Avant propos:


Nous sommes en 2017, tout le monde suivant de près ou de loin l'actualité gaming aura entendu parler de ce "nouveau" genre de jeux (noté les guillemets à nouveau et non pas sur le mot jeux) qui propose d'immerger le joueur dans une expérience ou la narration prime sur le gameplay, pas de "système" ni de combinaisons complexes de touches à mémoriser, ici on écoute et on observe avant tout, on est spectateur, complètement à la merci des concepteurs qui selon plus ou moins de succès tenteront de vous faire vivre une aventure. Parmi eux se trouve un studio californien prêt à faire bouger les choses dans le domaine quelque peu poussiéreux du jeu d'aventure. Et ils n'en sont pas à leur coup d'essai puisque depuis la création du studio en 2004, ils ne cesseront méthodiquement de déconstruire l'ADN de ce genre dont les fondations n'ont pas bougé depuis l'avènement de Lucas Art en 90. A un rythme frénétique de plusieurs productions par an, ce petit studio commencera à se tailler un nom dans l'industrie comme étant un spécialiste de l'adaptation de licences populaires. De Bone à Tales of Monkey Island en passant par les trois saisons de Sam et Max, Les petits gars de chez Telltale réussissent à rendre viable ce système de jeux fragmentés tout en se créant une véritable identité, la fameuse "Formule Telltale" (qu'ils nous resserviront jusqu'à l’écœurement des années plus tard) est née.


La recette est simple, acheter les droits d'une licence populaire en allant aussi bien piocher dans le jeu vidéo que dans le cinéma et les comics, transférer son univers dans un jeu d'aventure 3D en plan fixe accompagné d'une D.A fidèle malgré un rendu daté et enfin construire une intrigue sur plusieurs épisodes inspirés du format de séries TV pour garder l'intérêt du joueur et le pousser à souscrire au fameux season pass. Ce qui est certain c'est que Telltale a trouvé son publique ce qui leur permet de se payer l'un des noms les plus populaires du moment "The Walking Dead". Malgré quelques échecs commerciaux et critiques (Retour Vers le Futur, Jurassic Park), The Walking Dead sera le jeu de la maturité pour le studio tant tout semble coïncider pour en faire une expérience marquante, l'univers violent et impitoyable du comics se retrouve parfaitement dans le jeu grâce au talent des scénaristes (Sean Vanaman en charge du projet qui fondera par la suite Campo Santo " Firewatch") qui ont d'ailleurs la bonne idée de ne pas suivre la trame et les personnages du comics en optant plutôt pour un autre groupe de survivants. Du côté du gameplay, l'ajout du timer à chaque discussion ajoute une tension et un poids aux dialogues en plus d'être un choix pertinent par rapport à l'univers traité, des dialogues qui sont d'ailleurs sublimé par un excellent doublage (une constante chez Telltale). Pour finir, Telltale choisit un rendu cel-shading fidèle à l'esprit du comics (et pratique aussi pour cacher le moteur graphique honteux du studio) qui selon la situation, arrivera aussi bien à retranscrire un crâne de zombie défoncé et pourri par la décomposition que le visage très expressif d'un enfant.


Bref tout y est et c'est un carton plein pour cette petite équipe qui se voit même attribué pour TWD le prestigieux titre du jeu de l'année 2012. Avec un succès critique et commercial aussi retentissant, tout le monde à les yeux rivés sur leurs prochain projet et Telltale ne compte pas s'arrêter là. A l'heure ou j'écris ces lignes, 6 ans se sont écoulés depuis la 1ère saison et l'équipe devenu grande (plus de 300 salariés à son zénith) à sorti plus d'une dizaine de titres..... Le problème est là, Telltale ne sait pas s'arrêter et s'efforce à sortir dans un rythme infernal toujours plus d'épisodes, allant jusqu’à annoncer des suites à certains de leurs plus grand succès, TWD en tête. Tout développeur doté d'un minimum de bon sens sait qu'il est extrêmement difficile d'innover quand 1 pauvre semestre sépare un jeu d'un autre, pas Telltale apparemment qui, embarqué dans son rythme de production absurde, nous recrache sa fameuse "Formule" dont le goût devient de plus en plus aigre au fil des ans.
La critique
C'est donc dans cette situation que débarque A new frontier et ne vous attendez pas un miracle puisque pas de doute, ça sent bien le renfermé. Tout d'abord, cette saison fait le choix de zapper "littéralement" toutes les péripéties de Clémentine (En témoigne les flashbacks HONTEUX censés faire le pont entre les différentes fins de la 2ème saison et le début de cette saison 3) pour la rendre accessible aux nouveaux venus. On se retrouve donc avec un nouveau protagoniste du nom de Javier qui tente de survivre en plein apocalypse avec sa famille tout essayant de ne pas perdre son humanité en cours de route. Une thématique déjà traité dans la 1ère saison avec Lee et comme on le verra rapidement, avec bien plus de talent. Au sein de cette famille dysfonctionnelle, on retrouvera aussi bien le "Ben" du groupe (l'ado en manque de repères et tête à claques que l'on pourra façonner selon nos choix), que la belle-soeur en mal d'amour et notre frère colérique qui servira d'antithèse à notre personnage (seul personnage vraiment réussi du casting), et après un démarrage assez poussif, on verra se succéder des twists assez prévisibles dans une structure calé sur la saison précédente, la faute à une écriture moins inspiré et des personnages peu attachants.


On ressent comme un sentiment d'inachevé à la fin de l'aventure ce qui est peut-être du à la durée de vie ridicule de cette saison car oui, il va falloir compter entre 7 à 8h pour la finir là ou la 1ère passait la barre des 12h sans forcer. Et ça se ressent tout de suite sur le rythme des épisodes (un peu moins d'1h30 en moyenne) avec des péripéties qui s'enchaînent toutes les 15 minutes et ou l'on est constamment ballotté d'une scène à l'autre sans possibilité de contrôle sur son personnage. Les fameux hub de la saison 1 qui servaient aussi bien à poser l'ambiance qu'à approfondir les personnages secondaires se retrouvent appauvris à un degré extrême, ici il faudra se contenter de 10 pauvres interactions avec le décor dont la moitié ne servent à rien ( par exemple Javier qui observe un bidon d'essence sans rien dire.... Grand moment de néant vidéo-ludique). Même si l'ensemble à un arrière gout de foutage de gueule, Telltale pense à nous, les fans de la 1ère heure en nous balançant Clémentine à la tronche dès le 1er épisode, bon on ressent fortement qu'on l'a intégré à cette saison au pied de biche et 90% des choix qui ont façonné votre Clémentine dans les épisodes précédents sont jetés à la poubelle pour que ça colle à l'intrigue, mais ça fait toujours un personnage avec lequel on a un attachement émotionnel au milieu d'une troupe oubliable. Par contre, on évitera de parler de la scène post-crédit totalement bidon qui en plus de nous prendre pour des cons, achève de donner un aspect hors-série à "A new frontier".


C'est les yeux vitreux que j'ai laissé défiler les crédits, à moitié détaché de l'aventure que je venais de suivre là ou les aventures de Lee m'avaient laissés en larmes. Telltale s'est perdu entre 2012 et aujourd'hui et moi je suis passé à autre chose. Selon les dernières actus, l'avenir semble incertain pour le studio californien.
Mais une chose est sure,


"Clémentine Reviendra".... Pas moi.

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le 25 août 2018

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