Fahrenheit
6.6
Fahrenheit

Jeu de Quantic Dream, David Cage et Atari, Inc. (2005PlayStation 2)

"Chaque choix du joueur aura des conséquences", bla-bla-bla... Cette rengaine, les joueurs de tous horizons commencent à la connaître par coeur: c'est le leitmotiv des développeurs qui veulent proposer plus que des jeux où on explose et éviscère à tout va. Cependant, nul plus que le Français David Cage ne le claironne, jour et nuit, comme une espèce de cri de guerre extatique. Liberté et émotion, voilà ce que le sieur vous propose alors que le reste de l'industrie, selon lui, ne produit que des jeux immatures et répétitifs (il n'a qu'à moitié tort, mais je ne me lancerai pas ici dans le débat).

Alors pour la liberté et "les différentes façons" de vivre ce jeu d'aventures, c'est un peu foutu: vos actions n'ont, en vérité, quasiment aucun poids sur le déroulement du jeu. Les 3 fins différentes s'obtiennent, grosso modo, par la façon dont vous vous en tirez face au boss final, pas en tentant de multiples audaces en cours d'aventure ! Une véritable déception de ce côté-là, et une sérieuse envie de foutre des baffes à ce prometteur de bonjour de Cage.

Mais finalement non. Il ne les mérite pas. Parce que son deuxième crédo, l'émotion, est bel et bien là. En nous laissant une certaine marge de manoeuvre pour accomplir des actions sans conséquences (boire, regarder la télé, tenter de renouer ou non avec sa copine), le jeu nous offre paradoxalement une forte identification avec les personnages.

L'enquête se joue des deux côtés: les flics, qui tentent d'arrêter Lucas, et ce dernier, qui tente de comprendre par qui il s'est fait manipuler. Les personnages, l'histoire et l'ambiance sont excellents et la jouabilité propose, à défaut d'une maîtrise sur la destinée des protagonistes, différentes petites touches subtiles, aussi contemplatives que poétiques. Le doublage français est en outre excellent (avec les doubleurs officiels de Brad Pitt/Keanu Reeves, Angelina Jolie, Will Smith ou encore Al Pacino), peut-être le meilleur qu'il m'ait été donné d'entendre, ce qui renforce encore un peu plus notre identification.

Même si la dernière partie du scénar' part en sucette, et que les fins proposées sont parmi les plus minables que j'aie vu, l'expérience est suffisament troublante et originale pour justifier l'achat du jeu, même aujourd'hui.
Amrit
7
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Créée

le 7 janv. 2011

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Amrit

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