Série animée apparue à la télévision française en 1988, Saint Seiya (plus connue dans nos vertes contrées sous le nom de Chevaliers du Zodiaque) est l’une de ces petites merveilles japonaises importées en France grâce à l’influence de Dorothée, que des générations entières ne remercieront jamais assez pour ses bonnes œuvres. Comme tout manga célèbre qui se respecte, Saint Seiya a connu quelques adaptations vidéoludiques au fil des âges, lesquelles ne se sont pas toujours avérées de franches réussites. Si la plupart de ces productions étaient, en toute logique, des jeux de combat à un contre un, l’éditeur Namco Bandai opte aujourd’hui pour une nouvelle formule, à savoir un titre de type musou (ou beat’em all de masse). Ce changement permettra-t-il enfin, après tant d’années, aux inconditionnels de Saint Seiya de bénéficier d’une adaptation efficace pour leur série phare ? Découvrons-le sans plus attendre…


Adulée encore aujourd’hui par des hordes d’admirateurs, cette série est une réminiscence d’un passé glorieux (et malheureusement révolu), où la télévision avait le souci de proposer à son jeune public des dessins animés aux graphismes travaillés, au scénario profond et culturellement gratifiant épaulé par des musiques symphoniques merveilleuses, où se mêlaient scènes d’action et émotion, et qui prônaient des valeurs telles que l’esprit d’équipe, le sacrifice de soi et le dépassement de ses limites. Saint Seiya met en scène un petit groupe de jeunes chevaliers contemporains, dédiés à la protection de Saori, réincarnation de la déesse Athéna. Tous bénéficient d’une armure de bronze susceptible de les aider à venir à bout de multiples adversaires dans des affrontements dantesques. Chaque armure, alliée ou ennemie, représente un signe particulier provenant de mythologies diverses (grecque, latine, scandinave…) conférant à son porteur protection et pouvoirs uniques. La série est divisée en plusieurs chapitres, et c’est au premier (et au plus populaire) d’entre eux que se consacre le jeu qui nous intéresse aujourd’hui : la bataille contre les chevaliers d’or du Sanctuaire.

Paradoxalement, la narration du jeu se montre plutôt fidèle à la série, mais présente également des éléments anachroniques qui feront de dresser les cheveux des fans sur leur tête. Concrètement, cela signifie que l’histoire est impeccablement racontée au travers de cinématiques qui suivent le manga à la lettre dans son déroulement global, ce qui rend le jeu parfaitement accessible à un joueur ne connaissant pas l’univers de Saint Seiyaet souhaitant se plonger dans ce magnifique récit. Mais à côté de cela, beat’em all oblige, il a bien fallu étoffer les transitions entre les différentes Maisons du Sanctuaire, ceci en confrontant les chevaliers à toute une tripotée de gardes divers et de mini-boss qui, certes, apparaissent dans le dessin animé, mais absolument pas à ce moment-là du scénar. Ce qui n’a, au final, pas vraiment une grande importance, même si, plutôt qu’affronter les chevaliers noirs ou certains chevaliers d’argent entre deux Maisons, on aurait préféré les découvrir dans leur contexte réel, c'est-à-dire au tout début de l’histoire (avec le tournoi galactique et le vol de l’armure du Sagittaire), qui est hélas absent du jeu. Mais bon, ne pinaillons pas, la présence de ces différents protagonistes sur votre trajet constituera un divertissement bienvenu après avoir éclaté par dizaines des gardes stupides.


Car, comme tout bon jeu de type musou (dont la série Dynasty Warriors reste le représentant le plus parlant), Saint Seiya est un beat’em all de masse, qui vous amène donc à pourfendre des centaines d’adversaires tout au long du stage avant d’affronter le gros méchant du coin. Ainsi, la progression du mode Histoire se fait ici en deux phases distinctes. Au cours de la première, vous devrez vous débrouiller pour poursuivre votre ascension vers chaque Maison d’or en vous débarrassant des hordes de gardes du Sanctuaire décidés à vous barrer la route. Pour ce faire, vos chevaliers disposent d’une série de combos alternant coups normaux et puissants, ainsi que de deux ou trois attaques spéciales chacun (accessibles en remplissant la jauge de cosmos). Cela peut sembler assez chiche niveau nombre d’attaques disponibles, mais le jeu suit, de fait, le scénario de la série, où les héros ne possèdent que quelques attaques, du moins lors de ce chapitre du Sanctuaire. Précisons également que, même si la différence entre chaque chevalier de bronze n’est pas énorme, ils possèdent chacun leur propre éventail d’attaques qui diffèrent les unes des autres, et ont tous leur petit avantage propre (portée, étendue, puissance, etc). A ce sujet, mention spéciale pour le chevalier Andromède, dont l’utilisation de la fameuse Chaîne Nébulaire, rapide et jouissive, est un véritable bonheur.

Au terme de ces combats contre le menu fretin, vous serez mis en présence d’un adversaire plus puissant, faisant office de mini-boss. Ce n’est qu’après avoir vaincu tout ce petit monde que vous pourrez enfin passer à la seconde phase de jeu, autrement plus ardue : l’affrontement en tête à tête avec le chevalier d’or occupant la Maison. Au nombre de douze et représentant chacun un signe zodiacal (Lion, Vierge, Cancer…), les chevaliers d’or vous entraîneront dans des combats épiques, au cours desquels vous devrez observer les techniques de votre adversaire afin de trouver sa faille, tout en utilisant toutes les ressources disponibles pour encaisser ses terribles assauts. Vous apprendrez notamment à maîtriser l’usage de votre septième sens, qui ralentit momentanément l’action, ainsi que du contre qui vous permet, s’il est réussi, de placer deux ou trois attaques sans craindre les douloureuses représailles. Longs et épuisants, ces duels intenses n’en demeurent pas moins le point le plus passionnant du jeu, et il s’agira de se préparer à l’avance afin de ne pas se trouver démuni devant les chevaliers d’or, et de ne pas subir une cruelle humiliation.


En effet, il est possible dans Saint Seiya de faire évoluer son personnage. Il vous faudra pour cela délaisser fréquemment le mode Histoire pour vous intéresser au second mode disponible, le mode Mission. Dans celui-ci, vous aurez le choix entre effectuer des Parcours plus ou moins ardus (notamment ceux bénéficiant d’un classement online) composés de stages présents dans le mode Histoire, ou bien d’opter pour la Survie. Dans tous les cas, vous ne ferez pas long feu lorsque vous jouerez avec un personnage débutant, mais ces modes de jeu, par contre, seront très généreux en XP si vous parvenez à y survivre, et c’est avec ces XP que vous allez pouvoir progressivement améliorer les caractéristiques de vos héros. Ainsi, chaque augmentation de niveau renforcera des données telles que l’endurance, la puissance des coups, la qualité de la défense, etc. En parallèle, les points de cosmos que vous accumulerez en même temps vous permettront d’acheter des augmentations de caractéristiques et d’attaques spéciales, ainsi que des compétences modifiant le cosmos et autres choses bien utiles. Enfin, sachez que, contrairement au mode Histoire, le mode Mission vous permet de jouer avec d’autres chevaliers que les cinq protecteurs d’Athéna, et vous pourrez ainsi participer à des combats jubilatoires aux commandes des terribles chevaliers d’or que vous aurez débloqués, ainsi que de quelques autres invités. Excellent.

Question durée de vie, comme chaque jeu de type musou, disons qu’elle dépend beaucoup de la manière dont vous abordez le jeu. Si le background ne vous intéresse pas et que leveller votre perso vous semble une perte de temps, vous pourrez foncer tête baissée dans le mode Histoire et terminer le jeu en quelques heures (bonne chance quand même contre les mini-boss et les chevaliers d’or). Mais si vous avez aimé la série animée ou que vous appréciez ce que vous découvrez en jouant, vous serez alors plongé pendant des dizaines d’heures dans ce titre, essayant de rendre vos persos les plus puissants possible, tout en débloquant l’impressionnante collection de jouets (oui, Saint Seiya s’est vu décliné en superbes figurines de collection, de toutes les tailles et de toutes les formes), de vidéos et d’images, ainsi que les personnages jouables autres que nos cinq chevaliers de bronze. De plus, certaines missions sont jouables en coopération, et les amateurs de challenge voudront se frotter au classement online du mode Mission. A vous donc de choisir votre façon d’envisager Saint Seiya, mais sachez que le jeu propose un potentiel de rejouabilité important, comme on vient de le voir.


Enfin, intéressons-nous à l’aspect technique du jeu. Visuellement, le titre souffle le chaud et le froid ; si les visages en 3D semblent peu convaincants et les décors assez redondants (mais c’est le scénario du Sanctuaire qui l’impose), les armures, quant à elles, sont de toute beauté, et brillent de mille feux. Niveau audio, même si on aurait aimé sentir plus de puissances dans les coups, applaudissons les développeurs, qui ont eu la correction de proposer le jeu en japonais sous-titré français, ainsi que certaines musiques originales de l’anime (qui reste, par ailleurs, parmi ces dessins animés possédant une bande-son des plus merveilleuses), et notamment l’excellent générique d’intro. Quant à l’animation, contrairement à certains épisodes sortis sur PS2, lents et patauds, cet opus se montre vif et énergique, ce qui constitue une qualité de plus. Seule la caméra fixe semble un choix curieux, mais étant donné le format assez « couloir » des stages, cela ne gêne finalement que lors des premières minutes d’adaptation…

Conclusion : Ce 8/10, sachez-le, est une note de coeur. La note d'un admirateur de cette merveilleuse série qu'est Saint Seiya, et qui attendait depuis des années un jeu convaincant. La note aussi d'un grand amateur de musou devant l'éternel. Aussi, si vous n'avez d'affinité ni avec l'un, ni avec l'autre, retirez facilement un ou deux points à la note finale, car le jeu peut se montrer assez répétitif et techniquement inférieur aux normes actuelles. Cependant, remercions Bandai pour ce fan-service vif, prenant, jouissif et bénéficiant d'une énorme durée de vie. Au final, la seule remarque vraiment négative qu'on pourrait faire à ce titre, c'est le fait de se borner, une fois encore, au seul épisode du Sanctuaire. A quand un Saint Seiya Asgard ou Poseidon ? Mais ne boudons pas notre plaisir : ce jeu est indispensable au fan de beat'em all et d'anime. Rien de moins. Et si, d'aventure, un joueur venait à tenter l'expérience et abordait Saint Seiya pour la première fois, il se trouverait dans l'obligation de découvrir ce qui reste l'une des plus belles séries animées de tous les temps... Merci Namco Bandai, et, espérons-le, à bientôt pour un nouvel épisode...
Jean-Philippe_E
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le 10 janv. 2014

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