Runestone Keeper
5.4
Runestone Keeper

Jeu de Blackfire Games (2015PC)

Le gardien des pierres runiques : une histoire de tuiles et de morts.

Il y a parfois des titres totalement méconnus qui méritent un peu plus de visibilité dans le monde vidéo-ludique, Runestone Keeper n'a, visiblement, pas eu cette chance. Développé par le studio Blackfire Games, petit studio indé totalement inconnu, Runestone Keeper (que je nommerais RK, car j'ai la flemme de tout écrire à chaque fois) possède cependant quelques atouts qu'il me semble intéressant de développer ici.



Runestone qui (fait) peur.



Mélangeant avec plus ou moins de succès le rogue-like et le donjon crawler, deux genres qui sont à l'origine finalement assez proches, RK parvient à engendrer un gameplay exigeant et stratégique. Le but est simplissime : vous avez un héros et un donjon, votre but étant de gravir non sans peine les 20 étages de celui-ci. Pour ce qui est de réussir le donjon, c'est une autre histoire. En effet, le jeu est d'une difficulté atroce, même pour les fous furieux de rogue-like. Et c'est peut-être ce premier point qui risque de bloquer la grande majorité des joueurs, je ne parle même pas des casu qui pleureront de honte et d'humiliation dès la première salle du donjon.


Parce qu'il faut bien intégrer que, une fois le jeu lancé, celui-ci n'aura qu'une seule obsession en tête : vous tuer, vous anéantir le plus rapidement possible, vous humilier de la manière la plus sale possible. Oui, ce jeu veut votre mort, et s'il avait le pouvoir de traverser l'écran de votre ordinateur, il vous égorgerait avec un couteau rouillé, le sourire aux lèvres.



Run Stone for your life !



Concernant le gameplay, il est à la fois simple et complexe. Vous avez pour chaque étage un damier, et vous devez explorer case après case celui-ci. Le but étant de trouver la porte de sortie et la clé permettant de l'ouvrir. Le jeu étant généré de façon aléatoire, les cases ne révèlent pas forcément la même chose. Une case peut révéler un monstre, un item, un piège, etc. Ce qui offre évidemment une grande rejouabilité au titre. En outre, c'est du tour par tour dans la mesure où une case révélée, ou une action offensive, est égale à un tour. Si vous agressez un monstre, celui-ci répliquera alors violemment à votre coup. De ce côté-là vous serez servi par une pléthore de monstres différents. Il faudra ainsi adapter sa stratégie d'approche selon les monstres en face de vous. Certains posséderont des pouvoirs parfois très embêtants (pour ne pas dire chiants) comme : le monstre qui meurt et qui octroi à tous les autres monstres à l'écran une augmentation de 100% de leur dégâts, les monstres qui peuvent vous attaquer à distance (et à chaque fois que vous vous déplacez d'une case), etc.


Il faudra de plus toujours savoir gérer efficacement prise de risque et fuite. Il est en effet nécessaire d'obtenir le plus d'expérience possible pour être suffisamment puissant pour faire face aux monstres des derniers étages. En revanche, il est parfois plus intéressant de ne pas tuer tous les monstres d'un étage (ceux-ci peuvent se révéler trop puissants, par exemple) et de passer à l'étage suivant. Cela fait évidemment penser à FTL, qui demandait le même genre de dilemme entre exploration et fuite de la flotte rebelle. Il est compliquer de bien jauger ces deux choix et ce n'est qu'à force d'expérience que l'on peut prendre la bonne décision.


De l'expérience, vous allez en avoir parce que le jeu est, pour son prix (10 euros), particulièrement long. Comptez dans les 20-30heures pour en venir à bout.



Rolling (Rune) Stone.



Concernant la partie rogue-like, c'est évidemment de la mort permanente, c'est à dire que, si vous mourez, vous devez tout recommencer. Cependant, comme dans rogue legacy vous ramassez de l'argent au cours du donjon, argent qui vous permettra d'acquérir de (maigres) améliorations persistantes. Maigres améliorations en effet, qui ne vous donne que des bonus mineurs. Il faudra ainsi compter d'abord sur votre talent pour venir à bout du donjon. Le jeu propose aussi plusieurs personnages, qui ne se joueront pas de la même manière. Le mage par exemple, compte logiquement plus sur ses sorts et demande ainsi de bien gérer son mana.


Pour ce qui est des graphismes, ils ne sont pas franchement magnifiques mais ils ont le mérite d'être lisibles et de permettre de reconnaître en un coup d’œil les différents ennemis pour savoir quelles sont leurs compétences. Pour la musique, celle-ci est loin d'être exceptionnelle, c'est sympathique sans plus. On a vite fait de la couper pour mettre sa propre playlist, du son bien dépressif à la Joy Division pour se mettre dans l'ambiance sinistre de RK.


Par contre, le jeu possède un scénario assez intéressant, qu'il est difficile de ne pas spoiler.


Pour résumer succinctement, vous prenez conscience petit à petit, au fur et à mesure de vos choix, que tout ce donjon n'est qu'une farce, qu'à chaque fois que le héros meurt, celui-ci est ressuscité pour recommencer éternellement le donjon. La question est de savoir : peut-on briser cette malédiction, peut-on réellement vaincre le maître du donjon ?



Runestone qui pleure.



Je ne peux cependant pas passer à côté du gros défaut de RK, à savoir son goût trop prononcé pour les situations aléatoires. Alors évidemment, je ne vais pas dire le contraire, tout le charme d'un rogue-like c'est sa partie aléatoire. Mais l'aléatoire doit être au service du gameplay. J'entends par là que, toute la force d'un bon rogue-like est de coller au joueur des situations non prévisibles, soudaines et brutales qui le force à sans cesse adapter sa stratégie voire à changer totalement son style de jeu. Ça, c'est je pense le plus grand atout de la rejouabilité de ce genre de titre. Cependant, ce côté aléatoire ne doit pas donner lieu à des situations aberrantes digne d'un casino de Las Vegas. Elles doivent toujours être mesurées, dans le sens où même si elles peuvent augmenter drastiquement la difficulté, le joueur aura toujours la possibilité, s'il est suffisamment bon, de surpasser ce nouvel obstacle qui se dresse devant lui.
Malheureusement, ce n'est pas le cas dans RK. D'abord, l'équipement que l'on ramasse au cours de l'aventure est distribué de manière totalement aléatoire et joue un rôle trop important dans la réussite du donjon. Avec un bon stuff épique, il est en effet assez facile (c'est relatif) d'arriver vers les derniers étages. Sans stuff, c'est impossible. En outre, le jeu contient de nombreux événements aléatoires, que je trouve extrêmement frustrants. On retrouve évidemment cette idée dans FTL, mais contrairement à RK, dans FTL la réussite des différents choix dépendaient surtout des compétences de l'équipage et du vaisseau. Dans RK, les différentes conséquences des choix proposés au joueur sont purement aléatoires. Et c'est bien là tout le gros problème qui peut ruiner un try : un mauvais choix peut parfois vous conduire à la mort. La roulette russe n'est pas acceptable dans un jeu vidéo, je trouve cela complètement stupide et frustrant et c'est bien dommage puisque le jeu propose d'un autre côté une expérience stratégique intéressante et rafraîchissante.


En bref, Il n y a plus qu'à savoir si vous serez capables d'accepter le gros défaut du jeu, à savoir sa part trop importante du hasard, pour profiter pleinement du jeu, mais il est clair que les moins patients d'entre vous ne le ferons pas. Cela dit, ça reste un bon jeu possédant une durée de vie importante et qui demande à la fois une planification et une stratégie minutieuse, où chaque erreur est punie très sévèrement.


PS : pour en savoir plus, je vous invite à regarder ma vidéo de présentation du jeu : https://www.youtube.com/watch?v=Y90bitet9p8
Ainsi que mes vidéos de Let's Play, toujours concernant RK :
https://www.youtube.com/channel/UC5cCx9RneNCQRncf5wRB3uA/videos

Malakian
7
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le 6 avr. 2015

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