Digimon Story: Cyber Sleuth
7.2
Digimon Story: Cyber Sleuth

Jeu de Media.Vision et Bandai Namco Games (2015PlayStation 4)

J'emprunte cette expression, en office de titre, à la streameuse Nat'ali car je n'arrive pas à trouver mieux pour décrire ce jeu. Je ne vais pas revenir sur ce qu'est Digimon et sur "oh là là, la licence existe alors que Pokemon blabla et qu'à part au Japon blabla". Digimon a toujours été là et si ça vous étonne, dommage pour vous. En bref, ce jeu Digimon vous propose d'incarner un jeune homme qui se voit avoir un cyber-corps suite à un petit accident dans EDEN, une sorte d'internet où vous incarnez un avatar en VR façon ExistenZ... ou Sword Art Online ou... ou je ne sais pas en fait, vu que je n'ai pas bien compris. Armé de ce cyber-corps et devenu assistant d'une détective, vous enquêtez sur des affaires pas très nettes qui orbitent autour d'EDEN. Dans cet EDEN, les digimons sont des programmes plus ou moins néfastes qui prennent la forme d'avatar... ou pas vraiment. Bref, laissez-moi vous parler de Digimon Story Cyber Sleuth.


Continuons un peu plus sur l'histoire. Sans spoil, je peux vous dire que vos différentes petites enquêtes vont prendre de plus en plus d'ampleur jusqu'à découvrir qu'un truc de louche se trame sur EDEN. Avec spoil cette fois-ci,


l'histoire se conclut entre un conflit de votre groupe d'amis et vous-même, les Digimon du Digimonde et un des concepteurs d'EDEN. Si le conflit avec le Digimonde était plus cool, le truc avec le concepteur d'EDEN était pas très bien foutu mais on va y revenir.


En soit, l'histoire n'est pas foncièrement mauvaise et réserve quelques bonnes surprises voir, j'ose le dire, 2-3 discussions plutôt matures, presque graves. Le développement de l'histoire est grosso-modo correcte, dans le sens où j'ai toujours été plus ou moins tenu en haleine. Mais ici, le jeu pêche déjà ; à plusieurs reprises, l'histoire fait de sacré détours pour nous parler de paranormal ou de la vie sociale du héros (le/la pauvre n'a que 2 qui se tournent autour sans jamais se faire un bisous) sans que cela ne soit pertinent. D'ailleurs, beaucoup d'éléments de l'histoire restent flous une fois l'histoire finie. Je ne sais toujours pas à quoi ressemble réellement cet EDEN de manière concrète ; je me suis sauvé la mise en me disant "c'est comme Sword Art Online" mais ça a ses limites. Là où le niveau baisse gravement, c'est dans l'écriture. Autant le doublage japonais est chouette et la mise en scène sympa (les modèles 3D des personnages parlent sur fond d'un arrêt sur image de la cinématique qui a amené la discussion), mais l'écriture est mauvaise, si mauvaise ! On comprend le sentiment mais c'est du raté sur du raté. Les émotions ne passent pas, les blagues sont lourdes, les "choix" de dialogue sont ridicules et inutiles, etc. Impossible de vous donner des exemples, ce n'est que du feeling. C'est d'autant plus dommage que le design graphique des personnages est plutôt sympathique, Kyoko (la détective qui prend le héros comme assistant) en tête même si un peu trop sexualisée selon moi. Même si sympathique, le tout reste très cliché mais bon, vous savez, y a "cliché" et "CLICHÉ DANS TA GUEULE". L'histoire est cool mais entachée nombreuses maladresses et d'un manque de compétence évident en ce qui concerne l'écriture.


Artistiquement, j'ai un peu plus de mal à me prononcer. La bande-son est chouette. J'ai déjà évoqué les doublages japonais convaincants. Les musiques sont à 80% bonnes mais quand elles étaient mauvaises, elles l'étaient vraiment et me donnaient envie d'arrêter le jeu. De plus, là je suis un peu injuste mais faut quand même le signaler, y a des musiques qui bouclent pendant des longues minutes et forcément, à la longue, ça saoule. Les bruitages sont bons sans plus. Par contre, les bruits de combat sont nettement en-dessous et assurent le minimum syndical. Visuellement, le jeu est beau. La direction artistique marche très bien, et je reste sensible à la patte "Digimon". Techniquement, rien d'exceptionnel et certains environnements sont mêmes plutôt vides tout comme des animations manquent de vivant mais rien de gênant dans l'absolu.


Enfin, je vais traiter du gameplay et expliquer un peu plus ma comparaison avec Persona. Déjà, Persona, si vous ne connaissez pas, c'est un spin-off de la série Shin Megami Tensei, une série de J-RPG de très bonne qualité. Une des bases de Persona c'est de vous faire évoluer de jour dans un environnement social et la nuit, dans un environnement fantastique où vous combattez des monstres. Et bah Digimon Story Cyber Sleuth, c'est pareil : vous avez le monde réel où vous vous déplacez et enquêtez, et EDEN où vous vous déplacez, enquêtez et combattez. Seulement, dans Persona, les phases diurnes où vous gérez votre vie sociale a un intérêt sur vos activités nocturnes. Dans Cyber Sleuth, à part vous déplacer pour faire avancer l'histoire, cela ne sert à rien. Mais cela n'est pas le plus gros problème et cela n'est même pas gênant dans les faits. Bien sûr, comme tout RPG, vous avez lot d'objets utiles, ou pas, à collectionner et des quêtes à faire. Venons-en au fait ; les Digimon et les combats. Bien sûr, ça me fait extrêmement plaisir de retrouver Tantomon, Agumon, Veemon et toute la bande. Mais déjà, je m'interroge sur une décision : pourquoi laisser ouvert la possibilité d'avoir des digimons tertiaires, ceux qui ne reposent que sur un swap couleur d'un digimon principal, surtout quand ils ne s'en cachent pas (BlackAgumon, ToyAgummon, etc.). Une décision qui a été reconduite pour Digimon World Next Order et bien plus dramatique pour ce dernier mais on en reparle quand je l'aurai finis. Tout ça pour augmenter artificiellement le nombre de digimon disponibles ? Navrant. Tout ce qui gravite autour des digimons (évolutions et gestions) est très bon, j'ai bien aimé le système de digivolution. Les fermes, où vous mettez vos digimons en attendant de vous servir, font par contre pâles figures face à ses inspirations (le modèle du tout premier Digimon World ou encore les îles Poké-loisir de Pokémon). Le problème, en réalité, c'est que le jeu vous propose des centaines de digimon, et des moyens pour les gérer mais en réalité, cela ne sert à rien. Pour avoir les meilleurs digimons, il va falloir augmenter l'ABI de ceux-ci à savoir, une stat qui augmente à chaque digivolution et dé-digivolution. Donc, dès le moment où le jeu vous encourage à économiser vos digimons pour augmenter leur ABI, quel est l'intérêt d'en avoir autant que le jeu vous propose d'en avoir grâce à toutes les possibilités ? Aucun. Passé une quinzaine, plus intérêt à amasser les digimons de manière aléatoire ; autant vous concentrez sur ceux que vous avez, rendant inutile d'autres mécaniques du jeu. Cela est le deuxième gros défaut du jeu (le premier est l'écriture). Le troisième, ce sont les combats. C'est du par-tour classique, certes bien foutu dans certaines mécaniques (changement de combattants, combo d'attaques notamment) mais très classique. Le problème vient du fait que le système est justement classique et là où Persona a tout un système d'assist entre personnages et système de coup critique, Cyber Sleuth vous fait enchaîner les attaques sans réelles stratégies autre que "feuille-pierre-ciseaux", certes dédoublée en 2 variantes (virus, anti-virus et donnée combiné aux éléments plus classiques) mais chiante. Non vraiment, les 3/4 des combats, ça a été de bourriner les attaques sans réfléchir. Seul les derniers chapitres m'ont proposé des combats dignes d'intérêt.


En conclusion, je reviens sur l'aspect "Persona du pauvre". Cyber Sleuth a voulu copier cela ; phase diurne et nocturne (ici adaptées en "monde réel" et "monde digital"), personas à collectionner et améliorer (ici ce sont les Digimons) avec des combats au tour par tour. Seulement, Cyber Sleuth n'a pas le talent de l'écriture, ne s'est pas questionné sur l'intérêt du tour par tour et un moyen de se l'approprier et nous sert ses centaines de digimons possibles sans prendre le recul sur un tel choix. Reste pour Cyber Sleuth la sauce Digimon, qui ne pèse pas lourd face au reste. Disons que si vous êtes fan, le jeu vaut quand même le coup si vous n'êtes pas trop exigeant. Autrement, passez votre chemin et lancez plutôt un Persona.

Psycho_Raziel
6
Écrit par

Créée

le 29 mars 2017

Critique lue 565 fois

2 j'aime

Psycho_Raziel

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