Zootopie
7.3
Zootopie

Long-métrage d'animation de Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush (2016)

Un film d'animation utopique ? (critique sans spoil)

Quel bonheur de débuter 2016 avec un film Disney très attendu.
L'utopie des animaux, ou la ville de Zootopie, nous garantissait un long-métrage plein d'humour avec sa bande-annonce hilarante présentant les paresseux.
Mais ce trailer nous décrivait-il tout le film, à savoir un film d'animation sympathique et drôle ?


Que nenni, derrière le nom " Zootopie " se cache un film d'une grande qualité, et c'est ce que nous allons prouver.


Le film commence en nous présentant Judy, lapine habitante de Bunnyburrow.
Déjà, on nous propose un petit patelin bien sympathique dans lequel se trouve une école, des marchands et toutes les choses que l'on peut trouver dans un village de campagne Française.
Porté par le scénario, Judy devra quitter son village natal afin d'atteindre Zootopie, l'incarnation du rêve Américain pour les animaux, lieu où chaque espèce vie en harmonie dans le bonheur le plus total.
Notre héroïne part donc en train vers sa destination sur la jolie chanson " Try Everything " de la sublime Shakira, où nous découvrons la capitale en même temps qu'elle, et là ...


... c'est une violente claque visuelle que l'on se prend dans la figure, on en tendrait même l'autre joue avec plaisir.


Zootopie n'est pas qu'une ville. C'est un univers extrêmement riche et varié, proposant divers lieux de vie de chaque animaux de la planète ; ainsi nous avons par exemple Sahara Square, petit quartier aux airs de Monte Carlo, Toundratown, inspiré de la ville de Moscou, ou encore Little Rodentia, habitat des rongeurs, inspiré du Greenwitch Village, un quartier populaire de New-York.
Au niveau de l'univers, on est servi ! La beauté et la richesse des lieux vous en mettra plein les yeux, mais il manque évidemment le cœur de ce petit paradis, la capitale !


Là aussi, c'est un grand bonheur pour les yeux tellement la direction artistique est d'une qualité impressionnante.
On retrouve par exemple des tubes à hamsters comme moyen de locomotion, des trains avec des portes de différentes tailles pour chaque espèce, et son design global typiquement New-Yorkai explose de modernité, à tel point qu'on aurait envie de visiter cette ville !


Ok, une direction artistique à nous faire briller les yeux, un personnage sympathique pour qui on a de l'empathie, mais la suite ?


Zootopie ne se contente pas d'amuser la galerie et de nous faire rêver.
Le thème principal abordé par le film est profond, chose plutôt rare chez Disney. Le studio est connu pour faire passer des morales basées sur les "normes" sociales, voire utopistes justement, Américaines, mais Zootopie pousse la réflexion un peu plus loin en nous parlant d'humanisme, et plus précisément sur les ravages du racisme et des stéréotypes.
Les animaux représentent l'Homme, cependant divisé en deux catégories : les prédateurs et les proies. Inutile de vous préciser ici ce que cela représente dans notre monde d'humains, le film nous le faisant parfaitement comprendre et ce dès le début.
Afin d'éviter tout spoil sur le scénario, je vais essayer de faire court en donnant le moins d'exemple possible qui pourrait vous gâcher quelques surprises scénaristiques.


Nicholas Wilde, le second personnage principal du film, est un renard. En tant que prédateur, il subit des discriminations systématiquement à chaque endroit où il se rend. Chez un glacier, il se voit refuser d'être servit car c'est un renard. Il est impossible de ne pas immédiatement penser à une période sombre des Etats-Unis il y a quelques décennies.
Et le film continuera dans cette lancée, montrant le racisme des proies et des prédateurs les uns envers les autres et dénonçant toujours ce que nous sommes devenus, nous les Hommes, dans notre monde multiculturel.
Un peu après le milieu du film, un évènement important plongera Zootopie dans un désordre total, à la limite d'une politique de la peur qui consiste à diviser pour mieux régner. Là encore, comment ne pas penser aux différents partis politiques qui insistent sur ce point pour gagner des voies, voire des élections ? ( on taira les principaux intéressés ).
Mais nous ne parlerons pas plus de politique dans cet écrit, le film étant déjà bien assez clair et critique sur ces points.
Je pourrais donner beaucoup d'exemples pour illustrer mes propos, mais comme dit plus haut, cela vous spoilerait trop et au moment de l'écriture de ces lignes, le film n'est pas encore sorti.
Pour finir, j'utiliserais une phrase de Judy : " La vraie vie est plus compliquée qu'un slogan sur une étiquette. ", décrivant à merveille la critique du film sur le rêve Américain et ce qu'il représente.
On s'arrêtera là pour ce sujet assez difficile à décrire sans spoil, mais vous êtes prévenus, Disney à des choses à dire !


On rebondit immédiatement sur un autre thème, en lien direct avec le précédent : l'humour !
Nous sommes habitués à avoir des moments de franche rigolade devant un film Disney, mais Zootopie, traitant d'un sujet sensible et important, parvient tout de même à devenir une œuvre devant laquelle on rit beaucoup.


Là où tout devient très intéressant, c'est que l'humour est souvent basé sur les stéréotypes des personnages, et en particulier sur leurs espèces. Ainsi, on apprendra que Judy possède 275 frères et soeurs ( Bunnyburrow possède même un compteur d'habitant qui ne cesse de grandir chaque seconde ! ), notre héroïne qui en rajoutera plus tard sur les lapins en disant " on est doué en multiplication ", tous les policiers sont des prédateurs ( l'agent à l'accueil est d'ailleurs lui-même un stéréotype du métier, à savoir un gardien obèse qui mange des donuts ), Nick est un renard comme on l'imagine, escroc et malin, les paresseux sont lents dans leurs mouvements et en parlant ( " Parce que c'est un paresseux il ne peut pas être rapide ? ", par Nick ), et il y en a encore plein d'autre ! C'est un genre d'humour basé sur les caractéristiques des animaux, et ça fonctionne ! Le message étant évidemment que l'on peut rire de nos différences.
Et encore, ce n'est pas le seul genre comique du film, on notera quelques références subtiles et drôles, à savoir l'apparition furtive de Rémy de Ratatouille ( à vous de le trouver ! ), une référence à la Reine des Neiges que je ne citerais pas pour ne pas vous gâcher la surprise, ou encore une belette dealeuse de films piratés, dont les jaquettes sont les affiches des précédentes œuvres Disney ! D'ailleurs il est intéressant de noter qu'on peut y voir " Meowana ", soit Moana, le prochain long-métrage d'animation du papa de Mickey Mouse qui sortira à la fin de l'année, un clin d'œil bien sympathique !


Pour en terminer avec cette longue critique, je ne peux que vous conseillez de foncer voir ce nouveau chef d'œuvre d'animation.
Frais, moderne, à la fois engagé et drôle mais avec un scénario à ne pas négliger basé sur une enquête policière, Zootopie touche la perfection du bout des doigts.
Retenez bien son nom, car Zootopie est en passe de devenir l'un des meilleurs Disney jamais réalisés.

Zderth
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le 14 févr. 2016

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