappelant de faire attention aux mots dés le début, de les écouter: justement sa bande originale me fait découvrir beaucoup de beaux titres et chanteurs aux paroles en effet épatantes et clé;
  • dont le chanteur "Labi Siffre"? ...ignare, son nom m'a d'abord fait penser à Larbi Slimane dans Rabbi Jacob et à Louis Cyphre (prononcé "Lucifeeeuuuur" en anglais dans Angel Heart). Je lis que Labi est un briton en vie qui a selon wiki quasi toujours vécu "en ménage-à-trois" dans un village Gallois ("le pays de Galles", que je connais décidément mal, ne cessera de me surprendre; à part son manque de voyelles dans ses noms de lieux, il est aussi apparemment ouvert sexuellement pour ce Labi de 84? ans en 2024);
  • un mineur dans Pride m'apprenait que la France partage avec les Gallois le même filon sous terrain du meilleur charbon possible (dans le tiramisu des couches terrestres)...je découvre qu'ils connaissent et partagent aussi le mot français "ménage-à-trois";
  • dans la bande originale, je découvre aussi le titre Silver de Damien Jurado aux paroles clé que je dois écouter à nouveau; tout aussi clé que celle de ce Labi Siffre et sa chanson "Pleurer, Rire, Aimer, Mentir": elle résume tellement le film mais aussi nos vies...faites de parenthèses enchantées sans soucis, même si au travail, où on peut aussi rigoler, aimer et mentir... puis des périodes de vie civile où on pleure et ...ment aussi;
  • je dois encore apprendre pas mal sur les références et citations que ce prof et ce film me font découvrir ...surtout par exemple lors de la belle scène de musée à Boston, qui est un hommage épatant aux cours d'histoire et aux professeurs d'histoire...certains faisant mettre le pouce dans la bouche encore à certains nouveaux collégiens tant ils étaient passionnants...le propos du prof est ici du genre: "le passé n'est pas ennuyeux, il nous apprend sur notre présent et futur...tout a déjà été vécu...écoutons les voix et témoins du passé"...ce en quoi ce prof rejoint ses maîtres à penser stoïcien, dont Marc Aurèle; il offre plus tôt un livre de 'Méditations' stoïciennes à l'étudiant et à la cuisinière...on découvre plus tard, à la fin, qu'il en a un carton plein...son livre préféré donc?...c'est aussi le livre préféré et de chevet actuel de Jerry Seinfeld...il vient de le raconter à Bill Maher en mai 2024...ce fût mon livre de chevet en terminal avant que je m'éloigne de cette secte au sang froid...le stoïcisme étant selon moi, un j'm'en foutisme déguisé...les stoïciens m'avaient passionné au lycée au point de me faire offrir leur collections complète en Pléiade, comme je l'ai déjà raconté dans mon texte sur Heat de Michael Mann où Robert de Niro joue un cambrioleur stoïcien...oui oui le borgne puant le poisson, surtout en fin de journée, et ayant des hémorroïdes douloureux (euses?) a donc un point commun avec le grand Mâle cambrioleur séducteur costaud et (trop) sûr de lui dans Heat: le stoïcisme.
  • on sait qu'il a des douleurs à l'anus dés le début dans le plan sur sa salle de bain où un tube de crème est quasi vide à côté de son talc anti transpiration...pendant qu'on découvre qu'il aime et écoute du Ludwig van Beethoven en corrigeant et commentant les copies affligeantes de ses élèves;
  • c'est aussi un film sur l'exigence et la volonté de tirer des élèves vers le haut au lieu de les complaire dans la médiocrité en les brossant dans le sens du poil pour se faire aimer d'eux et devenir leur côôôpain (il apprendra quand même à mettre de l'eau dans son vin et être plus habile et pédagogue; SANS compromission pour autant en qualité!)
  • cette belle scène de visite au musée de Boston pendant leur journée off m'a rappelé avec plaisir la scène de musée dans le chef d'oeuvre de John Hughes La folle journée de Ferris Bueller.
  • j'ai moins été fan de la scène de fête avant Noël chez sa collègue de travail: celle où un hippie demande à ce qu'on change de disque...sans savoir que la maman en deuil écoute de la musique de son fils; scène mini ventre mou mais scène clé qui tue dans l'oeuf l'histoire de romance possible; cette collègue était juste polie mais sincère dans sa gentillesse dés-intéressée envers le prof puant le poisson;
  • pire est la scène dans la rue juste après la scène de bar: c'est un détail du film qui me revient des jours après...une mini erreur et micro contradiction selon moi, après la scène du bar où le jeune intello riche est confronté à deux pseudo "racailles" locales qui ne le laissent pas jouer à son tour au flipper...il s'avère que l'une d'elle revient du Vietnam...le jeune homme, son double, a perdu sa main comme Luke Skywalker...ce ne sont pas des racailles mais des pauvres etc. Le prof demandera après dans la rue, combien d'élèves au pensionnat avaient perdu une main à la guerre..."aucun"...sauf le fils de la cuisinière noir qui a perdu la vie dit l'élève et le prof ponctue par un "exactement"... OR LE FILM MONTRE BIEN AU DEBUT DES PLAQUES D'ELEVES RICHES ET BLANCS MORTS aussi, aux guerres précédentes! (même au Vietnam, de riches blancs sont morts...par exemple, dans le quasi chef d'oeuvre, Pentagon Papers, on entend bien qu'un des raisons pour lesquelles le personnage de Meryl Streep est en colère contre les mensonges d'état sur le Vietnam ayant envoyé des jeunes à la mort en vain...est que son propre fils y est allé: elle est riche et blanche)
  • mini mini mini spoil pas grave: le lieux de visite tenu secret par l'étudiant lors de leur escapade à Boston m'a rappelé une des belles scènes d'un film autobiographique de Christophe Donner et Jean-Michel Barjol, Le petit joseph, où la famille en vacances et aussi road trip rend visite à un fils en asile psychiatrique (comme c'est arrivé à Christophe Donner, SI j'ai bien compris): 25% de la population souffre de troubles mentaux; 1 à 2 % de la population souffre de schizophrénie; Valérie Lermercier a enfin raconté avoir été internée. Isabelle Carré l'a partagé aussi. Mon lieu de travail offrait enfin les premiers gestes de secouriste amateur mais spécial maladie mentale. C'est beau et bien qu'un film parle de ce sujet pendant que ces lieux de secours (c'est à dire 'asile') ferment des lits sans cesse, remplacés par des mini centres/bureaux (CMP) locaux, ersatz d'imitation de copie de cautère sur jambe de bois...
  • le directeur de l'école a dû se faire avoir et/ou son cadeau se faire acheter en Chine...car sa bouteille "Louis XIII" soi-disant siiii Française et siiii chère a une faute d'orthographe: "GRANDE CHAMPAGNE Louis XIII TRES VIELLE" ... la sienne manque un 'I' à 'vieille', comme si une copie ^^ hi hi...
  • "la triméthylamine"...les films m'auront appris beaucoup de mots au cours des années: "Mon corps ne métabolise pas la triméthylamine". "D'où l'odeur" (de poisson). "C'est pire en fin de journée". La moralité de cette belle scène dans la voiture où l'élève vient de lui dire "qu'il pue"...pensant peut-être l'en avertir et le lui révéler...la moralité est qu'avant de juger trop vite les gens, faut se garder en option qu'ils sont peut-être malades?

Créée

le 9 mai 2024

Modifiée

le 12 mai 2024

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PierreAmo

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