Note préalable : cette critique, outre deux balises spoilers très courtes, ne contient pas de révélation concernant l'histoire du jeu, seulement quelques éléments de contexte de l'aventure.


Derrière le titre Heavy Rain se cache le rêve vendu à l'occasion de la sortie de la PlayStation 3 : un jeu vidéo qui a grandi avec son public, maintenant capable d'aborder des thèmes adultes, matures, sombres, et qui se tourne de plus en plus vers son grand frère le cinéma, le tout servi par une technologie enfin capable, par ses graphismes, de donner un caractère réaliste à nos aventures.


Sorti en 2010, Heavy Rain est donc un jeu narratif, un récit interactif, qui vous fera suivre les aventures de 4 personnages principaux dont les vies vont croiser l'émergence d'un tueur en série : le tueur aux origamis.


Vous remarquerez que j'ai joué à ce jeu sur le tard - comme souvent - soit près de 6 ans après sa sortie. J'insiste sur ce point car il n'est pas sans conséquence sur le contenu de ma critique et le ressenti que j'ai pu avoir sur ce jeu.


En tout cas, Heavy Rain n'aura pas été un jeu qui aura laissé la communauté des joueurs indifférente. Véritable porte étendard de la "révolution PS3", il a entraîné aussi bien des louanges sans limites que des critiques acerbes. Vous me connaissez - ou pas - : la vérité est traditionnellement un peu au milieu.


Comme j'ai pu le lire chez certains de mes éclaireurs, j'ai du mal à comprendre ceux qui ont littéralement craché sur ce jeu. Heavy Rain n'est pas un mauvais jeu, ni un titre malhonnête. Comme j'ai pu l'indiquer plus haut, il s'agit bien d'un récit interactif. On dirige donc l'un des quelques personnages au sein de chapitres structurants l'histoire. Ce pilotage, outre la position à l'écran, consistera principalement à effectuer des QTE, à effectuer quelques choix, a passer quelques phases d’exploration, mais également - ce qui est un peu le propre de ce titre - à effectuer des mouvements correspondant aux actions du héros du moment. Ca ! Vous n'allez pas passer à côté des ouvertures de portes de frigo et autre enclenchements de vitesse dans votre voiture.


Comme dans tout jeu narratif, ne vous attendez donc pas à une quelconque liberté de mouvement, et il faut bien admettre que Heavy Rain limite l'interactivité à sa plus simple expression. Mais encore une fois, je ne suis pas plus choqué que ça par une démarche qui me semblait claire depuis le début.


Pour aborder le volet technique, Heavy Rain fait globalement honneur aux possibilités techniques de la PS3, en particulier pour un titre sortie durant les premières années de la console. Le travail sur les visages, en particulier, est assez bluffant pour l'époque. Dommage qu'on s'aperçoive de ce travail surtout durant les écrans de loading qui présentent des gros plans des héros principaux ...


L'OST colle bien à l'ambiance sans jamais tourner au génie, et en restant finalement plutôt discrète, parfois anecdotique. A noter, quelques bizarreries qui se sont imposées à moi dans le registre audio, avec des déséquilibres dans les dialogues (genre que sur le canal de droite ...) mais en cherchant sur Internet, j'ai l'impression que je suis un peu seul à avoir été un peu dérangé par ça.


Mais entrons maintenant dans le coeur du sujet. Car qui dit jeu narratif dit histoire. Et oui, quand on ambitionne d'approcher le jeu vidéo du cinéma, le moins que l'on puisse attendre, c'est une histoire riche servie par des personnages réussis et une mise en scène de qualité. Et finalement, c'est le point qui déçoit un peu dans ce jeu.


En effet, si le scénario de Heavy Rain n'a rien de mauvais, il reste néanmoins assez timide. L'ambiance n'est pas vraiment noire, plutôt grise. Dans les faits, la plus grande faiblesse du titre tient pour moi à sa mise en scène. Sans être ratée, elle souffre de lacunes, en particulier dans les transitions entre scènes au sein d'un même chapitre, voire entre chapitre. C'est dommage, car ces passages un peu forcés viennent briser l'ambiance et la densité que le jeu parvient par moment à construire, un peu comme un château de sable construit trop près de la mer et qui subirait perpétuellement l'attaque des vagues (ambiance estivale oblige).


Au demeurant, les développeurs de ce jeu avaient particulièrement mis en avant, au moment de sa sortie, les choix auxquels le joueurs seraient confrontés, avec une capacité du jeu à s'adapter à ceux-ci et un bon paquet de fins différentes à disposition. Pourtant, Heavy Rain peine un peu, je trouve, à mettre en lumière ces opportunités de choix, à en faire de véritables moments d'interrogation et d'hésitation. Pour être honnête, il n'y a eu qu'un seul moment dans le jeu où je me suis senti "oppressé" par un choix.


Il s'agissait du moment où le tueur nous demande de boire un poison pour sauver notre fils.


Finalement, le grand problème - me concernant - concernant Heavy Rain, c'est que j'y joue en retard, mais surtout après avoir fait les meilleurs titres TellTale, The Walking Dead en tête. En comparaison de ces titres, je trouve qu'Heavy Rain, malgré une tentative de construire plus lentement et progressivement son histoire, ne parvient pas à atteindre la même densité narrative et scénaristique. Et surtout, il ne parvient pas aussi bien à mettre le joueur en situation (et en ressenti) d'influer sur le cours de l'histoire.


Même l'introduction, plutôt intéressante, n'est pas aussi bien servie que celle, par comparaison évidente, de The Last of Us, incroyablement plus efficace.


J'ai néanmoins passé un moment tout à fait sympathique sur ce titre. On se prend quand même au jeu, quelques personnages restent particulièrement bien construits et l'aventure se suit sans se forcer, mais il n'en reste pas moins que, pour moi, Heavy Rain n'est qu'un premier essai d'un genre (le renouveau du genre pour être exact) qui prendra son envol et ses lettres de noblesse avec The Walking Dead.


Il a néanmoins montré avant d'autres que le jeu vidéo avait su grandir avec son public.

Red13

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