Diablo III
7.1
Diablo III

Jeu de Blizzard Entertainment (2012Mac)

Bon allez, faut bien que j'écrive une critique moi aussi.
En guise d'entrée, je vous propose une métaphore qui, à mon sens, va tout de suite bien faire comprendre mon ressenti sur Diablo III.
Prenons l'ascension d'une montagne élevée. Le commun des mortels n'y arrivera pas, mais il s'est avéré qu'un gusse a réussi une fois à le faire. Puis un deuxième, avec un temps ultra pourri, mais qui le fait tout de même plus rapidement que le premier. Arrive un troisième clampin qui aimerait bien battre son lot de records, mais faut dire que le deuxième alpiniste avait quand même explosé le Guinness. Alors comment faire? Avec une main dans le dos? A cloche-pied? Sans nourriture (Better drink his pee?)?
Disons que ce troisième alpiniste commence très, très fort, il est à bloc, il court comme un malade pendant un bon moment, grimpe à une vitesse fulgurante sans corde et puis, on ne sait pas ce qu'il lui passe par la tête à un moment : visiblement, tout ce foin, ça l'emmerde, après tout il y a aussi des télésièges pour aller là-haut, autant en prendre un, on sera au sommet quand même et tant pis pour le record.
Voilà Diablo III à mon sens. Un jeu absolument gigantesque dans son démarrage (ce que ratait totalement ses prédécesseurs à mon avis) : on sent tout de suite qu'on n'incarne pas le paysan du coin. Quelle que soit la classe choisie, on dépote tout de suite. Le tour est habilement joué grâce à une interface simplissime, le clic gauche permet de faire une attaque qui fait déjà assez mal sans consommer trop de ressources (celle-ci se régénère très rapidement) et au fur et à mesure de la progression, la barre d'action se remplit pour accueillir 6 capacités (deux pour les clics, quatre pour 1, 2, 3, 4). Simple et bigrement efficace, on sent l'expérience World of Warcraft avec ses barres d'action à n'en plus finir.
Le premier acte reste un classique de la série (et, autant être honnête, c'est pile ce qu'on veut), en nous plongeant une nouvelle fois dans la région qui entoure Tristram. En ce qui me concerne, c'est la meilleure partie de l'histoire, la plus travaillée, la plus riche, celle qui dit "Diablo is back, bitches, and he's not happy.", celle qui fait comprendre que tous les hack'n'slash qui ont séparé Lord of Destruction de Diablo III n'étaient que des hochets pour nouveaux-nés.
D'entrée de jeu, comme à l'accoutumée, on voit la maîtrise Blizzard qui propose un jeu abordable pour les machines les plus pourries tout en restant quand même sacrément beau dans ses détails. Bon point.
Après, le jeu est ultra-scénarisé, plus que les précédents, ce qui donne un handicap bête : on ne peut pas revenir en arrière autant qu'on voudrait, le jeu est découpé en un certain nombre de quêtes rejouables là où Diablo II permettait de revenir dans les actes précédents via des caravanes sans avoir à se taper de reprendre une quête et de perdre tous les portails acquis jusqu'alors (naturellement, il suffira de revenir à la dernière quête en date pour tout récupérer, mais quand même !). Dommage.
Ceci nous amène finalement à la composition des autres actes qui n'ont clairement pas bénéficié du même soin que le premier. Le deuxième est une redite du même acte dans Diablo II. A savoir des déserts chiants, avec des ennemis chiants pour des quêtes chiantes et un résultat chiant (et prévisible), reste le boss final de cet acte qui est plutôt une bonne surprise, mais je reviendrai sur ce point plus tard.
Le troisième acte apporte un souffle épique plus qu'appréciable, on sent à nouveau la patte WoW, comme lorsqu'on arrivait en Northrend, mais il me semble assez peu développé finalement, voire un peu sommaire avec son boss qui vient nous dire à chaque quête « Haha, tu as tué mes démons, mais ce n'est pas grave, j'ai encore une longueur d'avance sur toi, ton monde va périr dans les flammes, les papillons ne voleront plus et les oiseaux ne feront plus cui-cui. »
Sauf qu'on finit évidemment par le défoncer. Les clichés ont la vie dure.
Et c'est également le même souci dans le dernier acte, qui, non content d'être le plus court, propose le même type de quête et de cheminement que le troisième acte. Juste dans des décors différents, quoi. Diablo II était quand même largement plus inspiré.
Ceci dit, là où Diablo III explose littéralement son prédécesseur, c'est dans ses combats de boss. Les combats en questions sont relativement longs, nerveux et, surtout, stratégiques ! Là où Diablo II ne proposait que du martelage de souris avec un bruit de potions bues en continu, Diablo III joue la carte de la prudence : les boss (et bon nombre d'ennemis dès l'acte 2, d'ailleurs) peuvent vous refaire le portrait aisément si vous ne faites pas attention. Le premier gros boss de l'acte 1 a du en surprendre plus d'un à ce titre. La difficulté de ces affrontements tient à quelques modifications cruciales : un cooldown post-buvage-de-potion (merci WoW!) qui rend l'usage de ces élixirs rares car à conserver en cas de coup dur (ce qui arrive assez fréquemment quand on est seul et au corps-à-corps). Fort heureusement cet handicap est compensé par l'apparition de sphères de vie que lâchent certains monstres à leur mort (ou les boss au cours des combats) et qui regonfleront notre précieuse bulle rouge tout en permettant un dynamisme certain lors des affrontements.
Les combats deviennent aussi, pour certains, scénarisés et divisés en plusieurs parties (), voilà qui pourrait partager aussi les foules, puisque d'une certaine façon, ce ne sont que des cinématiques où les boss s'écoutent parler (« Je serai le meilleur dresseur, je me battrai sans répit, je ferai tout pour être vainqueur et gagner des défis », etc.), ce qui ralentit considérablement l'action. Enfin, ça, c'est si vous êtes seul, vos alliés joueurs auront plutôt tendance à faire sauter les cinématiques, preuve que tout ce qu'on veut – au final – dans un hack'n'slash, c'est slasher.
D'ailleurs, ne vous y trompez pas, si vous souhaitez profiter de l'histoire, ne faites surtout pas vos premières parties en coop. Vous allez passer à côté de tout un tas de choses, à commencer par bon nombre de hauts-faits d'explorations et de conversations.
Curieusement, les joueurs, une fois en groupe, se sentent obligés d'aller vite, de massacrer un minimum de monstres et d'aller droit au but sans explorer. Déjà en temps normal, j'éprouve une réticence certaine à suivre ces gens (j'aime avoir ma carte bien remplie), mais alors en plus quand il y a un système de hauts-faits, ça devient carrément insupportable pour moi !
Je comparais d'ailleurs mes hauts-faits à ceux d'un copain de niveau bien plus élevé que moi. S'il a plus de points, c'est uniquement parce qu'il est venu au bout du mode Enfer et a donc engrangé les points liés aux défaites de boss, alors que moi, du haut de mon mode normal, j'ai des HF plus variés, plus basés sur les détails de jeu. Et j'en suis fier ! Ouais.
Tout ça pour dire, si vous êtes un joueur posé, je vous suggère de jouer plutôt seul, ou avec un pote comme vous si vous avez (moi, j'ai pas cette chance, tous mes amis rushent comme des porcs, les salauds), et si vraiment vous galérez, rejoignez une partie publique pour telle quête, mais guère plus. Surtout que l'ensemble des hauts faits d'exploration ne semblent pas intégralement débloquables avec le mode normal, il faudra donc bien arpenter les modes de difficultés supérieures.
Je passerai sur l'Hôtel des Ventes, inutile en ce qui me concerne, le système est assez mal fichu, d'ailleurs. Je vous éviterai aussi le paragraphe sur la capacité de Blizzard à fournir un service stable.
Après, on pourra dire de Diablo III la même chose qu'on pouvait dire de son prédécesseur ou de Torchlight : c'est un jeu très addictif, on aime grimper, on se sent puissant, on adore changer d'équipement tous les quatre mobs et puis, merde, c'est Diablo III, quoi. Maintenant, mon gros souci, c'est que j'ai fini l'histoire et je veux une extension pour avoir la suite. Pitié.
Owl

Écrit par

Critique lue 243 fois

D'autres avis sur Diablo III

Diablo III
Flagadoss
9

Le Diabl-o-Corp

Je ne veux pas faire le mec qui fait un hors sujet, mais j'aimerais en guise d'introduction parler des critique en général, et de ce qui fait selon moi qu'une critique est intéressante ou sans...

le 22 mai 2012

74 j'aime

37

Diablo III
FredIK
7

Y a que les cons qui changent pas d'avis ;) mais ce jeu ne mérite pourtant pas autant d'engouement !

Ahhhh Diablo 3 et moi c'est du je t'aime... je te hais .... Passer la note de 2 à 7 Rhoooo mais c'est du n'importe quoi cette critique. Vous n'aurez pas forcément tord :) Mais comme on dit il n'y a...

le 20 mai 2012

37 j'aime

43

Diablo III
Sandro
3

Lettre ouverte au Diable

Cher Diablo 3, Comme tant d’autres je t’ai attendu sans fin. Loué à la lumière de tes ancêtres. Nous allions danser des années entières sous des lunes infinies. Tu allais me rendre beau, fort et...

le 19 août 2013

29 j'aime

2

Du même critique

Droit dans le soleil
Owl
9

Critique de Droit dans le soleil par Owl

Tiens, personne n'a noté ou critiqué. Allez, j'aime bien les entames dans les gâteaux, je vais me charger de ce gâteau-ci ! Bertrand Cantat nous revient après de longues années d'absence dont je ne...

Par

le 5 oct. 2013

12 j'aime

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
Owl
7

Y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Ok, y'a encore un mois, je regardais cette adaptation en faisant les gros yeux. Ce soir, je sors d'une avant-première où j'ai pu découvrir un film rigolo comme il faut, mais surtout blindé de...

Par

le 19 déc. 2018

10 j'aime

1

Kuzco, l'empereur mégalo
Owl
9

Critique de Kuzco, l'empereur mégalo par Owl

Tu vois, Senscritique, Kuzco, c'est un peu l'anti-Disney... Fait par Disney. Ce qui est donc encore meilleur. Kuzco, c'est un héros égoïste, égocentrique et qui ne pense qu'à lui. Oui, rien que ça...

Par

le 25 août 2011

10 j'aime

3