C’est mieux en thread

@Zola est un film dont le postulat de base est plutôt original. Celui-ci s’inspire voire retranscrit un fait divers publié sur Twitter sous forme de thread. Racontant comment @zolarmoon s’est embourbée dans une sale histoire de Mac après avoir fait une mauvaise rencontre. Partant de ça, il y avait moyen de proposer quelque chose d’intéressant sur la forme. Et c’est ce qui charme dans un premier temps. Le réalisateur essaye d’imprégner et d’incorporer le langage du réseau social dans le long métrage comme le son des notifs revenant souvent ou des cœurs symbolisant les likes qui viennent s’incruster en plein milieu de l’écran. Là dedans, le film arrive à avoir des idées visuelles réussies d’autant plus qu’il est techniquement impeccable avec ses surimpressions, ses fondus enchaînés, ses arrêts sur image, sa photo et ses cadres somptueux. Non c’est vrai, derrière la caméra ça en a sous le coude et c’est vraiment d’un ludisme presque insolent. Pareillement il y a cette merveilleuse idée des profils qui se swipent les uns après les autres de haut en bas pour créer une jolie éllipse, un mashup inventif séduisant. Aussi, on a ce travail très stimulant sur la profondeur de champ avec ces plans où un personnage en arrière plan sur qui est fixé le point est dans une position d’infériorité face à un insert flou au premier plan. On a enfin un ultime atout dans la manche du film, la réponse de @stefani publiée sur reddit qui démontre rapidement de quel camp se trouve le réalisateur. Bien que j’ai aimé cette séquence, je ne peux pas m’empêcher de trouver que cette séquence est un bien pauvre gaminerie qui même si elle se moque ouvertement n’arrive toujours pas à nous faire esquisser un sourire. Et c’est triste tant le bête et méchant nous fait souvent au moins pouffer.
Donc ouais les idées c’est clairement pas ça qui manque. Là où j’ai beaucoup plus de réserves, c’est sur le fond. C’est simple, le côté histoire racontée du thread se retrouve intelligemment dans le long-métrage, racontée par @Zola en voix-off, la narratrice omnisciente nous conte son histoire. Pour le coup j’ai rien a redire là dessus. Cependant le film s’essaye à être une comédie noire et échoue royalement. C’est pas drôle, ça l’est jamais, a aucun moment et les dialogues et interprétations ne sont pas convaincants. Entre notre héroïne qui passe son temps avec sa « petasse blanche » à se surnommer « bitch » et les grossièretés qui sortent à tous bouts de champs de leur bouche, bah c’est compliqué de créer un véritable tempo comique quand t’arrives déjà pas à rendre appréciable tes personnages. Qui plus est le film démarre passé 28 minutes de vide intersidéral et la suite n’est finalement jamais très intéressant à suivre. Après tout comme un thread, c’est une histoire qui sort un peu de l’ordinaire mais qui n’est pas marquante, le film a en plus peu de chose à proposer, l’histoire est simple, c’est un parcours surprenant mais c’est tout. C’est pas très grand au contraire, c’est une petite histoire mais le thread aurait suffit. Ça peine à convaincre sur 1h30. Aussi je m’attendais très naturellement à ce que certains running gag soient tirés du thread. En fait non, là où j’aurais trouvé que c’était une idée charmante de reprendre des points d’excentricité du thread, ils auront finalement tenté d’insuffler artificiellement un gag en l’incorporant à cette mise en scène renvoyant au thread. Je veux bien que ce soit inspiré de faits réels mais bon là on pouvait s’en passer, qui plus est, ça n’est pas drôle. Donc ouais un film qui ne raconte rien de divertissant, à l’intérêt limité, qui plus est ne profite jamais été sa protagoniste pour affirmer quelconque discours féministe qui se serait excellemment incorporé à l’ensemble. En fait l’œuvre est tellement plate que je peux pas m’empêcher de penser qu’on est passé à côté de quelque chose qui aurait vraiment eu un truc à dire. Là c’est juste un thread Twitter illustré. J’ai pas l’impression que le propos brille ou prenne beaucoup de place. Donc finalement, on en vient à contempler du vide, et ça ne m’intéresse pas. Après certes, il prend le parti de @Zola, quand bien même, je trouve ça faible comme démarche et quelqu’un qui me partage son point de vue sur une histoire qui ne m’atteint pas, bah je m’en fous aussi quoi. Le cinéma est politique mais bon là c’est une affaire trop petite et ridicule pour en faire un film.
Il a été évoqué que ce film ressemblait à l’assemblage du style de Sean Baker et d’Harmony Korine. C’est vraiment pas bête, voire vrai. Pour autant, on s’en passera.