Dishonored est développé par Arkane Studios, par des gens responsables de Bioshock 2, System Shock 2, Deus Ex, Dark Messiah of Might and Magic et le résultat est une compilation efficace de tout ces systèmes de gameplay dans un setting steampunk malheureusement pas très affirmé, pas très exploité.
Si l’on passe le fait que l’écriture est absolument plate et que le scénario n’a aucune forme d’intérêt dans la question vidéoludique, Dishonored est un jeu qui m’est bizarrement directement adressé dans le sens où c’est exactement le genre de jeu pour lequel j’aurai une affinité puisque c’est à peu près la structure de Deus Ex. C’est une aventure linéaire avec des choix qui récompense essentiellement l’infiltration.
On incarne Corvo un garde du corps qui deviendra Assassin et chaque mission sera donc un assassinat dans un petit open-world souvent séparé en plusieurs maps à la manière de Thief avec la particularité que les temps de chargements sont cette fois instantanés. Vous remarquerez en même temps que si artistiquement c’est un intéressant il n’y pas vraiment d’effort mis sur la technique, ça peut paraitre original, perso moi je trouve ça plutôt moche ce qui est fort dommage car quand on propose un setting Steampunk j’aimerais ressentir quelque chose et on touche un des plus gros problèmes du jeu, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’ambiance, la faute à une esthétique relativement simple, peu de détails, peu d’éléments permettant de découvrir cette ville décadente si ce n’est la présence de rats et de pestiférés, et l’utilisation de l’huile de baleine pour les machines.
Ensuite vient le problème du scénario qui est tellement prévisible qu’il n’y a même pas besoin de préciser dans quels environnements et dans quelles types de situation on va évoluer : entre le début avec la trahison, la scène de torture, la prison, les égouts, la maison de plaisir, la demeure de luxe avec une réception, jusqu’au moment où tu es capturé et que décidément il faut aller récupérer ses affaires que les méchants ont décidé d’aller entreposer 2 kilomètres plus loin après t’avoir laissé dans un trou car ils avaient décidé qu’un trou allait te retenir malgré la connaissance du fait que t’avais des pouvoirs ! Ajoutez à cela le fait que Corvo ne s’exprime pas, ça fait que le jeu manque cruellement d’une ambiance qui lui est propre.
Ce qui n’empêche pas du tout au jeu d’avoir un excellent level design. Car les niveaux sont tellement ouverts qu’au final on peut réellement voir les opportunités qui s’offrent à nous et le feedback en est d’autant plus impactant.
Le game design fonctionne aussi à merveille en tout cas sur PC avec une jouabilité particulièrement intuitive : nous avons accès à différents objets, des armes : arbalète pistolet, grenade, et des pouvoirs : téléportation, ralentir le temps, vision d'aigle (désolé Assassin's Creed tu es la référence), disparition instantanée des cadavres et plus encore; que l’on débloque avec un mini menu de compétences.
Tout ça est particulièrement jouissif car c’est un jeu relativement nerveux tout en ayant d’assez bonnes mécaniques d’infiltration avec les portails qu’il faudra éviter, reprogrammer ou débrancher, les clés pour ouvrir les portes, les corniches, les tunnels et le fait qu’on ait des objectifs annexes à découvrir au fur et à mesure du niveau qui peuvent nous aider à accomplir la mission ou proposer une variante.
On aura donc la possibilité par exemple de finir le jeu sans tuer personne.
Donc Dishonored est un très bon jeu d’assassinat, sans doutes un des meilleurs avec Hitman mais c’est un petit jeu pas très ambitieux. Je tiens à préciser également, qu’en difficulté normale, j’ai trouvé le jeu excessivement simple : les niveaux sont très larges, les décors nous laissent très libres et il y a au final assez peu d’ennemis.
Ce qui est dommage quand je dis que c’est un petit jeu c’est que les gens attendaient énormément de ce jeu et que la presse a été totalement dithyrambique à son sujet alors qu'avec une équipe, une promo pareil, je pense qu’ils auraient pu développer quelque chose d’un peu plus grand, de plus soigné, une vraie histoire avec de vrais personnages, pas juste refaire un Bioshock avec le personnage principal muet. Et du coup ça fait que le jeu n’est pas prétentieux dans ce qu’il propose, il est simple, et dans sa simplicité il ne prend pas de risque, il ne met l’accent sur rien donc on ne peut dégager aucun défaut majeur. Par exemple les rats qui sont présents parce qu’il y a la peste sont impactant pour le gameplay car ils peuvent vous attaquer ou dévorer les gardes inconscient ce qui vous comptabilisera des morts et ça n’est pas envahissant non plus. Les systèmes de sécurité évoluent au gré des missions mais toujours en petit nombre.
Question sound design c’est franchement pas mal : les musiques sont de Daniel Licht, qui a fait les très bonnes musiques de Dexter ou encore Silent Hill Downpour.
Il n’y avait pas de multilingue mais j’ai décidé pour une fois de laisser le jeu en VF car le doublage est pas dégueu (Guillaume Orsat, Marc Alfos, Damien Boisseau,Jean-François Vlérick, Patrick Messe, Jean-Pierre Moulin, Frédéric Cerdal, Georges Claisse) c’est après coup que j’ai vu qu’il y avait Lena Headey, Carrie Fisher et Chloë Grace Moretz. Comme quoi voyez qu’ils y ont mis les moyens !
Tout ça pour dire que si vous n’avez pas joué à Dishonored allez-y, c’est sans doutes une version inférieure de Bioshock ou Deus Ex (qui ne mérite sans doutes pas toutes ses récompenses) mais c’est bien réalisé, c’est plaisant à jouer et ça contient tout ce que doit contenir un bon jeu d’infiltration dans de faibles mesures.