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Dead Space a su se placer comme une référence de l’horreur spatiale, tant et si bien que l’annonce d’un remaster du premier opus a suscité une vague d’enthousiasme. Un tsunami qui n’est pas prêt de se calmer avec l’annonce de sa sortie en 2023, agrémentée de visuels pour faire saliver les joueurs. De son côté, Glen Schofield a fondé Striking Distance, directement lié à Krafton, et s’est penché sur une toute nouvelle licence. The Callisto Protocol a laissé l’impression, à travers les trailers, d’être le fils spirituel de Dead Space, avec une violence plus exacerbée selon son créateur. Un pari risqué car la comparaison avec Dead Space peut noyer The Callisto Protocol sous une masse de critiques véhémentes. Pour ma part, j’ai approché le titre comme le prémice d’une potentielle nouvelle licence, s’inspirant de ses aînés comme nombre de ses compères.


Dans l’espace, personne ne vous entend crier


Jacob Lee est un convoyeur amenant des médicaments à la prison située sur Callisto, une des lunes de Jupiter. Rassurant son coéquipier Max, peu friand de ce job, il lui assure que c’est là le dernier voyage. Il ne croit pas si bien dire. Des pirates prennent d’assaut le vaisseau de Jacob, obligeant ce dernier à atterrir en catastrophe. Encore sonné par le choc, découvrant Max mort, le convoyeur est amené manu militari par la sécurité, en compagnie de l’unique survivante des pirates. Tous deux sont désormais considérés comme des prisonniers. Après s’être fait apposer le CORE, une curieuse machine sertie dans la nuque, Jacob est placé dans sa cellule. Quelques heures plus tard, l’homme ouvrira les yeux sur une prison livrée à l’anarchie digne d’une apocalypse zombie. Prisonniers et gardiens se sont transformés en créatures difformes qui ne feront de vous qu’une bouchée si vous vous ne défendez pas. Jacob pourra compter sur Elias, un autre prisonnier présent ici depuis des années, afin de trouver une sortie. Ou, du moins, un semblant.


L’introduction est très plaisante permettant de présenter les protagonistes principaux ainsi que cette dégringolade de la vie de Jacob. Victime d’une attaque imprévue, l’homme se retrouve en prison pour une raison complètement inconnue, comme si, dès que l’on sombre sur Callisto, il était interdit d’en échapper. Striking Distance compte, en son sein, des vétérans ayant œuvré sur les licences Dead Space et Call of Duty, ce qui se ressent au vu de la technique de The Callisto Protocol. La modélisation des personnages va jusqu’à mettre en évidence la transpiration de Jacob, histoire de souligner combien le personnage en « sue » dans tous les sens du terme.


Les décors sont aussi à la hauteur, le titre misant sur les jeux d’éclairage pour mieux souligner l’ambiance et plonger la prison dans une ambiance anxiogène. On pourra reprocher une mise en scène très classique pour le genre avec des archétypes déjà vus et revus comme le pauvre bougre saisi par une créature trop rapide pour être vue, les pieds d’un cadavre disparaissant à travers une trappe, un simulacre de mourant bougeant à notre approche, etc. Pour ceux habitués à l’horreur, les scènes feront à peine sursauter. Néanmoins, elles participent au climat que le studio souhaite délivrer. Callisto est un labyrinthe tortueux, obstrué par les mutants qui s’y répandent.


Jacob débute avec une « simple » machette électrique afin de pouvoir contrer les ennemis. Le jeu introduit alors une de ses mécaniques fondamentales : l’esquive. A l’aide du joystick gauche, il vous est possible d’amener Jacob à se pencher sur la droite ou la gauche afin d’éviter les coups de l’ennemi. Si cela est anodin, une fois maîtrisée la technique permet d’économiser en munitions et rend les affrontements plus dynamiques et intéressants. Une fois que vous posséderez une arme à feu, au bout de quelques esquives et coups bien placés, vous aurez droit à une fenêtre de tir, afin de prolonger le combo. Par contre, face à une meute d’ennemis, l’esquive seule ne suffira pas puisque Jacob se concentre alors sur un seul adversaire et les autres n’attendent pas sagement leur tour. Il ne faut donc pas hésiter à reculer, voire tirer quelques balles pour faire vaciller certains. Ou, encore mieux, exploiter le décor lorsque cela est possible.


Le choix de l’arme, en plein combat, peut désarçonner puisque la touche gauche permet de changer d’arme rapidement, mais seulement avec deux armes : arme de poing et arme lourde. Pour accéder au reste de l’armurerie, il faudra appuyer sur droite et sélectionner l’arme dans le menu déroulant. Mieux vaut être en retrait pour éviter que l’ennemi profite de votre ouverture.


Au cours du récit, Jacob récupère le GRP, un gant aux capacités télékinétiques permettant d’attirer et repousser aussi bien des ennemis que des éléments comme des bombes. Quand le décor se pare de murs garnis de piques, le gant nous titille la main. On s’amuse alors à empaler nos adversaires, les faire basculer dans le vide ou être découpés par des pales. Une capacité fort utile pour faire face aux groupes d’ennemis et nettoyer promptement la zone. La capacité est aussi très utile pour transformer des ennemis explosifs en armes létales.


Surtout quand, arrivé à la moitié du jeu, une nouvelle capacité apparaît chez les créatures : la mutation. Cette dernière peut apparaître immédiatement, ou lorsque l’ennemi a subi assez de dégâts. Des tentacules font leur apparition. Si l’adversaire n’ait pas tué dans les secondes qui viennent, il mute en une forme plus aboutie, plus puissante, plus rapide… Autant éviter cela si vous ne voulez pas vous en mordre les doigts. Ajoutez à cela des ennemis sensible aux sons, des vers dissimulés dans des coffres ou encore d’autres surgissant « d’œufs » et vous aurez vite compris que la vigilance est de mise pour assurer votre survie.


Une progression plaisante malgré quelques couacs


Comme l’a souligné Glen Schofield, The Callisto Protocol ne lésine nullement sur l’aspect horrifique, d’autant plus dans la violence graphique. Jacob peut mourir de multiples façons que ce soit à cause des mutants ou du décor, comme la glissade aperçue dans un des trailers où Jacob peut finir découpé par des pales ou broyé contre un pilier. Striking Distance n’a pas lésiné sur les cinématiques dévoilant les décès de son protagoniste cochant les cases démembrement, énucléation, amputation, etc. Pour ma part, les scènes ne m’ont pas fait sursauter tant le rendu est tellement exagéré que ça en devient irréaliste. Par contre, j’aurais apprécié de pouvoir passer la cinématique, surtout lors d’un combat de boss. A force de voir la scène, on finit par s’en lasser.


The Callisto Protocol se conclut en moins de dix heures avec une progression très linéaire. Parfois les zones proposent quelques embranchements à choisir permettant de dénicher des ressources pour améliorer notre équipement ou des munitions. Avec un peu de chance, vous tomberez aussi sur des pièces secrètes. Pour se constituer une armurerie, Jacob doit user des imprimantes 3D de la prison, placées dans les quelques zones safes du titre. En échange de crédits, vous pouvez acquérir des améliorations, munitions et même du soin. Trouver des plans cachés dans la prison vous donne accès à de nouvelles armes tels qu’un shotgun, un magnum ou un fusil d’assaut.


Si la progression se fait sans trop de heurt en difficulté Normale, avec néanmoins quelques zones requérant quelques essais le temps de trouver la bonne approche, la difficulté s’accroît drastiquement à partir de l’avant dernier chapitre. Un nouvel ennemi, Deux-Têtes, fait son apparition. La première confrontation introduit ses mécanismes, se montrant généreuse en munitions. Mais chaque nouvelle rencontre va accroître la difficulté, m’obligeant à baisser cette dernière pour pouvoir progresser efficacement. L’un des affrontements m’a même demandé de relancer une sauvegarde antérieure car j’avais fait l’erreur de dépenser mon argent en améliorations. Hors la zone ne dispose d’aucune munition, ou en nombre très limité, que ce soit avant le combat ou dans l’arène. L’ennemi se présente comme un mini-boss avec deux phases, la première se terminant lorsque, abattu, vous le frappez jusqu’à l’obliger à ôter une de ses têtes (et la moitié de corps qui va avec).


L’affrontement envers le boss final sera aussi retorse avec des ennemis explosifs pouvant vous tuer en un coup. En Facile, la confrontation est rude, même en usant des adversaires comme bombes sur le boss. La difficulté augmente drastiquement, de façon abrupte, sur ces derniers chapitres, ce qui pourra amener beaucoup de frustration chez les joueurs et laisser un goût amer à nombre d’entre eux malgré les qualités du titre.


Aparté sur les trophées


La liste de trophées de The Callisto Protocol se veut sobre et pertinente, ce qui n’est nullement un défaut. En plus de compléter l’histoire, on retrouve les habituelles actions comme tuer des ennemis aveugles en les poignardant dans le dos, améliorer une arme au maximum, tuer dix ennemis grâce à l’environnement, etc. Afin de pousser les joueurs dans leurs retranchements, un trophée exige d’accomplir le jeu en difficulté maximale. Personnellement, je n’ai pas réussi à l’obtenir via le glitch qui permet de basculer la difficulté juste après le combat du boss puisqu’il a été corrigé entre temps. Pire que cela l’obtention du trophée est bloqué puisque des joueurs ne l’ont pas obtenu, même en ayant accompli tout le jeu en difficulté maximale. Peut-être est-ce que je tenterais l’expérience lorsque la New Game + se présentera, déjà prévu en DLC gratuit en février 2023. Si vous êtes allergique aux collectibles, sachez que vous devez trouver plus de 40 implants, équivalents d’enregistrements audios, pour un trophée. le seul qui me manque avec la difficulté maximale.


En conclusion


The Callisto Protocol reste très classique dans son approche du survival-horror comme si l’équipe cherchait à tâter le terrain avant de s’enhardir davantage. La fin laisse présager une potentielle suite, que je reste curieux de découvrir si elle voit le jour. Si les derniers chapitres ont été rudes en matière d’affrontements, (j’avais beau être en Facile, j’avais l’impression d’être toujours en Normal), j’ai passé un bon moment sur le titre avec ce qu’il faut d’intensité durant les confrontations. Frapper sans réfléchir n’apporte rien, et le jeu pousse le joueur à user du décor là où Dead Space repose sur l’armement de son héros. Si le titre est à réserver à un public averti, j’ai davantage apprécié le jeu d’ambiance reposant sur l’usage de l’obscurité et de la luminosité plutôt que sur la violence organique. Son prix reste tout de même assez haut, surtout au vu du contenu et de l’absence de New Game + qui aurait permis une certaine rejouabilité venant compenser la durée de vie. Un titre qui souffre déjà de la comparaison avec son aîné, mais qui a plusieurs clés en main pour s’en émanciper.

So-chan
7
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le 6 févr. 2023

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So-chan

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