Assassin's Creed Origins
7.3
Assassin's Creed Origins

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2017PlayStation 4)

"Medjaÿ, les bandits nous ont enlevé le scénario !" - "Un scénario ? Bayek, frère !"

J'ai fini ce jeu le 13 novembre 2017, une date parfaite car il s'agissait du dixième anniversaire de la licence Assassin's Creed. Bien des chemins ont été parcourus par cette franchise qui oscille sans cesse entre le sympathique et le médiocre.
Autant commencer par dire que je n'ai jamais été un très grand fan. Comme beaucoup, mon épisode préféré est le 2, et je n'ai jamais eu l'impression que la licence a pu faire mieux depuis. Chaque opus traînait derrière lui les mêmes défauts et n'osait jamais innover son principal gameplay, échangeant juste le contexte historique comme on changerait le wallpaper de notre ordinateur.


Et c'est justement pour cela qu'Origins est un épisode rafraîchissant. Avec un an de développement supplémentaire, l'équipe d'Ubisoft Montréal a pu revoir en profondeur les codes de la licence, en s'inspirant également de la concurrence notamment The Witcher 3. Sans forcément atteindre le niveau d'un véritable reboot, Origins renouvelle la formule bien établie depuis 10 ans pour se défaire des habitudes poussiéreuses.
Dites-vous quand même qu'Origins, c'est quand même un Assassin's Creed...



  • Sans collectibles de remplissage à foison partout sur la map.

  • Sans les ennemis qui attendent gentiment chacun leur tour pour attaquer le joueur.

  • Sans combat qui se résume à du button-mashing.

  • Sans les missions insupportables de filature.

  • Sans les interminables séquences en dehors de l'Animus (ou presque...).

  • Sans les tours à grimper obligatoires qui nous font afficher 50000 points d'intérêt sur la carte.


Black Flag était également un épisode plus novateur que le reste grâce à son contexte de piraterie et l'utilisation du bateau, mais tous les défauts que j'ai cité ci-dessus sont présents, ce qui fait pour moi un épisode particulièrement surestimé. Mais je détaille ça plus dans la critique qui lui est dédiée.




Dans Origins, l'open-world est incontestablement l'aspect le plus réussi. Malgré sa taille conséquente, chaque zone regorge de détails et de vies. J'avais peur de me retrouver dans des décors répétitifs avec tout le temps du désert, mais l'époque choisie (-49 av. JC) permet au jeu de proposer une véritable mixité culturelle et géographique. La magnifique ville de Memphis, les zones agricoles du Fayoum, la splendeur des pyramides de Gizeh... sans oublier les régions occupées par les Grecs et les Romains telles que la ville d'Alexandrie et de Cyrène. A chaque fois qu'on pense avoir fait le tour, on découvre une nouvelle région qui semble bien différente de la précédente.
Cette diversité impacte directement le gameplay. Une ville dense comme Alexandrie rappelle davantage le feeling d'un AC traditionnel avec le parkour de toit en toit, tandis que les canyons mettent en avant l'escalade de falaises. Les zones au bord du Nil exploitent les bateaux, et les déserts nous menacent avec ses tempêtes de sable et même des mirages.


La richesse de la faune dans le jeu est étonnamment riche. Éléphants, lions, hippopotames, crocodiles, ânes, chats, chiens, souris, poissons... On trouve vraiment de tout, et il semble presque y avoir un vrai écosystème, avec des animaux qui s’entre-tuent pour la survie. Le joueur parcourt la map à dos de cheval ou de dromadaire particulièrement maniables, et peut même utiliser un aigle en guise de drone pour observer une zone et préparer la mission en avance.
De nombreux éléments de Far Cry ont été ici recyclés, tels que la chasse qui permet d'améliorer nos outils, les cages avec des animaux pour faire diversion, ou encore le domptage des prédateurs. Recyclage peut-être, mais ça se marie parfaitement avec la philosophie de l'open-world d'Origins.
Les animaux sont d'ailleurs qu'une partie des éléments avec lesquels on peut jouer afin d'accomplir une mission. Le gameplay a une certaine dimension émergente qui laisse place à l'imagination du joueur, notamment avec l'utilisation du feu ou des pièges.


Le système de combat a été totalement revu pour devenir plus dynamique et intéressant. Désormais, le joueur doit varier entre les coups rapides, coups forts, contres, parades, esquives et même une jauge de berserk afin de vaincre les ennemis les plus coriaces. Ça ressemble un peu à du Dark Souls calibré pour enfants de 5 ans. Il existe un bon équilibre entre diverses armes de corps à corps avec plusieurs styles de combat et quatre types d'arcs, sans oublier les différents gadgets qu'on débloque au fur et à mesure.
Le meilleur combat du jeu reste pour moi celui contre Anubis, qui est malheureusement juste un challenge temporaire sans lien avec le scénario. Je crois que c'est la première fois que je fais face à un vrai boss dans un jeu d'Ubisoft Montréal, avec des patterns à apprendre, des zones d'effet à éviter, des adds à éliminer etc... On est quand même très, très loin du boss final d'AC2 que j'ai dû finir en martelant une touche ! J'espère qu'ils vont rajouter d'autres combats de ce genre à terme.


En infiltration, on constate encore des soucis avec l'IA. Cela arrive encore trop souvent que les ennemis réagissent comme des idiots et/ou des aveugles. Cependant, certains facteurs ont été ajoutés pour rendre leur comportement plus cohérent. Par exemple, les ennemis partent dormir la nuit ce qui rend l'infiltration plus facile. Et enfin les ennemis réagissent en trouvant le corps d'un camarade ! Et ils pensent même à les transporter dans un endroit précis de la base plutôt que de les laisser pourrir sous le soleil.


Enfin, il existe un feature pouvant paraître anecdotique mais qui est un véritable plus : le mode photo particulièrement intuitif. J'ai passé un temps fou dans ce mode, et nos photos sont visibles sur la carte à l'endroit où elles ont été prises, un peu comme dans un carnet de voyage. Une vraie bonne idée qui permet de mettre en valeur le travail accompli par les artistes.
Voici un lien au cas où vous voulez parcourir un peu mes photos (garanti sans spoiler) : https://imgur.com/a/KeFZJ




Ça fait donc beaucoup de choses positives tout ça, hélas je vais devoir aussi parler du négatif car Assassin's Creed: Origins comporte un gros point noir qui vient souvent gâcher le reste : l'écriture. Ça n'a jamais été le point fort de la licence - et disons-le franchement, de la quasi-totalité des jeux récents d'Ubisoft - et ce n'est pas le cas d'Origins qui va arranger quoi que ce soit.


L'histoire principale en elle-même se laisse suivre. Comme son nom le suggère, le jeu réussit plutôt bien à établir l'origine des assassins, tout en mettant en parallèle la quête de vengeance de Bayek. Malheureusement l'écriture est très fade, les personnages sont tous oubliables et les dialogues font vraiment de la peine.


Bayek n'est pas un personnage détestable, mais il manque sacrément de charisme. Sa relation amoureuse avec Aya sonne à la fois fausse et niaise. Les quelques passages avec son fils Khemou sont les rares moments où j'éprouvais un peu plus d'empathie envers lui, en particulier car la relation père/fils n'est pas souvent traitée dans cette franchise.
Les personnages secondaires n'ont vraiment aucune consistance, et n'ont aucun impact émotionnel pour le joueur, et ça y compris durant les scènes avec la mort de quelqu'un. Franchement, une fois le jeu terminé, est-ce que vous vous rappelez encore des personnages comme Apollodorus ? Hepzefa ? Hotephres ? Kensa ? Rabiah ? Je parie que vous ne pouvez même pas associer un visage avec ces noms. Les deux seuls personnages mémorables sont César et Cléopâtre, et ce n'est pas grâce à l'écriture du jeu mais juste parce que ce sont des figures historiques célèbres.


La mise en scène comporte également son lot de gros problèmes. On sent clairement que des passages entiers du scénario ont été coupés, donnant un aspect très patchwork à l'enchaînement de certains séquences. C'est scolaire et surtout très bancale.
En particulier, le prologue est complètement raté. Les 15 premières minutes du jeu sont atroces, enchaînant cutscenes, combats et dialogues sans la moindre explication. On ne comprend strictement rien. Ça sent vraiment la partie du jeu qui a été torchée en 2 semaines de développement. Vous allez me dire que c'est juste l'intro du jeu, hélas ce n'est pas le seul passage du jeu comme ça... Je vais détailler plus ça en spoiler :


Le summum de la mise en scène bancale s'enchaîne vers la fin avec l'arrivée de César. C'est le festival de passages linéaires et sans saveur. On nous annonce que la cible principale à tuer est Flavius qui n'a jamais été mentionné pendant tout le jeu, alors que Bayek est bouleversé par la mort de Hepzefa, personnage qu'on a croisé seulement pendant 5 minutes au début.


Le pire de l'écriture se trouve en particulier dans les quêtes secondaires. Vous aurez un rapide échange avec un NPC qui vous explique que son mari/ami/fils/poisson rouge a été capturé par des bandits, le tout avec 2 ou 3 mots égyptiens glissés ici et là histoire que ça fasse authentique. Ensuite, vous allez devoir aller dans un campement d'ennemis plus ou moins grand et faire du nettoyage : 1 commandant à tuer, 2 coffres à ouvrir etc...
Dans Witcher 3 aussi, les quêtes secondaires étaient un peu répétitives, mais au moins l'écriture était là pour réhausser l'intérêt. Ici, il est très difficile d'avoir de l'implication tellement les dialogues sonnent creux, comme écouter 2 robots parler, résultat les quêtes donnent plus l'impression de remplissage. Les rares que j'ai appréciées sont celles mettant en avant un aspect particulier de la culture égyptienne. Par exemple, une des quêtes concerne la momification. L'écriture n'est toujours pas top, mais au moins il y a une certaine dimension éducative.


Enfin, les passages se déroulant dans le présent sont toujours autant sans intérêt. Ils sont suffisamment peu nombreux et courts pour qu'on ne s'y prête pas trop attention, mais clairement ça ne rajoute rien au jeu à part inutilement couper le rythme. Je préfère quand même ça comparé aux passages tout pourraves dans Black Flag dans lesquels on incarne un employé d'Abstergo.




Bref, difficile de donner un verdict à cet Assassin's Creed: Origins. Malgré ses énormes défauts, il s'agit d'un retour de la licence agréable. J'ai quand même passé un bon moment grâce à son gameplay revu et son open-world vaste et riche, et pour moi il s'agit facilement du meilleur épisode depuis le 2.
Il est juste dommage de constater que l'écriture n'est toujours pas dans la priorité chez Ubisoft Montréal, surtout lorsque le jeu est plus orienté A-RPG comme Origins avec de nombreuses quêtes et dialogues.
Si l'écriture fade, une mise en scène bancale et des personnages oubliables ne vous dérangent pas, et si vous avez juste envie de relancer un Assassin's Creed à la quête d'action et d'exploration, ne cherchez pas plus loin et prenez Origins.




PS : J'ai également lu quelques personnes râler sur le net par rapport aux micro-transactions, un sujet particulièrement à la mode ces temps-ci. Personnellement, je suis tombé une fois dans le menu de la boutique par erreur, mais sinon j'ai complètement oublié son existence pendant tout le jeu tellement elle est discrète. A aucun moment j'ai eu l'impression de faire face à un paywall me poussant à dépenser des euros supplémentaires. C'est incomparable à côté des jeux comme Star Wars Battlefront II ou Shadow of War tellement c'est anecdotique.

ThoRCX
7
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le 19 nov. 2017

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