Avant de se lancer dans un tourbillon d'éloges, car c'est bien ce qui va se passer, faisons un dernier point sur cette fâcheuse histoire du pass online débloquant les séquences avec Catwoman. Au nombre de quatre, ces phases mises bout à bout ne représentent guerre plus qu'une petite heure de jeu. Du fait de leur statut optionnel, elle se révèlent très mal intégrées (cela va même jusqu'à gâcher la fin), coupent le plus souvent le très bon rythme du titre et n'offrent au final que peu d'intérêt. Un constat navrant qui n'est dû qu'au souhait de proposer ce contenu par un pass online. Car si Catwoman avait été pensé pour faire parti intégrante de l'aventure, les écueils sus-cités ne seraient pas et le bilan aurait été bien différent.

Mais oublions cette vilaine féline toute de cuir vêtu et intéressons-nous enfin au cœur du jeu. Comme titré plus haut, Arkham City est un titre au contenu vertigineux. A l'instar d'un Fallout 3, où les rayons de lumière vous ont brûlé la rétine avant de vous dévoiler difficilement, fébrilement et fiévreusement les larges plaines qui vous ont servi de terrain de jeu, ce Batman va de là même manière intimider et faire tressaillir nombre d'entre vous. Se plonger dans Batman Arkham City se révèle aussi grisant que de se jeter dans l'océan. Magnifique et illimitée, l'étendue qui nous fait face à l'amorce du jeu nous excite autant qu'elle nous intimide. Car Arkham City est une sorte de prison à ciel ouvert. L'asile d'Arkham étant fermé, une partie de Gotham City est ainsi condamnée et laissée aux mains des pires rebuts de la société. Autant vous dire que le Chevalier Noir de va pas chaumer. En parallèle de la trame principale, qui fera s'ériger devant Batman des vilains comme le Joker, Hugo Strange, Mr. Freeze, Double Face, le Pingouin et bien d'autres, plusieurs niveaux de sous-quêtes viendront agrémenter le planning déjà débordant de Bruce Wayne. De la simple récolte d'items, aux énigmes de l'Homme Mystère, en passant par des interventions d'urgences et de vrais quêtes annexes, longues et et scénarisées, Arkham City se présente comme une poupée gigogne infinie.

Ici, le jeu d'action prend une nouvelle dimension. Batman AC conjugue l'intensité d'une grande aventure et la profondeur d'un RPG. Encore une fois, et excusez-moi pour cette répétition, mais le titre est vertigineux. Quand par curiosité on fouille dans les menus, qu'on distingue le nombre de capacités à venir, l'avalanche de sous-quêtes et d'énigmes à résoudre, on reste simplement pantois. D'autant plus que le mode solo ne représente que 25% de l'ensemble du jeu... avouez quand même que ça a de quoi donner le vertige. En effet, une fois la quête principale terminée, une myriade de choses à faire s'ouvrira à vous, avec en tête le mode défi. Addictif et extrêmement bien pensé, c'est dans ce mode de jeu qu'on prend la pleine mesure du système de combat, qu'on comprend sa fausse simplicité et qu'on distingue sa profondeur. Le plaisir ressenti, autant dans les phases d'infiltration que dans les parties plus musclées, n'a pas d'égal. C'est presque jouissif ! Le personnage de Batman, qui est posé, réfléchi et totalement dans le contrôle, véhicule un sentiment de puissance inouïe. Se pencher sur ce mode défi est vraiment important pour toucher du doigt un sentiment seulement effleuré pendant l'aventure principale (j'exagère un poil). Il n'empêche, le studio Rocksteady s'est, comme pour le premier épisode, échiné à valoriser ce mode. C'est dans ce dernier que d'autres personnages seront jouables, mais surtout, c'est en se frottant à ces challenges, que vous pourrez prétendre maitriser le Batman (à prononcer avec une grosse voix rugueuse). Le système de jeu est si riche, le nombre de gadgets si important, qu'après avoir terminé le mode solo, on ne sait se servir que de quelques items. Autant dire qu'à ce stade, on est encore un Footix. Pour les autres, le vrai combat comment ici, dans le mode défi.

J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce mode défi, néanmoins, l'aventure principale n'est pas en reste et hormis une petite insuffisance scénaristique, ce Batman AC est tout simplement fabuleux. Rocksteady nous propose un jeu fouillé, léché et intelligent. Comme le récent Deus Ex : Human Revolution ou même le premier volet Arkham Asylum, le titre cache plusieurs niveaux de lecture pour autant de profils de joueurs. On peut être fougueux ou prudent, téméraire ou couard, à vous de voir. Il est amusant de noter que le genre « infiltration » est le tremplin parfait pour expérimenter cette sorte de jeu « total », ces jeux qui vont piocher un peu dans chaque genre pour se l'approprier, le revisiter (comme Pierre-Sang) pour ainsi composer une nouvelle donne. La volonté du joueur sera la seule limite dans la méthode d'approche des ennemis. Le level design s'avère assez malin pour bâtir sa propre expérience de jeu. Le studio Rocksteady commence à nous ouvrir son champ des possible, mais à l'image de leur héros masqué, tout est sous contrôle. Arkham Asylum puis Arkhman City constituent une démarche évolutive très habile. Le joueur est ainsi entrainé dans un entonnoir, mais il faut entrer par la petite ouverture. Nous avons débuté avec un lieu clos : l'asile. Nous avons fait connaissance avec ce Batman, ses capacités et ses limites. Aujourd'hui, le terrain de jeu s'est élargi, mais pas trop. Arkham City nous éduque à incarner notre héros dans un espace ouvert, mais toujours limité. De façon maitrisé, les développeurs jonglent dans cet épisode entre séquences en extérieur et niveaux linéaires plus classiques, toujours dans cette logique de nous initier. On imagine aisément la suite prenant enfin pour théâtre la ville de Gotham City. Les perspectives sont encore énormes, car il manque évidemment à l'expérience actuelle les véhicules comme la Batmobile, le Batwing ou le Batpod. Des engins matérialisant un pan fondamental du folklore du personnage et de son univers. Dans cette projection, nous joueurs, seront donc prêts aux yeux des développeurs à assumer la lourde responsabilité du Chevalier Noir.

Avant 2009, Rocksteady était pour les joueurs les plus renseignés le studio à l'origine de Urban Chaos (un FPS méconnu) ou pour le plus mélomanes, un genre musical dérivé du reggae. Qui aurait pu croire que leur second jeu serait d'emblée le titre de l'année 2009 et que deux ans plus tard, ils réitèreraient l'exploit en signant un nouveau chef d'oeuvre ? Alors oui, je m'avance un peu pour cette année, car d'autres grosses pointures vont joliment clôturer 2011, mais force est de constater que cet Arkham City est tout simplement magistral. Traduire parfaitement l'univers d'un comics, convaincre les puristes et les novices, produire un jeu à la plastique sublime, le tout articulé autour d'un gameplay très solide et extrêmement fouillé est un tour de maitre qu'il est rare de voir jouer.
Med
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le 7 nov. 2011

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Mehdi El Kanafi

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