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Shakespeare et la BBC

Tout Shakespeare !

(Edit : pour le moment, mes grands favoris parmi toutes ces pièces, celles qui me semblent au-dessus des autres en termes d'interprétation, de mise en scène et d'intensité : Hamlet, Titus Andronicus, Beaucoup de bruit pour rien et Le roi Lear)

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19 films

créee il y a plus de 10 ans · modifiée il y a environ 6 ans

Peines d'amour perdues

Peines d'amour perdues (1985)

Love's Labour's Lost

2 h. Sortie : 5 janvier 1985 (Royaume-Uni). Comédie dramatique, Romance

Téléfilm de Elijah Moshinsky

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Peines d'amour perdues, écrite en 1595, est une comédie plutôt courte, particulièrement intense et brillante. Comme dans Titus Andronicus, et plus encore Troïlus et Cressida, Shakespeare fait ici du langage un enjeu à part entière, et s'attaque avec malice à un héritage poétique occidental majeur, ici le pétrarquisme.
4 hommes, dont le roi de Navarre, ayant fait serment de se consacrer totalement aux études pendant 3 ans, vont se parjurer afin de faire la cour à 4 femmes, dont la princesse de France. S'en suivront quelques situations comiques et surtout un déluge de jeux de langage, où l'esprit et la virtuosité sont souvent poussés jusqu'au ridicule.
Difficile pour un non anglophone de saisir la totalité des jeux de mot, pastiches poétiques et évocations grivoises tant le débit est soutenu, mais la drôlerie est épidémique et on rit beaucoup.
Bien plus que dans les Gentilshommes de Véronne ou le Songe d'une nuit d'été, ici l'humour est affaire de saillies verbales, et c'est le pédantisme qui prend pour son grade. A coup de tournures francisées et d'allocutions latines, chacun y va de sa logorrhée brillante mais en toc, jusqu'à la dernière partie qui reprend une figure récurrente chez l'auteur : la pièce dans la pièce. L'annonce final de la mort du Roi de France à sa fille ramène à une relative réalité les différents personnages, et apporte le soupçon de gravité nécessaire à la concrétisation des serments amoureux exposés. Le happy-end repoussé à dans un an, après le deuil, en un hors-champs temporel que la Princesse se permet de souligner, conclu très joliment la pièce.
Moshinsky, déjà en charge de la mise en scène du Songe d'une nuit d'été (pièce qui partage avec ces Peines d'amour perdues quelques similitudes structurelles), privilégie les gros plans, et isole presque systématiquement le personnage qui parle. L'effet vignette qui s'en dégage brise un peu l'énergie générale qui règne parmi la troupe, mais rien de catastrophique.

Pour finir je soulignerai que, plus encore que dans Troïlus et Cressida, Peines d'amour perdues réclame du spectateur une érudition précise en amont pour pouvoir être apprécié un minimum. Pièce pour étudiants, elle s'adressait surement en premier lieu à ceux qu'elle moque, et l'aborder sans n'avoir jamais lu le Canzoniere, ni n'avoir quelques relents d'annuaire mythologique, c'est se risquer à trouver une bonne partie des allusions un peu absconse.

Othello
7.7

Othello (1981)

3 h 15 min. Sortie : 4 octobre 1981 (Royaume-Uni). Drame, Romance

Téléfilm de Jonathan Miller

Tom_A a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Là où ce Othello marque des points, c'est dans son casting, absolument remarquable ! Bob Hoskins, merveilleux, porte la pièce de son fiel rieur (parfois trop) en un Iago d'anthologie, et Desdemona est superbement campée par la très peu vénitienne mais très britannique Penelope Wilton. Anthony Hopkins, vaguement grimé complète facilement ce trio de rêve par un Othello qui brille par sa crédulité, sa tenue et ses moments d'apaisementset de sagesses, même si je n'ai pas toujours été emporté par tous ses choix, surtout quand on en vient à ses débordements de colère.
Cela aurait suffit à faire de cet Othello un bon cru au sein de cette collection, indépendamment de la pièce en elle-même, qui est un bonheur, mais la beauté du casting ne s'arrête pas aux têtes d'affiche, et l'ensemble des seconds rôles est tout aussi bon, bien qu'aucun nom ne me soit connu : Anthony Pedley en Roderiguo (déjà croisé dans cette collection), Rosemary Leach en Emilia, splendide de complicité taquine avec Iago/Hoskins, David Yelland en Cassio sans compter les têtes grisonnantes qui personnalisent l'autorité et la loi en les personnes de Joseph O'Connor et John Barron, entre autres...

Troïlus et Cressida

Troïlus et Cressida (1981)

Troilus and Cressida

3 h 10 min. Sortie : 7 novembre 1981 (Royaume-Uni). Drame

Téléfilm de Jonathan Miller

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Un tragédie aux atours de farce, ou une comédie noire jusqu'au vertige... Difficile de trancher, et cet équilibre inattendu fascine autant qu'il met mal à l'aise.
Troïlus et Cressida, c'est histoire d'un couple éphémère qui s'offre une nuit d'amour entre les murs de Troie. Mais voilà, Cressida va servir de monnaie d'échange et rejoint le camp grec dès le lendemain, où elle flirte de plus belle avec Diomède, sous les yeux de Troïlus. La mort tragique et attendue ne sera pourtant pas la sienne, mais celle d'Hector.
Car le drame se tisse au milieu d'une belle brochette de personnages fameux. Hector, Hélène, Ajax, Patrocle, Achille, Ulysse, Agamemnon... La tragédie n'est pas tant celle d'un homme fidèle et d'une femme fausse, situation évoquant le vaudeville, que celle de la guerre et de ses soi-disant héros.
Car personne n'est épargné, Shakespeare démontant chaque figure du piédestal poétique qu'Homère leur a confectionné. Hélène se fout de la guerre qu'elle a déclenché, Ajax est une brute écervelée, Achille un imbécile ivre de sa personne et Patrocle son bouffon, et Ulysse un entremetteur dont les discours s'étalent à n'en plus finir pour ne pas toujours dire grand chose.
La relecture est terrible.
La mise en scène sans génie de Miller permet ici de goûter le texte sans ennui, en rêvant à une version qui donnerait à redécouvrir cette "expérimentation" dramatique dans tout son vertige !

Les Deux Gentilshommes de Vérone

Les Deux Gentilshommes de Vérone (1983)

The Two Gentlemen of Verona

2 h 17 min. Sortie : 27 décembre 1983 (Royaume-Uni). Comédie

Film de Don Taylor

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Pièce de jeunesse de Shakespeare, dont le cœur - deux ami tombent amoureux de la même femme - sera repris, si j'en crois les notes, dans sa dernière comédie, ces deux gentilshommes sont en effet bien gentils. L'histoire est jolie, la fin bien mignonne dans son appel à l'amour généralisé, et le tout se suit avec plaisir, grâce à cette frontière sans cesse troublé entre amour "pur" et désir physique incontrôlable. Les deux se parent de la même éloquence à leurs fins de séduction comme de tendresse véritable, et toute la pièce s'érotise de cette ambivalence, ici sans grivoiserie (qui n'est pourtant jamais un problème pour Shakespeare).

Sur la forme, rien de nouveau, ni mieux ni pire que le reste de cette collection jusque là. On note le décor étonnamment moderne pour la forêt finale, faite de cylindres métalliques habillés de guirlandes en guise de troncs. Curieux, mais efficace.

Macbeth

Macbeth (1983)

2 h 30 min. Sortie : 5 novembre 1983 (Royaume-Uni). Drame

Téléfilm de Jack Gold

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Macbeth, c'est un bloc de noirceur qu'éclaire une fraction de seconde le volubile Portier, avec la même verve railleuse qu'on trouve chez le Fossoyeur d'Hamlet. Pour le reste, on colle aux basques des puissants d'un pays qui sombre dans la tyrannie, et les paroles précèdent bien souvent l'assassinat.

Nicol Williamson et Jane Lapotaire, le couple Macbeth, se donnent à fond, pour le meilleur et pour le pire. Ceux qui ne pouvaient encadrer son Merlin gouailleur dans Excalibur reprocheront à Williamson d'en faire toujours des caisses, et parfois au détriment du personnage qu'il incarne (sa folie semble bien vite acquise, quand on pouvait imaginer Macbeth vaciller plus longuement sur le fil de la hantise...).

Toujours pas de délimitation des différents actes.

Sur cet équilibre fragile entre pièce et film, il y a dans ce Macbeth un moment qui pousse à la réflexion : lors de la scène qui voit la femme et le fils de Macduff se faire assassiner, un choix de montage (une coupe : on lance l'enfant / coupe / il est empalé sur l'épée) s'avère particulièrement efficace. La violence qui en ressort est telle qu'elle éclipse l'ensemble des meurtres de la pièce, pourtant réguliers et non moins sanglants.

La Mégère apprivoisée

La Mégère apprivoisée (1980)

The Taming of the Shrew

2 h 07 min. Sortie : 23 octobre 1980 (Royaume-Uni). Comédie, Romance

Téléfilm de Jonathan Miller

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

John Cleese est grand. A noter que le fameux prologue, qui fait du reste de la pièce "une pièce dans la pièce" (comprenne qui connait), a été évincé de cette version télévisuelle.
Pour le reste ni pire ni meilleur que ce que propose jusque là cette collection.

Hamlet

Hamlet (1980)

3 h 30 min. Sortie : 1980 (France). Drame

Téléfilm de Rodney Bennett

Tom_A a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La preuve que le montage peut intégrer avec intelligence et efficacité une mise en scène de théâtre. Si il n'y avait qu'une pièce à voir de toute cette collection jusque là (je suis loin d'avoir tout vu !), c'est bien ce Hamlet. Fascinant d'un bout à l'autre.

La Comédie des erreurs

La Comédie des erreurs (1983)

The Comedy of Errors

1 h 49 min. Sortie : 24 décembre 1983 (Royaume-Uni). Comédie

Film de James Cellan Jones

Tom_A a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Simple et efficace, cette Comédie des erreurs est la première comédie connue de la main de Shakespeare, et si on est bien loin de la richesse d'un Songe d'une nuit d'été, ça se suit sans déplaisir d'un bout à l'autre.

L'histoire, abracadabrantesque en son genre (et parait-il empruntée à Plaute), voit se courir après, tout en ignorant l'existence de leurs doubles, deux couples de frères jumeaux portants le même nom et semblables en tous points : Antipholus et Dromio, respectivement maitre et valet.

La mise en scène de James Cellan Jones, pour cette version télévisuelle, arrache un peu la rétine par ses choix de couleurs vives (notamment cette carte de la Grèce qui couvre le sol).
Encore une fois, pas vraiment de notion de quatrième mur ici, on tente d'enrober la pièce d'une "simili-cinématographie", au risque d'émousser les effets pensés pour la scène, avec pour résultat une inévitable impression de téléfilm fauché sur les dix premières minutes. Cela dit, là où la pièce nécessite de redoubler d'ingéniosité pour confronter les acteurs à eux-mêmes (ou à d'autres grimés pour leur ressembler), le montage vidéo apporte ici des solutions simples et limpides.

Enfin, les acteurs sont bons, particulièrement Michael Kitchen en Antipholus, accompagné par un Roger Daltrey qui, sans être exceptionnel, compense son amateurisme par un enthousiasme qui fait mouche.

Léger et tout à fait recommandable entre deux bonnes tragédies !

Jules César

Jules César (1979)

2 h 30 min. Sortie : 11 février 1979 (Royaume-Uni). Drame, Historique

Téléfilm de Herbert Wise

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

Moins poétique que ce à quoi Shakespeare nous avait habitué jusqu'alors, Julius Caesar prend la forme d'une joute rhétorique suite au meurtre de ce dernier, où chaque partie invoque l'image qu'elle cherche à donner à cet insaisissable César :
pour Marc-Antoine, il était le plus pur des souverains possibles, homme honorable au-dessus de tous. Pour Brutus, il était un dictateur en devenir, et le tuer revenait à sauver Rome de l'esclavage. Pour les conspirateurs, il était l'homme à abattre pour mieux s'installer à la tête de la ville. Pour la plèbe, la vérité de toute l'affaire sera celle de l'orateur le plus habile.

Cette ambivalence du personnage de César donne à la pièce toute sa richesse, reléguant la structure tragique à une fonction motrice amenant d'inévitables conflits : Au spectateur de faire le choix entre Marc-Antoine et Brutus, entre César nécessaire ou César dictateur, et à la mise en scène de jouer au mieux de cet équilibre, le maintenir ou le briser.

Cette version de la BBC m'a semblé privilégier Brutus. Le tournage en décor clos brise le 4ème mur, ce que je trouve toujours un peu malheureux, et les apartés sont en partie en voix-off, ce qui est encore plus malheureux. Cela dit, Richard Pasco est absolument génial en Brutus, et vaut à lui seul le détour, dans une production somme toute de bonne facture.

Le Songe d’une nuit d’été

Le Songe d’une nuit d’été (1981)

A Midsummer Night's Dream

1 h 52 min. Sortie : 13 décembre 1981 (Royaume-Uni). Comédie

Téléfilm de Elijah Moshinsky

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

La pièce est un vrai régal, mais cette production a bien du mal à nous emporter.
Helen Mirren, l'actrice qui joue Titania, se démarque du lot. Sans être particulièrement mémorables, Lysandre et Démétrius ont aussi droit à un beau moment lorsqu'ils se querellent autour d'Helena, éclat de lumière où le rythme et la direction fonctionnent à plein.
En outre, l'acteur qui joue Puck, en terme de bizarrerie, m'a rappelé le fils Sobotka dans la série The Wire, c'est dire ! Choix étrange, vu la créature féérique malicieuse qu'est Puck dans le folklore anglo-saxon...

Roméo et Juliette

Roméo et Juliette (1978)

Romeo & Juliet

2 h 48 min. Sortie : 3 décembre 1978 (Royaume-Uni). Drame, Romance

Téléfilm de Alvin Rakoff

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

Ce qui saute aux yeux d'entrée de jeu dans ce Roméo et Juliette, c'est le choix d'Alvin Rakoff (ou de la prod) de filmer en décor clos. On tend à se rapprocher du cinéma par la destruction de l'espace scénique, et c'est un peu dommage. J'enfonce une porte ouverte, mais une pièce est écrite pour une scène, et la faire entrer de force dans un carcan cinématographique, ce n'est pas toujours heureux.

Titus Andronicus

Titus Andronicus (1985)

2 h 48 min. Sortie : 1985 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Téléfilm de Jane Howell

Tom_A a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Première tragédie de Shakespeare, alors âgé de 28 ans, il est de notoriété publique que Titus Andronicus est sa pièce la plus sanguinolente, accumulant meurtres, torture, viol, mutilations diverses et cannibalisme...

Cette version de Jane Howell reste très théâtrale dans sa gestion de l'espace : si la caméra se permet quelques panoramiques et autres zooms, sans compter quelques surimpressions un peu vieillottes, on ne casse jamais le 4ème mur.

La pièce est brutale, et c'est un euphémisme. De ce maelström horrible et tragique, il jaillit un vrai plaisir à travers la logorrhée poétique qui l'enrobe dans un semblant de raffinement, cyniquement cultivé. C'est là que se joue l'enjeu majeur de la pièce, ce constat d'une perte généralisée des valeurs d'un empire qui sombre peu à peu dans la barbarie.

Pour ce qui est de l'originalité, Shakespeare créé surtout un personnage démentiel avec Aaron, le Maure qui tire les ficelles dans l'ombre. Le dotant d'une éloquence à nul autre pareille, à la fois terrible et savoureuse, ses scènes ressortent comme les plus virulentes d'une pièce qui ne manque pourtant pas d'agressions en tous genres. A ce titre, le dialogue qui l'intronise, et où il convainc les deux fils de Tamora d'enlever Lavinia dans les bois pour s'en satisfaire de force est un sommet d’infamie. Aaron, c'est le salaud absolu, le Mal qui sous-tend toutes les actions de la pièces, rendu humain grâce à la soudaine apparition d'un fils nouveau-né sur la fin de la pièce. Certes aucun des autres personnages n'est vraiment blanc, il n'en reste pas moins le grand personnage de Méchant, rayonnant par le verbe qui semble l'exclure de la barbarie ambiante dont il est pourtant l'instigateur et le jouisseur décomplexé :

"If one good deed in all my life I did, I do repent it from my very soul."

Peut-être pas la meilleure pièce pour initier mamie, mais un incroyable déchainement de passions, assurément.

Le Marchand de Venise

Le Marchand de Venise (1980)

The Merchant of Venice

2 h 36 min. Sortie : 17 décembre 1980 (Royaume-Uni).

Téléfilm de Jack Gold

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Shylock, le juif cruel du Marchant de Venise, est avant tout un homme cruellement spolié, qui rend coup pour coup. On pourrait (et d'autres l'ont fait) tourner des heures autour de l'antisémitisme normalisé qui a nourrit la pièce, et qui centralise souvent les avis. L'image est ambigüe.

Timon d'Athènes

Timon d'Athènes (1981)

Timon of Athens

2 h 08 min. Sortie : 16 avril 1981 (Royaume-Uni).

Téléfilm

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Souvent présenté comme la pièce "la plus faible/ moins aboutie" de Shakespeare, Timon d'Athènes est un cas un peu particulier, et cette mise en scène pour la BBC a elle aussi ses singularités :
Probablement écrite entre 1604 et 1607, Timon d'Athènes n'aurait jamais été jouée du vivant de son auteur. D'ailleurs, la pièce est souvent considérée comme inachevée, voir écrite en partie par d'autres.
C'est ici Jonathan Pryce (que je n'avais jamais vu en dehors de Brazil) qui compose un Timon impressionnant, presque de toutes les scènes, et qui vaut à lui seul le détour. Ses explosions de colères ponctuent sa descente au enfers et nous subjuguent autant que les flatteurs à qui il fait la leçon.

Les Joyeuses Commères de Windsor

Les Joyeuses Commères de Windsor (1982)

The Merry Wives of Windsor

2 h 50 min. Sortie : 27 décembre 1982 (Royaume-Uni). Comédie, Romance

Téléfilm de David Hugh Jones

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Shakespeare, peut-être sur demande de la reine Elizabeth, écrit cette fameuse Commères de Windsor autour d'un personnage secondaire marquant d'Henri IV (pièce en deux parties, qui rejoindra cette liste quand je l'aurais vue !) : Sir John Falstaff.
Voleur à ses heures, bedonnant, bon vivant et le verbe haut, le chevalier imprime cet étonnant vaudeville sophistiqué d'un ton tragi-comique propre à sa situation : toujours désargenté, toujours fomentant de nouveaux coups pour se remplumer, toujours finissant floué pour le plus grand bonheur de tous. La figure est tellement marquante et attachante qu'elle sera réutilisée par Verdi dans le dernier de ses opéras (achevé), qui suit plus ou moins la pièce ici annotée, et le film Falstaff, d'Orson Welles, où le réalisateur prend un plaisir communicatif à incarner le gros barbu le long d'une intrigue librement inspiré d'Henri IV.
La version BBC dont il est question ici est joliment décorée (par comparaison avec les autres pièces, réutilisant souvent leurs décors de l'une à l'autre), avec cette sensation d'un décor en dur qui n'a plus rien d'une scène. Les acteurs s'amusent beaucoup, et même si Griffiths dans le rôle titre m'a parfois semblé un peu absent (ce qui est peut-être dû au contraste avec le Falstaff exubérant de Welles, vu l'an passé), on retrouve Ben Kingsley en mari jaloux qui en fait des tonnes, et surtout Judy Davis et Prunella Scales qui n'en peuvent plus de se bidonner du ridicule dans lequel elles plongent le pauvre chevalier.

Beaucoup de bruit pour rien

Beaucoup de bruit pour rien (1984)

Much Ado About Nothing

2 h 28 min. Sortie : 22 décembre 1984 (Royaume-Uni).

Téléfilm de Stuart Burge

Tom_A a mis 9/10.

Annotation :

Une grande réussite soutenue par son couple vedette (Cherie Lunghi et Robert Lindsay) au top.

Le Roi Lear

Le Roi Lear (1982)

King Lear

3 h 05 min. Sortie : 19 septembre 1982 (Royaume-Uni).

Téléfilm de Jonathan Miller

Tom_A a mis 9/10.

Annotation :

Décor minimaliste (une salle de bois, une salle noire, un "extérieur" blanc), obsession pour le gros plan et le portrait, couleurs qui semblent désaturées (à moins que ce ne soit la patine vidéo des années 80), tout est noir et étouffant dans ce Roi Lear. Alors vient la pièce. Pas la joie non plus. L'humour y est tout de causticité et de doubles sens cyniques.
Le tout, par la finesse de la mise en scène et le jeu excellent d'absolument tous les acteurs, nous transporte sans temps mort le long d'une pièce dont la richesse et la profondeur interpelle l'esprit autant que le cœur. Un sommet de cette collection.

Comme il vous plaira

Comme il vous plaira (1978)

As You Like It

2 h 31 min. Sortie : 17 décembre 1978 (Royaume-Uni).

Téléfilm de Basil Coleman

Tom_A a mis 5/10.

Annotation :

Comédie très appréciée du public, et écrite par Shakespeare juste avant Hamlet, Comme il vous plaira est une friandise dont la légèreté se teinte à peine d'une amertume mesurée. Dans ses jeux de marivaudages à base de déguisements, avec quadruple mariage final, la pièce cherche l'efficacité avant tout. Les personnages sont très peu approfondis, la mise en situation expéditive (pourquoi Rosalinde se fait-elle bannir tout à coup ? Peu importe...). Ce qui compte ce sont les chassés-croisés à travers la forêt d'Ardennes.
Et c'est là que cette version m'a semblé peu convaincante.

Contrairement au reste de la série (jusque là), la pièce est filmée en extérieur, autour d'un véritable château, et surtout dans une véritable forêt. La rupture entre l’extrême artificialité de la pièce et le réalisme cru d'un tournage en vidéo en extérieur alourdit la plupart des situations. Les acteurs, Helen Mirren en tête, ont beau être pour la plupart à leur aise, tout sonne faux, à côté de la plaque. L'impossibilité des situations à s'inscrire dans la réalité à laquelle nous ramènent les décors nous fait sans cesse décrocher. Tout devient parasite, et détourne notre attention, du son des oiseaux au bruit du vent dans les micros, jusqu'aux moutons qui s'entassent en arrière-plan et vole la vedette à l'acteur en plein monologue.
Ce n'est surement pas le seul raté ici, et de nombreux passages tombent à plat, faute d'un rythme en creux, qui peine à faire surgir la drôlerie de nombreux échanges pourtant truculents dans le texte.

Premier véritable échec (à mon sens) de cette série, Comme il vous plaira existe sous suffisamment de versions aujourd'hui accessibles en deux clics pour ne pas s'attarder sur celle-ci. Mais ce n'est que mon avis.

Henry VI

Henry VI (1983)

Henry the Sixth

108 min. Sortie : 2 janvier 1983 (Royaume-Uni).

Téléfilm de Jane Howell

Tom_A a mis 4/10.

Annotation :

Première partie de la 1ère quadrilogie historique de Shakespeare (1ère par la rédaction, avec Henry VI partie 2 et 3, puis Richard III), ce Henry VI première partie, dans cette version très cheap de la BBC, a du mal à passionner. La pièce elle-même semble être une longue mise en place des personnages pour les réjouissances à venir. Les acteurs choisis font parfois le double de l'âge de leurs personnages (Jeanne d'Arc et Henry VI en tête), créant un décalage parfois malheureux avec les figures attendues (le jeune et inexpérimenté Henry VI devient, sous les traits de Peter Benson, un adulte un peu simplet...).
Autre point, surprenant chez Shakespeare, nous n'avons a faire qu'à la classe dominante, aux têtes couronnées et leurs vassaux directs. Adieu les contre-points savoureux amenés par les valets, le fossoyeur de Hamlet, ou même Timon d'Athène réduit à la mendicité... Le verbe lui-même est assez plat, à l'exception notable de quelques scènes, comme le débat qui oppose Sommerset à Plantagenet, et qui conduira à la guerre des roses.

La paternité de la pièce a souvent été mise en doute. Beaucoup supposent qu'elle a été écrite collectivement. Cette 1ère partie a d'ailleurs été publiée pour la première fois quasiment 30 ans après les parties 2 et 3. On peut également supposer que le barde fait ici ses toutes premières armes, un peu maladroitement... Il n'empêche que la Mégère apprivoisée et Les Gentilshommes de Vérone, écrits, on le suppose, sur la même période de 2-3 ans, sont déjà d'une éloquence autrement plus brillante.

Décor unique pour cette version BBC qui semble accuser, plus que d'habitude, des restrictions de temps et d'argent. Cela ne nuit pas profondément à la pièce, et créé même un effet comique à la vue de ces soldats (les mêmes qui change de couleurs ?) qui cours dans un sens et dans l'autre, lors des successives prises et pertes d'Orléans à répétition. Le personnage de Jeanne d'Arc est plutôt amusant, à des kilomètres de nos représentations plus ou moins récupérées : ici, pièce de propagande oblige, elle est dépeinte plus comme une sorcière, en appelant directement aux forces occultes, couchant avec Charles VII, et rusant par tous les moyens pour éviter le bûcher (se déclarant vierge, puis enceinte de 2 ou 3 amants différents...). Malgré le grotesque du personnage, elle est le seul personnage féminin "fort" de la pièce, laquelle est quasi-exclusivement une affaire d'hommes.

Tom_A

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