Wo Long: Fallen Dynasty
6.4
Wo Long: Fallen Dynasty

Jeu de Team Ninja et Koei Tecmo Games (2023PlayStation 5)

Un die and retry qui tente quelques nouveautés

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.

En juin 2022, l’annonce de Wo Long: Fallen Dynasty fit sensation non seulement car Team Ninja lançait une toute nouvelle licence, mais aussi par le principe même du titre qui s’annonçait réservée à une catégorie de joueurs non réfractaires à la difficulté. Il faut dire que le studio est déjà connu pour nombre de licences mettant les nerfs à rude épreuves tels que les Ninja Gaiden et Nioh.


Mais cette fois Team Ninja délaisse le Japon pour se concentrer sur la Chine, plus particulièrement une adaptation du roman des Trois Royaumes en y insufflant des éléments surnaturels. Wo Long: Fallen Dynasty se présente comme une uchronie où les esprits coexistent avec les humains, se présentant aussi bien comme des alliés que de potentiels adversaires. Ajoutez à cela que la Chine est déchirée par des guerres de clans mettant le pays à feu et à sang. Votre personnage, milicien(ne) anonyme, est plongé au sein de ce chaos et se doit de survivre. Les évènements vont l’amener à s’impliquer dans ces conflits.


Longue sera la route et pavée de dangers


S’il se présente comme un action-rpg, Wo Long a tous les codes du die & retry à l’image de Nioh, tout en se distinguant de son prédécesseur. La courbe de progression est d’ailleurs à revoir car le début a été plus que hasardeux. A tel point que j’ai eu peur de ne pas réussir à aller plus loin alors que j’avais à peine une heure de jeu au compteur. Le boss du tutoriel se relève particulièrement corsé, avec deux phases à réussir. Je n’ai d’ailleurs rencontré aucun autre boss proposant deux phases. Même en sachant qu’il faut surtout parer pour progresser, il vous faudra plusieurs essais avant de réussir. Et la difficulté de cet adversaire est telle que les autres affrontements se relèvent presque facile (pour un temps, du moins). Je suis loin d’être un professionnel du die & retry même si j’ai quelques jeux du genre à mon compteur (Demon’s Souls, Code Vein, Sekiro…) et un tel pic de difficulté dès le début m’a plus que désarçonné. Je pense que Team Ninja a été trop radical pour cette phase tutoriel et aurait du revoir à la baisse leurs attentes afin d’aider les joueurs à mieux s’acclimater avec le gameplay. Ce souci de progression radicalement ascendante de la difficulté va se ressentir face à l’ultime boss du titre. Un équilibrage ne serait pas de trop.


Une fois ce cap passé, Wo Long révèle un gameplay plaisant qui laisse une large part de manœuvre aux joueurs. Tout d’abord par la personnalisation extrêmement riche de votre avatar où aucun élément n’est limité par le sexe que vous aurez déterminé. Niveau modélisation, vous avez de quoi faire jusqu’à ajouter cicatrices, rides, tatouages, etc.


Votre personnage a droit à un set d’équipement complet, personnalisable à l’envie selon ce que vous glanez. En plus d’un set d’armure complet (tête, corps, poignets et jambes), vous pouvez posséder deux armes (principale et secondaire), deux accessoires et une arme à distance. Concernant les armes de base, il est possible de passer de l’une à l’autre avec la combinaison R2 + haut ce qui permet d’adapter votre approche en temps réel. Personnellement, j’ai opté pour une arme légère et une autre lourde. Quant aux armes à distance, vous avez le choix entre l’arc et l’arbalète. Le premier vous permet de rester mobile, contrairement au second. Des armes de jet viennent compléter votre armurerie que ce soit des grenades, cailloux ou couteaux. Très utile pour, par exemple, alerter un adversaire et l’éloigner de son groupe pour l’attaquer en un contre un. Des objets peuvent être aussi équipés afin aussi bien de vous soigner que vous accorder quelques boosts.


Vos compétences de joueur ne sont pas les seules à entrer en compte dans Wo Long puisque votre personnage est soumis à un système de niveaux. Ces derniers sont liés à cinq phases (nommés aussi vertus) reposant sur les cinq éléments chinois (bois, feu, terre, métal et eau). Chaque élément repose sur des capacités tels que l’attaque pour le feu, l’esprit pour le métal (l’équivalent de la magie), la discrétion pour l’eau, le poids pour la terre (afin de supporter armes et armures lourdes) et points de vie pour le bois. A vous de voir si vous souhaitez vous spécialiser dans une approche ou jouer équilibré. J’ai opté pour la seconde afin d’avoir un panel assez large de compétences. Car chaque vertu est associée à des sortilèges. Il vous faudra atteindre le niveau requis pour pouvoir en user. Certains requièrent même que votre moral soit au beau fixe. Ce dernier dépend de vos victoires. Plus vous avancez sans mourir et plantez de drapeaux, plus votre moral sera haut.


Loin d’être seul(e), votre mercenaire sera aidé(e) de compagnons à qui il faudra prêter serment afin qu’ils vous assistent. Plus le niveau de serment est haut, plus votre allié sera compétent. Parfois l’IA alliée est un brin facétieuse, surtout à petit niveau, pouvant aussi bien ne rien faire que suivre aveuglément un ennemi qui tombe dans le vide. Si vous préférez, vous pouvez opter pour un allié non pas géré par une IA mais un autre joueur via le online du titre que ce soit par recrutement ou une co-op regroupant jusqu’à trois joueurs. Ou vous pouvez aussi subir ou mener des invasions. Sachez d’ailleurs qu’une option permet de désactiver les invasions pour éviter les mauvaises rencontres.


Autre élément propre à l’aspect online du jeu : la revanche. Parfois vous tuerez une créature qui, précédemment, a décimé un joueur ce qui occasionnera une revanche. Cela se traduit par une aide providentielle pour la victime puisque cette dernière recevra un soin durant sa partie. Un élément qui peut arriver à point nommé, par exemple, face à un boss.


Autre soutien qui se révèle fort utile : les animaux totems. Véritables invocations faisant appel à des entités, elles peuvent être appelées de deux manières. Soit invoquées sur le champ de bataille, soit fusionnées avec votre arme pour lui prodiguer des effets particuliers. Quel que soit votre choix, il vous faudra attendre que la jauge d’invocation soit remplie pour faire appel à ce soutien. Les capacités des animaux totems sont multiples, dépendant de celle que vous avez choisi d’équiper (si je puis dire). Cela peut ainsi se traduire aussi bien par des soins qu’une attaque de zone.

La beauté d’un monde en perdition


Tous ces éléments vous seront fort utiles pour affronter des boss parfois gigantesques, toujours d’une extrême violence dans leurs attaques. En plus d’une barre de vie, chaque adversaire dispose d’une barre de vacillement qui, une fois à zéro, rend l’adversaire inapte au combat car sonné. Pour cela, il faudra user de vos attaques d’esprit (basés sur la touche triangle) pour réussir à les assommer. Wo Long ne s’embarrasse pas de combinaisons de touches superflues, associant chacune à un type d’attaque : carré pour les attaques basiques, rond pour parade, L1 pour bloquer, R1 pour user des arts martiaux. La parade reste une des approches à maîtriser pour créer une ouverture chez l’adversaire, en plus de le faire vaciller pour calmer ses ardeurs.


Chaque boss se doit d’être abordé de manière différente ne serait-ce qu’à cause de leurs patterns mais aussi de l’arène. Je pense notamment à Lu Bu qui attaque différemment selon s’il est sur son cheval, ou non. Dans le second cas, son destrier va se révéler être une gêne puisqu’il court en rond sur l’arène et peut vous tuer s’il vous heurte. Certains boss ont des points faibles à exploiter afin de les vaincre plus facilement. Il ne faut donc pas hésiter à observer, comprendre son erreur lorsqu’on meurt et adapter son approche à l’adversaire.


En soit Wo Long ne réinvente pas la formule du die and retry mais son gameplay propose des nouveautés que je trouve rafraichissantes comme l’appel à des renforts, les animaux totems ainsi que le système de vertus. J’ai vraiment la sensation de personnaliser complètement mon avatar et que la progression ne repose pas uniquement sur les compétences du joueur. Votre équipement peut même être modifié et amélioré auprès de forges. Sans compter que Wo Long propose aussi des récits secondaires afin d’améliorer votre niveau en glanant de l’expérience.


Wo Long se déroulant dans un monde ouvert, Team Ninja a veillé à mettre à disposition des points de voyage rapide via les champs de bataille disséminés sur la carte. Ces zones sont de véritables charniers où il vous faudra décimer les ennemis pour purger les lieux et pouvoir planter votre drapeau (qui vous sert de point de sauvegarde ainsi qu’à disposer vos points d’expérience). Si un champ de bataille se révèle trop rude, vous pouvez très bien en partir et revenir plus tard pour le finaliser.


Niveau technique, le titre n’a pas à rougir sur Playstation 5 se montrant aussi fluide que nerveux. On a toujours quelque anticipation face à l’approche d’un nouvel ennemi tout en appréciant de réussir aussi bien un combat que de baisser drastiquement sa vie en le frappant dans le dos (à l’image de Sekiro où l’on pouvait briser une barre de vie en poignardant l’adversaire ainsi). Chaque boss propose aussi bien des affrontements violents que d’une belle chorégraphie. Je mentionne encore Lu Bu mais ses drifts à cheval et son maniement de la lance ont su monter la pression. Le sound design permet de percevoir l’approche du cheval et de réagir en conséquence. Baishe, la femme serpent, m’a hypnotisé par son chara-design et sa façon de combattre.


Visuellement, Wo Long joue sur le contraste entre l’aspect presque éthéré des esprits tout en couleurs éclatantes et le monde humain saigné à blanc par les affrontements. Les créatures démoniaques participent à l’ambiance « cracra » du titre avec des mutations tout en chairs putréfiées et multiples yeux incandescents. La Chine est au bord de la destruction et cela se ressent à chaque environnement traversé : villages détruits, en proie aux flammes ou plongés dans des marais glauques, champs de batailles où les cadavres s’empilent… Pourtant une certaine beauté ressort de l’ensemble à l’image des cours d’eaux et près encore verdoyants qu’on peut apercevoir de ci de là. Comme si la Nature n’attendait plus que la fin du chaos pour reprendre ses droits.


Côté sonorité, le titre reste assez discret dans ses compositions musicales ne s’autorisant que des envolées lyriques lors des affrontements contre les boss et contre des adversaires. Le reste du temps tout repose sur le sound design que ce soit le cliquètement des armes qui s’entrechoquent, les cris de douleurs ou les appels de vos alliés. Si le titre profite d’une traduction complète en français, ce n’est pas le cas en termes de doublage qui propose anglais, japonais et chinois. Pour ma part j’ai opté pour le japonais mais le choix permet aussi bien des sonorités plus occidentales pour les aficionados que le chinois pour ceux recherchant la fidélité avec le contexte du titre.


Une fois le récit terminé, le jeu est loin d’être terminé proposant une difficulté encore plus haute avec des récompenses à la clé tels que des armes de niveau 5 étoiles (sachant que, dans la difficulté par défaut, on ne pouvait pas dépasser les 4 étoiles).


Aparté sur les trophées


L’exigence principale du platine de Wo Long repose sur votre abnégation à conclure le récit, sachant que le boss final est une étape fort difficile tant il est rapide et dévastateur. A côté, les autres trophées ne seront qu’une petite promenade de santé puisque le tout consiste à réaliser tout ce que propose le jeu dont les missions et champs de bataille. Comme expliqué précédemment, le système de niveaux et des vertus permet d’améliorer vos points forts et limiter les points faibles de votre stratégie. Inutile d’atteindre le niveau maximum pour apprendre tous les sorts, par exemple. Améliorer une arme et une armure jusqu’à son maximum se fera naturellement puisque vous finirez pas avoir une arme de prédilection, voire dénicher une arme rare et puissante dont vous vous ne séparerez plus jamais. Le titre n’échappe pas aux objets à collecter comme les tablettes, les Shitieshou (des esprits pandas) ou encore des carapaces de cigales dorées. Aucune indication n’étant donnée en jeu, une aide providentielle d’une vidéo ne sera pas de trop.


En résumé


Wo Long: Fallen Dynasty est un die and retry qui sait proposer un univers différent de ses confrères, mais aussi un gameplay venant assister le joueur sans pour autant nier l’essence du genre. A savoir observer ses ennemis pour user de l’approche adaptée, voire profiter d’une faiblesse pour ne pas s’échiner en un combat perdu d’avance. Le pic de difficulté dès le tutoriel pourra refroidir nombre de joueurs et mériterait d’être revue à la baisse. Je ne boude pas mon plaisir sur le titre (malgré quelques passages douloureux, dont le fameux premier boss). Team Ninja propose un titre bien différent de Nioh qui lorgne assez du côté de Sekiro avec la possibilité d’un personnage très mobile. Au vu du genre, le jeu ne se destine pas à tous les publics mais plaira aux habitués du die and retry, avides de découvrir un nouvel univers.

So-chan
7
Écrit par

Créée

le 11 mai 2023

Critique lue 10 fois

So-chan

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