«Beethoven ne savait pas composer de fugue !»

Annotation :

Celui-là, on ne l'attendait pas. Une marche funèbre au milieu d'une symphonie dite «Héroïque» est déjà perturbant, mais tout est pardonné par la beauté du thème déchirant qu'elle développe. La marche parcoure son chemin sans accroc, on a le droit à une petite variation majeure qui frappe par sa grandiloquence, puis lorsque le thème revient et que l'on pense que l'on aura le droit juste à une variation très simple....

BOUM.

Arrive soudainement le passage le plus poignant, le plus magnifique, le plus génial toutes symphonies confondues, avec ces voix qui s'enchaînent, qui se marchent dessus, lentement, fatalement comme un long et interminable cortège funèbre...

Le deuxième mouvement de la septième symphonie est vraiment cool, mais pourquoi les cinéastes n'utilisent jamais ce passage là à la place ? Juste pour changer ?


https://www.youtube.com/watch?v=vj4JFAQ0N8c (ça commence à 26:40)

Annotation :

Beethoven a beau dire que sa Missa Solemnis est son travail le plus abouti, il n'en reste pas moins que j'ai personnellement du mal à le digérer.

Après quatre minutes de Kyrie, où l'on sent son attention baisser peu à peu... Les voix s'arrêtent soudainement, les cors commence à entonner un joli petit air un peu triste, on commence à entendre de toute part "Christe... Christe..." et là, tout s'éclairci. Le morceau commence vraiment à prendre une ampleur insoupçonnée.

https://www.youtube.com/watch?v=-uSME7Bv4JE (3:55)

Annotation :

La fugue s'introduisant dans ce morceau est moins reconnaissable car elle ne brille pas par sa qualité suprême par rapport au reste de l'oeuvre, mais j'ai cependant une grosse affection pour ce court passage commençant aux alentours de la troisième minute.

https://www.youtube.com/watch?v=pA_bXCz40zU (3:00)

(Notons que les passages fugués sont très caractéristique du «Beethoven dernière période». Le quatrième mouvement de cette sonate est également foutrement décoiffant, mais moins accessible pour l'auditeur non averti - et que dire pour l'interprète !)

Annotation :

Contrairement aux autres pièces les deux fugues présentes dans ce mouvements ne sont pas cachées, défigurées, ou renouvelées. C'est à la fois écrit dans l'intitulé même et composé de manière très classique, à la Bach...

...Mais rajoutez quand même la fougue de Beethoven !

Une interprétation de Glenn Gould s'impose donc : https://www.youtube.com/watch?v=UJG8VqU8XNE

Annotation :

Des passages fugués discrets parsèment ses quatuors à cordes de la dernière période (le premier mouvement de ce quatuor contient une fugue beaucoup plus explicite par exemple.), mais le plus marquant reste pour moi celui d'à peine 20 petites secondes contenu sur le chef d'oeuvre final de l'opus 131. Si jamais vous voulez avoir un aperçu du génie novateur de Beethoven sans vous infliger la Grande Fugue, cet allegro est sûrement le meilleur compromis.

https://www.youtube.com/watch?v=RRSQmncBwck (1:30 et remarquons qu'un autre petit passage se cache à 2:40, encore plus court, et plus discutable.)

Annotation :

Fugue est écrit dans le titre. Si jamais vous voulez comprendre pourquoi Seligman a dit que Beethoven a renouvelé la forme, écoutez simplement ceci ou la sonate 32. "Renouvelé" est peut-être même un euphémisme.

https://www.youtube.com/watch?v=XEZXjW_s0Qs

Annotation :

Mon premier est la mort de la fugue.
Mon deuxième est la mort de la forme "thème et variations"
Mon tout est la mort de la sonate.

Et voilà l'opus 111.

https://www.youtube.com/watch?v=ccyHT1sFmsg (Attendez deux/trois minutes que le grave introductif passe et puis ça fugue, ça arrête de fuguer, ça refugue un peu dans tous les sens, ça s'arrête. Bref, c'est le bordel.)

Annotation :

Il aurait été étonnant que dans les milliers de variations sur le fameux thème du final, il n'y ait pas une ou deux petites fugues qui se cachent par là.

https://www.youtube.com/watch?v=QDViACDYxnQ (19:56)