C'est pas l'joueur qui prend Levine,
C'est Levine qui prend l'joueur, parderrière !
Moi Levine il m'a prit
J'me souviens un mercredi

J'ai attendu cette extension comme le putain de messie, comme le DLC qui établirait un nouveau standard de qualité pour les DLCs, le DLC qui allait prouver que ce format pouvait être productif pour l'industrie.

Bon déjà à la base je voulais des DLCs centrés sur Fink, Fitzroy, bref tous ces personnages complètement sous-exploités dans Bioshock Infinite. Je voulais plus de Columbia, voir d'autres facettes de la ville et en découvrir plus sur son background. Irrational Games m'a fait un premier fuck : eh bah non, ce sera un DLC à Rapture ! Et Rapture avant sa chute, s'il vous plaît. Donc j'avoue que j'ai quand même sacrément bandé sur le trailer, ça pouvait être énorme ! Visiter Rapture du temps de sa toute puissance, rencontrer les habitants et les personnalisés en temps de prospérité. Et puis après tout j'avais une confiance infinie en la team Levine...

J'ai troqué mon honneur
Et ma paye d'aujourd'hui
Contre une paire de DLCs
Et un vieux mode défi
J'ai déserté les gars
Qui m'disaient « Sois prudent »
L'industrie c'est dégueulasse
Les actionnaires baisent dedans

On se retrouve donc avec un nouveau Booker (si vous n'avez pas fait Infinite, prière de sortir de cette critique...) et une nouvelle Elizabeth, âgée d'une trentaine d'années cette fois, en mode femme fatale. Celle-ci engage Booker pour aller retrouver une petite fille dont il avait la garde mais qu'il a perdu et qu'il croit morte, Sally. Pourquoi ? Qui est Sally, et quel lien l'unit aux deux protagonistes ? On ne sait pas, mais on a envie de le savoir !

Dès que le DLC s'terminera
Je repartira,
Dès que les twists apparaitront
Nous coulerons tout au fond

Ainsi l'aventure commence dans un Rapture mondain magnifique, vivant et huppé. J'ai vraiment surkiffé ce début, et j'ai passé plus d'une heure à me balader, à écouter les conversations entre les passants qui, loin d'être inutiles, permettent de développer le background de cette Rapture parallèle, où Fontaine est mort et où ses partisans ont été scellés dans un bâtiment isolé sous l'eau, un ancien centre commercial. On y reverra certains personnages connus assez géniaux, ce qui au niveau du fan service est plutôt grisant il faut l'avouer.

C'est pas l'joueur qui prend Levine
C'est Levine qui prend l'joueur
Moi Levine il m'a prit
A l'envers dans son lit
Tant pis

Mais cette balade est bien courte, et après cette heure à rêver on passera à du Rapture bien plus classique (car oui, évidemment c'est dans ce centre commercial isolé qu'on se rendra ensuite). Classique et sans génie, sans grand intérêt en fait.
L'ambiance est à mi-chemin entre la lisse Columbia d'Infinite et la poisseuse Rapture de Bioshock 1. En résulte un Rapture délabré... mais lisse ! Incroyablement lisse. On peut donc dire adieu aux effets de lumière terrifiants, ombres contre-natures et eaux troubles de l'ancienne dystopsie perdue.

J'ai eu si mal au cul
Sous la mer en furie
J'ai vomi mon quatre heure
Et mon minuit aussi
J'me suis cogné partout
J'ai dormi dans des draps souillés
Ca m'a coûté des sous
Et toute la nuit j'en ai pleuré

La dernière partie du DLC tentera néanmoins de renouer avec cette ambiance si particulière, via quelques artifices, mais il est trop tard. De même, le gameplay de Infinite n'est clairement pas adapté à Rapture, et pour cause : il a été conçu pour Columbia ! Ainsi on retrouve les tourelles, mais on ne peut pas les pirater, on est constamment sous pression, en danger, mais on ne peut pas vraiment poser de pièges, on a les armes et les plasmides (= les toniques) nerveux de Infinite, non adaptés au gameplay plus stratégique et calme inhérent à Rapture.

La suite attend au port
Au bout de la jetée
L'horizon est bien mort
Dans ses yeux délavés
Assise sur une foreuse
Elle pleure
Son scénariste qui la quitte
L'industrie c'est son malheur

La première partie n'est pas non plus exempt de défauts : même si c'est un kiffe constant, on voit aussi les limites de ce genre de phase, à l'image de ce moment où Elizabeth distrait un commerçant pour qu'on puisse le voler : une fois la conversation entre les deux personnes terminée, et alors que Elizabeth lui dit "à demain", ils ne bougent plus, et on peut toujours se balader dans l'arrière boutique de manière totalement illégale sans qu'on ne nous remarque. A un autre moment, un commerçant a carrément buggué, et restait de profil sans bouger ; je pouvais donc faire ce que je voulais autour. En parlant de bugs, j'ai d'ailleurs eu un loading infini et pas mal de chargements abusés qui font tâches dans une si petite extension.


C'est pas l'joueur qui prend Levine
C'est Levine qui prend l'joueur
Moi Levine il m'a prit
Et j'en suis abasourdi

Mais malgré tout ça, on parcourt le DLC sans déplaisir. Et puis tous les sites spécialisés disent que la fin tue et que le scénar est top, comme tout Bioshock qui se respecte quoi, mais du coup ça laisse pas mal d'espoirs, surtout que la relation entre Booker et Elizabeth, ainsi que leurs objectifs, évoluent assez peu, juste le temps de quelques dialogues. On s'attend donc à quelque chose d'assez lourd pour conclure cette première partie.

Je f'rais le tour du jeu
Pour voir chaque pièce
Si tous les gars du monde
Veulent bien m'lâcher la grappe
J'y resterai bien cinq heures
Explorer le tout sans peur
Jamais les océans
N'oublieront mon prénom

Et là, suite à un Boss final sympathique mais très loin d'être impressionnant, la fin. LA FIN. D'un coup, boum, on nous en met plein la gueule en dix secondes chrono. Là où dans Infinite, tout était parfaitement dosé, les révélations allant croissantes dans la dernière ligne droite, avant de se terminer sur 20 minutes de révélations savamment distillées, on nous balance ici plein d'infos indigestes en espérant qu'on y comprendra rien et que ça fera de l'effet.
Sauf qu'en fait y'a rien de compliqué, qu'il ne faut pas longtemps pour comprendre et surtout que... c'est de la merde. Mais vraiment. C'est d'une nullité effarante, digne de la pire série B imaginable. Repompant un bout de l'intro de Bioshock 1, un bout de la fin de Infinite, et oubliant complètement Sally qui ne sert au final absolument à rien, ce finish m'a laissé perplexe : comment peut-on vraiment oser publier ça après Infinite ? Comment la presse peut-elle encenser quelque chose d'aussi naze ? Comment vont-ils faire pour recoller les morceaux dans la seconde partie, qui s'annonce un presque aussi gros lol scénaristique que Dead Space 4 ? Comment peuvent-ils justifier les 15€ demandés devant une telle fumisterie ?

C'est pas l'joueur qui prend Levine
C'est Levine qui prend l'joueur
Moi Levine il m'a prit
Et ma confiance aussi.

Je viens de détruire Burial at Sea, mais j'ai quand même envie de citer quelques bons points : déjà le jeu est plus hard que jamais, en difficile on meurt vraiment ultra-rapidement, et on a quasiment aucune munition : il faut souvent s'infiltrer, accroupi au milieu des débris, pour aller assassiner discrètement les chrosômes. Le level design est d'ailleurs bien plus proche de Rapture que de Columbia, ce qui est logique vous me direz mais qui n'était pas gagné pour autant : en gros, plein de salles annexes, un level design un peu plus tortueux et plus travaillé. On déplore d'autant plus qu'il manque toujours la carte. On récupère également la roue des armes, c'est toujours ça de pris.

Il est fier mon studio
Il est beau mon contenu,
C'est un fameux trois poings
A se mettre dans le cul
Tabarli, Pageot,
Kersoson et Riguidel
Ont trouvé le scénario
Au fond des poubelles.

Enfin, beaucoup critiquent la durée de vie, mais personnellement en explorant bien tout, en m'infiltrant silencieusement, en écoutant les conversations et en m'immergeant dans l'univers, il m'a fallu 5 heures pour en voir le bout... Ce qui est loin d'être génial pour 15€, mais ce qui est aussi infiniment loin des 1h30 atteints par mal de gens. Les seuls trucs cohérents et intéressants au niveau de la narration se situant dans les voxophones et les conversations des habitants / chrosômes, ces gens-là ont donc probablement pour la plupart raté le plus intéressant, un peu triste quand même...

Ne pleure plus mon frère
Ton fist est tellement beau
Ne pleure plus mon père
J'arnaque au fil de l'eau
Regardez votre enfant
Il est parti escroc
Je sais c'est pas marrant
Mais c'était son destin

Au final, Tombeau sous-marin est non seulement une immense déception, mais également un jeu au potentiel terriblement gâché. Sorte d'hybride entre deux Bioshock, deux époques, coincé entre deux univers parallèles, inversant les constantes et les variables logiques, cette première extension n'est ni la complétion ultime attendue, ni l'œuvre fan-service indispensable, mais simplement un DLC de plus, rongé par des ambitions dont on ne sait pas si elles sont trop importantes ou trop faibles.
Je n'ai plus hâte du second épisode, j'en ai simplement peur.

Créée

le 14 nov. 2013

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Leon9000
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