Il était temps que j'affronte mes peurs.


Fan émerveillé par les deux premiers jeux Arkham, j'ai laissé de côté cet ultime opus pendant 7 longues années. De peur d'être déçu par l'omniprésence de la batmobile ou de subir une indigestion de mondes ouverts qui se multipliaient alors comme des petits pains.

Les années sont passées et j'ai pu me faire mon propre avis sur cet épisode partiellement décrié.


Ca a failli se transformer en une expérience éphémère. La séquence d'introduction est une réussite mais toute la première partie du jeu fut une expérience assez désagréable. Rocksteady avait mis l'accent sur cette fameuse batmobile avant la sortie, on comprend vite pourquoi. Elle est au coeur du gameplay de l'histoire principale, au point que ça en devienne un peu ridicule. On nous apprend vite à la manier, que ça soit son mode course ou son mode tank, jusqu'à la transformer en véhicule d'infiltration et de résolution d'énigmes. Les séquences au volant s'enchaînent et le joueur n'a pas trop l'occasion de virevolter ailleurs avant un certain temps.

Le passage à l'usine d'Ace Chemicals aurait pu être mon dernier sur le jeu tant son gameplay est lourd et inadapté. Au lieu de profiter de la majestuosité des déplacements de Batman pour infiltrer ce bâtiment et secourir les pompiers, il faut naviguer péniblement avec ce satané véhicule et résoudre des énigmes qui sont davantage laborieuses que difficiles.


A ce moment là, mes craintes semblaient fondées et je perdais patience.


Cerise sur le gâteau : je me suis précipité vers les quêtes annexes dès qu'elles furent disponibles. Envie de voir autre chose, de découvrir d'autres idées de gameplay. Le mauvais choix fut de débuter par l'homme mystère qui propose ... des énigmes en batmobile. Sacrée douche froide quand on apprécie le personnage et une déception qui ne faiblit pas.


C'est d'autant plus regrettable car le jeu regorge de qualités fortes.


Visuellement, c'est superbe. Même 7 ans après la sortie du jeu, difficile de rester de marbre face à l'ambiance de ce Gotham rongé par la noirceur de ses vilains. Un terrain de jeu vaste mais qui se parcourt rapidement grâce à la vitesse des déplacements aériens (ou sa batmobile mais j'ai étrangement préféré l'éviter pour parcourir la ville) toujours aussi plaisants.

En terme de combats, Rocksteady s'appuie sur les solides bases des opus précédents et rajoute quelques détails pas inintéressants. Les soldats médicaux qui tentent de réanimer leurs partenaires nécessitent qu'on se préoccupe davantage d'eux. Certains ennemis peuvent brouiller notre vision thermique ce qui nous force soit à les neutraliser rapidement soit à naviguer sans cet outil indispensable. Combattre n'a jamais été aussi agréable que dans Arkham Knight, la fluidité est admirable et les nombreuses interactions possibles transforment chaque séquence en élégante danse de violence.


Les quêtes annexes sont quant à elles de qualité variable. Certaines proposent un travail intéressant de mise en scène et se résolvent en un nombre limité de séquences de jeu. D'autres font davantage office de remplissage et d'occasions rapides de gagner des points de compétence. Cependant, ces séquences permettent de profiter du système de combat et d'infiltration ce qui est un avantage certain pour contrebalancer l'importance excessive de la voiture blindée au coeur de l'histoire principale.

J'ai pris plaisir à finir quasiment toutes ces quêtes, à l'exception des 243 trophées de l'homme mystère qui ne m'intéressent tout simplement pas. Devoir fouiller tous les recoins d'une carte aussi grande ne fait pas partie de mes désirs et il est particulièrement frustrant de ne pas pouvoir accéder à l'ultime fin du jeu sans accomplir ce laborieux 100%. Je termine l'aventure à 92% de complétion et doit me contenter d'une fin peu convaincante.


L'écriture dans son ensemble souffle le chaud et le froid. Les retournements de situation ne sont pas surprenants et certains ennemis se contentent d'être une version quasi parodique d'eux-mêmes. Double Face n'a même pas le droit à un véritable combat final et se fait sécher comme un vulgaire soldat, tandis que le Pinguoin se répète constamment et n'est qu'un prétexte pour castagner ses sbires.

Cependant, la présence régulière du Joker est un ajout que j'ai trouvé particulièrement intéressant. Sa façon de commenter nos actions et les évènements nous ramène régulièrement à la folie de ce monde, folie qui s'empare progressivement de Batman au fil de l'aventure. La fin du jeu se concentrera avec succès sur cette jokerisation de Bruce Wayne, nous laissant profiter du talent de mise en scène des équipes de Rocksteady.


Avant de conclure cette critique, je l'ai relue.


A travers mes mots, on dirait que j'ai passé un moment exécrable sur un jeu que je ne recommande guère. Pourtant, j'en garde un bon souvenir et je me suis surpris à vouloir viser le 100% de complétion pendant un temps (avant de réaliser que 243 trophées, ce n'est vraiment pas pour moi).

Ce ressenti mitigé est probablement lié à la déception de voir d'aussi fortes qualités cotoyer des errements aussi laborieux. Comme la sensation que Rocksteady n'est pas passé loin de conclure cette formidable trilogie avec un chef d'oeuvre, mais qu'on devra se contenter d'un très bon jeu aux lourdeurs dommageables. Ce qu'Arkham Knight fait de bien, il le fait très bien. Mais le tout manque d'équilibre et se repose grandement sur la force indéniable de la formule depuis Arkham Asylum.


En espérant un jour voir cette formule reprise et ajustée, pour de nouveau s'envoler dans cet univers qui me plaît tant.

zoruninho
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le 25 sept. 2022

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