Le 28 novembre 2008 n'est pas la sortie de cette "Online Edition" de Street Fighter III Third Strike mais celle de (vous n'avez plus le droit de cligner des yeux jusqu'à la fin de cette phrase) Super Street Fighter II Turbo : HD Remix, premier remake de la dernière itération de ce qu'il convient d'appeler la saga Street Fighter II et aussi, dans le cadre du sujet, première réédition (plutôt que "portage" qui serait incorrect) de Capcom à l'égard de sa poule aux œufs d'or de Street Fighter sur consoles 720p (!).

Cette version au nom aussi abscons que précis est intéressante à plus d'un titre lorsqu'il s'agit d'analyser ce "3.3.4" (puisque 4ème portage sur console de salon de SFIII : Third Strike, vous me suivez toujours ?) puisqu'elle justifie la position d'un Capcom que l'on pourrait taxer de paresseux. Non, il ne fait qu'apprendre de ses erreurs.

Il faut en effet rappeler que 3 ans plus tôt, ce 28/11/08 donc, Capcom avait entrepris la voie d'une fraîcheur à la fois esthétique et ludique. Cette rénovation, que l'on doit à UDON Comics et David Sirlin, respectivement en charge de l'aspect visuel et du gameplay, fit pour le moins scandale, au point où ce remake longtemps attendu est au jour d'aujourd'hui dénigré par l'immense majorité de la communauté : il n'est plus du tout représenté en tournoi et les serveurs online sont déserts, tout du moins sur 360. Les joueurs ont en effet jugé la refonte graphique, au mieux – et ils sont rares - bienvenue, au pire désastreuse (« digne d'un jeu flash », et ils n'ont pas tout à fait tort), pour la plupart inappropriée, étrange, loufoque, Blanka. Quant aux évolutions plus techniques, simplifions-nous la vie, elles sont absurdes par rapport au ST/2X originel. Il y a bien quelques changements bienvenus, d'accord, mais la plupart n'ont vraiment aucun sens, je ne parlerai pas forcément des plus grossiers (Gouki), mais lorsqu'on veut réajuster la tier-list en désirant faire monter des personnages tels que T-Hawk en dévaluant du même coup l'un des seuls atouts (ici la Condor Dive qui ne met plus KO, de souvenir) alors là oui, les joueurs ils sont bien gentils, ils veulent bien trouer leur bourse de 15 euros et donner une chance, puis ils jouent et là ils ne comprennent pas, ils sont désemparés puis ils se cassent merde et finissent cette phrase au rythme douteux dépités.

Les vieux grincheux sont donc retournés faire mumuse sur leurs GGPO/2DF/Supercade tandis que les compétiteurs plus occasionnels se sont rabattus sur Street Fighter IV.

Oui, Street Fighter IV n'était pas sorti et oui, Street Fighter IV a fait beaucoup, mais alors beaucoup pour le jeu de combat. Il est même entièrement responsable, dans la frénésie populaire qu'il a créé, de cette Online Edition.

Car le moins que l'on puisse dire est qu'il a soulevé les passions, ce qu'il fait d'ailleurs toujours sous l'œil amusé d'un Yoshinori Ono plus encensé que jamais, et que nombre des (e-)joutes dont il est coupable concernent ces éternels « Street III VS Street IV », les défenseurs du premiers arguant de la nervosité et de la rigueur inédites de leur chouchou là où les autres justifient l'intérêt d'SFIV dans son aspect « tout public » qu'il trimballe et revendique publiquement, comme quoi il y aurait chez eux à boire et à manger, ce qui est loin d'être inexact.

Je m'égare mais pas trop, car il faut reconnaître à ces rivalités de génération d'avoir su soutirer un tantinet de l'attention massive réservée à SFIV au profit d'un jeu qui, du fait d'un parti-pris élitiste, n'a su jouir des projecteurs de son cadet.

Nous pourrons enfin identifier dans la périphérie de SFIV d'autres catalyseurs qui, ajoutés au premier, justifient amplement cette nouvelle sortie tant espérée.

Nous n'en citerons qu'un seul : youtube, c'est même ainsi que votre serviteur a connu Street Fighter III. Soyons honnête : entre la fameuse (et surestimée, bordel) vidéo Justin vs Daigo, puis la popularité ascendante d'un certain Ken Bogard en France qui s'est précisément fait connaître pour avoir dans un premier lieu commenté... du SFIV, il était très difficile d'éviter indéfiniment ce Troisième Coup.

(je crois qu'il serait de bon ton de citer ce vidéotest, qui l'explique avec beaucoup de talent : http://www.dailymotion.com/video/xl7gas_jeux-electrogeek-89-test-street-fighter-3rd-strike-online-edition-x360-ps3_videogames )


A tel point que la fièvre Street Fighter III toucha de plus en plus de joueurs, curieux néophytes qui exauçaient en masse leur curiosité sur émulateur afin de découvrir de quoi il retournait, qu'est-ce qui pouvait justifier une aura aussi majestueuse, des louanges aussi épaisses, quelles grâces étaient responsables de ce micro-phénomène ? Tout ce beau monde s'en est longuement contenté, puis a frappé sur la table afin d'obtenir la consécration de leur désir : la restauration d'une légende, une véritable version de leur précieux sur consoles nouvelle génération !

Dieu a opiné du chef et voici maintenant environ deux mois que Street Fighter III : Third Strike – Online Edition est disponible sur XBL et PSN.

Je disais plus haut que Capcom avait appris de ses erreurs et c'est on ne peut plus vrai à la vue de cette nouvelle sortie.

HDR était novateur et avait le goût du risque, OE s'en bat les reins, il est Arcade Perfect.

Les nouveaux sprites d'HD Remix déplaisent ? On laisse les anciens, à l'animation extraordinaire (indépassée à mes yeux, tout du moins pour ce qui est de la fight 2D : certains vont même jusqu'à dire que Capcom avait bossé sur des models 3D, je pense que ça veut tout dire) et foisonnants de détails. Bah, on sert rapidement quelques filtres graphiques et inutiles pour contenter les couilles molles du pixel et basta.

Les rééquilibrages (et on les craint de plus en plus) gênent ? Arcade Perfect qu'on a dit, tu rebouffes le même jeu, les mêmes phases, les mêmes Chun SAII/Ken SAIII craqués, tu souris mon ange merci et t'oublies pas de débarrasser en sortant poutou partout. Ce choix de game design me va ravit mais je dois bien préciser qu'il ne conviendra pas à tout le monde, le roster de SF3.3 étant (c'est l'un de ses rares défauts) pour le moins perfectible, car très mal équilibré. Compétition oblige, cette tier-list « de l'infini » peut vite montrer ses limites, puisque seul un bon quart du casting est dignement représenté à haut niveau.

Petit bonus : il faut bien croire que cette optique n'a pas été au goût de tout le monde, je vous parlais plus haut de David Sirlin, responsable du désastre HDR (un bonhomme dont je ne doute pas de la bonne volonté mais qui n'a pas su faire selon moi les choix les plus judicieux), le voici maugréant le concurrent :

http://www.sirlin.net/blog/2011/8/22/the-anti-progress-attitude.html


Ceci étant dit il faut bien noter quelques plus inédits à Online Edition : c'est en 2011 la seule version qui propose de jouer à Street Fighter III en ligne (je vois bien quelques fans éclairés me parler d'Anniversary Collection sur Xbox, mais le Xbox live premier du nom n'étant plus...) sur console, de manière critiquable certes, j'y reviendrai plus tard.

Aussi, l'ajout de bonus vraiment chouettes. Débloqués avec des points que l'on amasse en accomplissant certaines conditions en combat (effectuer 5 EX, gagner X matchs sans perdre un round...), ils peuvent aussi bien prendre la forme d'artworks/fan-arts par milliers que de toutes nouvelles pistes. Si cette dernière fantaisie est d'un bon goût parfois hasardeux (passés leur découverte je ne les ai plus jamais écoutés, hormis le thème principal rappé qui claque quand même sévère), nous louangerons toutefois les artworks et la volonté de Capcom de faire sortir de l'ombre les fans les plus habiles au crayon, comme une manière de récompenser cette communauté fidèle et enthousiaste qui est celle de SF.

La présence d'un mode défi, aussi, est à saluer. Des 24 défis par personnage de SFIV nous passons à 5 épreuves autrement plus exigeantes, plus 10 défis de parry fort appréciables pour le nouveau venu, nous regretterons toutefois l'impossibilité ou quasi-impossibilité de mettre en pratique certains combos, qui nécessitent des conditions beaucoup trop spécifiques pour être placés dans le feu de l'action (je pense au HK > Demon de Gouki, impraticable et inutile).

Tout le reste n'est qu'une copie-carbone éhontée de la version Xbox, qui était elle-même le calque de la version PS2, qui elle aussi s'inscrivait dans cette volonté « d'Arcade Perfect » (ce que n'était pas la version Dreamcast, à plusieurs égards que la longueur déjà excessive de cette critique m'interdit d'énumérer).

- Vous retrouverez les mêmes options de combat, modulables selon votre envie (possibilité de s'équiper des 3 Super en même temps, garde aérienne, j'en passe et des meilleures)

- Les deux mêmes modes Entraînement que jadis, soit le normal et l'entraînement au parry, où l'on peut enregistrer la séquence d'une marionnette et s'entraîner à parer cette dernière – la séquence, pas la marionnette - et là je vais gueuler, parce que bordel de race j'aurai quand même apprécié de 1) ne pas redéfinir mes options à CHAQUE PUTAIN de démarrage de la console (dire que c'était encore plus débile dans HDR) 2) Capcom, tu aurais pu activer l'affichage des inputs comme dans SFIV, très pratique surtout quand on débute au stick ! Ho, il paraît que ce sera dans un prochain DLC... je m'égare.

- La possibilité de jouer Gill.. pour ceux qui n'ont vraiment que ça à faire. Ils existent.

Parachevons ce test en nous focalisant sur les fonctionnalités online d'OE. Alors oui, rechercher un adversaire est un merdier sans nom. Pour ce qui est du matchmaking entre amis, le bousin prend entre 30 et 60 secondes à afficher une liste d'adversaires potentiels, potentiels étant donné que cette même liste est très mal mise à jour par les serveurs et que nombre d'entre eux ne seront tout simplement plus valables au moment même où vous penserez avoir trouvé matière à vous déchainer sur le stick, créant ainsi une frustration qui n'aura de cesse de croître à mesure que vous enchainerez les insuccès des serveurs. C'est encore pire en classé, bien que cela se soit un petit peu atténué depuis le temps. Gageons que cela s'améliore avec les patchs, et que le jeu soit suivi d'autres choses que de costumes supplémentaires hideux (oui).

Ce bémol, impardonnable mais prévisible (on le voyait venir gros comme une maison, GGPO n'étant VRAIMENT PAS parfait), est le seul reproche absolu que je puis adresser à cette version de Third Strike, qui lorsque l'on regarde au-delà devient tout bonnement la meilleure version de Street Fighter III jamais sortie sur console, et vu le matériau d'origine (que je détaillerai avec plaisir au sein d'une autre critique, plus appropriée) c'est déjà exceptionnellement bon.

La note, parce qu'il faut toujours noter n'est-ce pas, bah c'est 8. Ou 7. Ou je m'en fous. A vrai dire, si vous n'avez jamais joué à ce Street, c'est 9 direct, meilleur jeu disponible en téléchargement sur Xbox 360 et PS3, gameplay et fun illimités, foncez. Si maintenant, vous êtes déjà plus avertis, que vous jouez déjà sur PC, bah l'intérêt en prend un coup. OE, c'est aussi de nouveaux joueurs, parfois c'est bien la nouveauté, et parfois la nouveauté ça fait des Ryu qui font des sauts vides SA II online, et ça ça peut parfois agacer oui. Un tout petit peu. Et puis, pourquoi payer 15 euros pour vous embarrasser dans des modes en ligne tortueux lorsque l'adversaire est à portée de clic ? A ceux-là, je ne recommanderai l'achat qu'aux plus acharnés d'entre eux : soit s'ils sont vraiment fans, soit s'ils ont besoin d'un mode training absent de MAME (sauf glitch, mais même là c'est très peu confortable), soit les deux, en tous les cas les voilà prévenus. 5, donc.

Alors, 9 + 5 / 2, t'oublies pas les parenthèses Thérèse, bah ça fait 7.

7 sur 10, soit un jeu exceptionnel au portage charmant par endroit entaché par un online capricieux et idiot censé représenter le principal attrait d'un jeu qui le porte jusque son nom.

C'était ma première crit' sur SC, ne soyez pas trop dur !
Daka-Ozpass
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le 13 oct. 2011

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Daka-Ozpass

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