Insaisissable, inaltérable, qui s’écoule et nous échappe. Le sable est là, dans notre paume, s’esbigne, s'évade, s’engouffre entre les creux de nos doigts. Et Le voilà inarrêtable, qu’importe cette volonté de vouloir retenir les quelques peu de grains qui se consument… Comme le temps. Ce dernier passe, se lambine parfois, puis file à toute allure. Impossible à appréhender, à conserver, à contrôler. Et son étendu vague et se contemple si l’on y prend le temps de l’admirer dans son infinité. Mais vint le jeu-vidéo, qui dans son illusion, nous donne le pouvoir de le manipuler.


"Les gens pensent que le temps est tel un fleuve, suivant toujours le même cours. Mais moi je l'ai vu face à face, et je vous assure ... Qu'ils se trompent »


Cette petite esbroufe n’est nullement anodine tant la poésie de Sands of time a bercé mon enfance durant de longues années. Ceci n’est pas une critique, mais un éloge. L’éloge d’un jeu ayant amorcé les prémices des piliers de ma culture vidéoludique. Et quoi de mieux qu’un ciment aussi solide pour édifier et bonifier cette culture qui, je l’espère, n’a pas trop divagué vers le mauvais gout.


En clair, tout s’harmonise parfaitement dans Sands of Times. Cet alliage romanesque qui transporte, incite à la progression afin de découvrir les multitudes salles et lieux du palais de Azad. Edifice en ruine et désolé laissant pourtant planer une atmosphère onirique, envoutante, sublimée par une bande-son orientale. L’on avance, escalade, se meut aisément par l’agilité surréaliste du Prince. L’erreur devient anecdotique et le temps notre serviteur.


Comment oublier Farah, princesse du Maharadjah, douce et inébranlable, confrontant le prince à ses vices : l’arrogance, symptôme d’hommes ambitieux, amorçant la genèse de l’histoire, et la misogynie, qui va louvoyer en faveur d’un respect profond envers sa partenaire. Défauts contrebalancés par sa hargne, son courage et ses regrets, caractérisant ce que le prince est avant tout : un humain avant d’être un héros.


Et enfin le temps, fardeau du prince par la représentation de ses erreurs mais surtout un allié fervent dans sa quête de rédemption. Il est son égarement et son salut. Symbolisé par une dague, elle confronte le prince à ses irrégularités pour ensuite les rectifier et triompher enfin des ses tribulations. Le sable s’écoule, le temps recule et le prince contrôle. Mais son destin reste le même.


C’est très certainement ma nostalgie qui vous parle plus que ma raison. Mais pour ce cas précis, je suis bien content qu’elle y est prise le pas. Et aujourd’hui, le temps n’altère en rien ma vision de ce que je considère comme un monument vidéoludique. Et en cela, je l’en remercie

YohannBriand
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le 8 oct. 2020

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Yohann Briand

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