Cover Amor e dor : Les meilleurs albums de musique brésilienne

Amor e dor : Les meilleurs albums de musique brésilienne

Petit tour de 30 classiques intemporels de la musique brésiliennes: samba, bossa nova, tropicalia, forro, samba soul, choro... de Rio à São Paulo, de Bahia à Pernambuco.

Par l'équipe de Bonjour Samba (
http://la-musique-bresilienne.fr )


"Pra que rimar amor e ...

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Liste de

52 albums

créee il y a presque 8 ans · modifiée il y a 4 mois

Cartola
7.4
1.

Cartola (1976)

Sortie : 1976 (France). Samba

Album de Cartola

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Noel Rosa chantait “la samba ne vient ni des favelas, ni du centre-ville. Celui qui a déjà été amoureux sait qu’elle nait du cœur”. Son ami Cartola a le mieux que nul autre incarné cette dimension universelle de la samba. Car Cartola, c’est la samba elle-même.

Gamin des favelas, créateur d'une des premières écoles de samba, amoureux fou jusqu'à en perdre la raison, rescapé de la vie, et plus que tout poète: Cartola a tout vécu, et a mis toutes ses vies dans ses sambas, les plus belles de toutes.
(...)

La délicatesse dans le sentiment, la justesse dans l’évocation, la finesse dans l’écriture en fait pour tous ceux qui savent l’écouter, le plus grand des sambistes, mais surtout un allié précieux, celui qui sait mettre le mot et la note justes sur nos émois et nos cicatrices. Cartola a souvent chanté la beauté du soleil qui se lève sur la colline de Mangueira et réconforte les coeurs blessés. Pareil à ce soleil, la beauté de ces sambas guérit l’âme et le cœur.

La chronique complète :
https://la-musique-bresilienne.fr/2014/01/15/cartola/

Canções Praieiras
7.7
2.

Canções Praieiras (1954)

Sortie : 1954 (France). Latin, MPB, Samba

Album de Dorival Caymmi

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"Vivant dans la moderne Rio de Janeiro, Dorival Caymmi a toute sa vie chantée sa lointaine et regrettée Bahia natale : ses plages et ses pêcheurs, ses cocotiers et ses femmes, et au centre de tous et de tout, la mer, nourricière souvent, meurtrière parfois, et dont les marées pour toujours raisonneront au rythme de sa guitare.

Les plages d’Itapoã, il nous les donne à voir, entendre et sentir. Ces plages où on marche simplement pour marcher, où tous les chemins mènent à la mer, et qu’une fois connues on ne veut plus jamais quitter (Quem vem pra beira do mar). Mais aussi les plages d’où partent les pêcheurs, ceux qui ont, chante-t-il, deux amours, un à terre – une femme qui les attend – et un autre en mer, qui n’est autre que la mer elle même (O bem do mar). C’est la mer nourricière qui apporte chaque jour au pêcheur de quoi gagner sa vie (Pescaria). Mais c’est aussi la mer meurtrière, celle dans laquelle vient se noyer le pêcheur, pour reposer dans les bras de Iemanjá (E doce morrer no mar). Et c’est le vent d’Itapoã qui chante dans les cocotiers, qui agite la mer et rappelle la brune aimée restée là-bas. Et car quand on l’écoute, nous avons tous une brune qui nous attend ou un pêcheur aimé parti en mer, Dorival Caymmi est un géant."

Lire la chronique complète:
https://la-musique-bresilienne.fr/2014/01/25/dorival-caymmi/

Chega de saudade
8
3.

Chega de saudade (1959)

Sortie : 1959 (France).

Album de João Gilberto

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Comme l’histoire de la peinture européenne se partage entre avant et après Raphaël, celle de la musique brésilienne moderne a comme point de pivot un 78 tours, Chega de Saudade. Deux petites chansons seulement qui provoquent un séisme artistique en 1958. Ce séisme, c’est la bossa nova, littéralement, la « chose nouvelle ».


Construção
8
4.

Construção (1971)

Sortie : 1971 (France). Latin, MPB, Bossa Nova

Album de Chico Buarque

Boebis a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

On dit parfois que les génies ne peuvent pas être reconnus de leur vivants et encore moins rencontrer le public. Les succès massifs de Cervantes, Tolstoï, Picasso ou Chaplin démentent cette assertion. Parfois, le génie est si évident qu’il est compris de tous, immédiatement. Chico Buarque appartient sans conteste à cette catégorie.

Parmi ses nombreux chefs d'oeuvre, Construção, composé en pleine dictature, s'impose comme le plus magistral.

On ne fait pas une révolution avec des chansons, et pas plus Construção que n’importe quel disque ne met fin à la dictature. Mais malgré la censure qui scrute chaque parole, interdit deux chansons sur trois, montre ses bottes à chaque concert, la musique permet de conserver au sein du Léviathan, un espace de liberté partagé entre les auditeurs, la possibilité de chanter l’oppression, un cri pour rester éveillé.

https://la-musique-bresilienne.fr/2014/04/17/chico-buarque-le-cri/

Pixinguinha
5.

Pixinguinha (2002)

Sortie : 2002 (France).

Album de Pixinguinha

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Flûte ou saxophone au bec, Pixinguinha a révolutionné la samba et réinventé le choro, unissant la grâce mélodique de l'un avec le génie rythmique de l'autre. Génie.

(...)
Les années 1940 marquent pour Pixinguinha son passage de la flûte au saxophone. Ce changement d’instrument s’expliquerait par son abus d’alcool qui lui interdit de jouer de la flûte. Le saxophone est à l’époque une hérésie pour nombre de puristes du choro qui voient d’un mauvais oeil cet instrument de jazz ! C’est pourtant au saxo qu’il enregistre de merveilleux 78 tours durant cette décennie ; des enregistrements où le thème est joué par le flûtiste Benedito Lacerda, avec le saxophone de Pixinguinha en contrepoint. Pixinguinha reste actif durant les décennies suivantes. Dans les années 1950, il s’illustre aux côtés de la Velha Guarda avec Almirante. Dans les années 1960 en période bossa nova, il compose la musique du film Sol sobre a Lama avec Vinícius de Moraes puis enfin lors du revival de la samba, il enregistre un album testament avec deux autres anciens, João da Baiana et Clementina de Jesus (Gente da antigua).

Depuis son décès en 1973, il n’a pas dû s’écouler une année sans qu’une de ses compositions ne soient enregistrées tant son œuvre est devenue une référence incontournable, sans cesse redécouverte et toujours revisitée par chaque nouvelle génération de musiciens Il n’est pas évident de se retrouver dans la discographie de Pixinguinha. Il a lui même enregistré de nombreuses versions des mêmes compositions sans compter les innombrables reprises par tous les grands noms de la musique brésilienne."

Lire le reste de la chronique:
https://la-musique-bresilienne.fr/2014/03/27/pixinguinha-le-genie-du-choro/

Adoniran Barbosa
8.2
6.

Adoniran Barbosa (1974)

Sortie : 1974 (France). Latin, MPB

Album de Adoniran Barbosa

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Adoniran Barbosa est la preuve que Vinicius de Moraes se trompait quand il disait que São Paulo était le « tombeau de la samba ». Car s’il n’est pas le seul sambiste de São Paulo, il est le premier, à avoir donné une identité paulista à la samba carioca et celui qui aura su mieux que nul autre chanter cette ville.

"Il s’agit d’une samba chantée avec l’accent et l’argot italo-caipira du peuple de São Paulo, qui mêle métisses et immigrés italiens, dans une langue qui prend souvent des libertés avec la grammaire. Une samba moins sentimentale et lyrique que celle de Rio de Janeiro, mais plus urbaine, chargée d’ironie et de malice. Adoniran Barbosa y dépeint de manière amusante et tragique à la fois, le quotidien du São Paulo populaire à travers de petites scènes souvent proches de l’anecdote ou de l’histoire drôle.

Il chante la joie de celui qui a construit sa baraque dans une favela (Abrigo de vagabundo), l’infortuné qui se déguise en Père-Noël pour faire une surprise à sa famille et reste coincé dans la cheminée (Vespéra de Natal). Il chronique les peines de cœur (Não quero entrar, Bom dia tristeza avec Vinicius de Moraes, Prova do carinho) et les disputes amoureuses où il raconte avec humour la lâcheté et l’hypocrisie des amants. Cette femme qui quitte son mari en prétextant faire des courses, en lui laissant comme mot d’adieu « tu peux éteindre le feu, car je ne reviens pas ». Ce fêtard laissé à la porte de chez lui en pleine nuit et qui tente de convaincre sa belle de lui lancer la clé (Joga a chave). Un homme qui pleure son amour et n’a plus comme souvenir que les chaussettes de sa bien-aimée (Iracema) ou des noces où le fiancé se révèle être cinq fois marié et père de sept enfants (Casamento do moacir).

Il chante enfin la São Paulo de son enfance, celle de son premier amour et de son premier carnaval (Vila Esperança) et des fêtes trop bruyantes pour le voisinage (Aguenta a mão joão). Il chante aussi la São Paulo du progrès effréné (Conselho de Mulher) qui détruit les lieux des souvenirs (Viaduto Santa Efigênia, Praça da Sé) et dont les bulldozers implacables, rasent les baraques des favelas et en chassent les habitants (Despejo na favela).

Lire la critique complète:
https://la-musique-bresilienne.fr/2014/01/15/adoniran-barbosa/

Axé! Gente Amiga do Samba
7.

Axé! Gente Amiga do Samba (1978)

Sortie : 1978 (France).

Album de Candeia

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Les Noirs Américains ont eu le funk pour revendiquer le black power. Le Brésil a eu Candeia et sa samba ré-africanisée, pour porter haut et fort la fierté Noire, et avec, celle de tous les opprimés.

Politique, festive, sentimentale, Candeia a embrassé toutes les formes musicales afro-brésiliennes. Toujours il a cherché à éviter qu’elles deviennent « des arbres qui ont oublié leur racines », pour paraphraser le titre de son livre sur la samba (O arbol que esqueceu seu raiz). Il a défendu la samba comme un art noble, qui sait d’où elle vient mais qui a bien une vocation à l’universel. Comme il le chante dans Samba da antiga : «l’âge n’as pas d’importance, la couleur de ta peau ne m’intéresse pas / si tu as des jambes tordues ou comme il faut / il suffit de savoir que tu as la samba dans les veines ».

https://la-musique-bresilienne.fr/2014/01/31/candeia-le-resistant-de-la-samba/

João Gilberto
8.2
8.

João Gilberto (1973)

Sortie : 1973 (France). Jazz, Bossa Nova

Album de João Gilberto

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

João Gilberto, sa guitare et le silence : il n'en faut pas plus au père de la bossa nova pour créer sa musique, bouleversante et évidente comme un premier amour.

Avec João Gilberto chaque note, chaque syllabe, chaque respiration atteint la perfection. Il ne s’agit pas d’une perfection technique mortifère et stérile d’un vulgaire guitar hero, rapide, régulier et chiant comme un métronome. Au contraire, João joue entre les rythmes, chante en léger décalage avec sa merveilleuse guitare. Il habite le silence. Il parvient à ce chant qui lui est propre, qui donne l’apparence de ne pas être chanté et fait oublier la richesse des mélodies qui paraissent être naturelles, évidentes. Il concrétise ce que Maria Bethânia disait de lui, « Il joue, il chante, sans s’arrêter, jour et nuit, João Gilberto simplement est musique ».

Transa
7.3
9.

Transa (1972)

Sortie : 1972 (France). MPB

Album de Caetano Veloso

Boebis a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Rebelle excentrique, prêt à tous les scandales artistiques et politiques, Caetano Veloso finit par être exilé par la junte militaire brésilienne. Il se réfugie à Londres, d'où il revient en 1972, les valises pleines de rock et de reggae, et prêt à défier sans complexe les Anglais sur leur propre terrain.

A Tábua de Esmeralda
7.7
10.

A Tábua de Esmeralda (1974)

Sortie : 1974 (France). MPB, Samba, Rock

Album de Jorge Ben Jor

Boebis a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Jorge Ben disait regretter de n’avoir jamais réussi la transmutation alchimiste. Pourtant, en transformant les thématiques peu engageantes d’A Tábua de Esmeralda en pépites musicales, il a su mieux que nul alchimiste, changer le plomb en or.

O Essencial de Luiz Gonzaga
11.

O Essencial de Luiz Gonzaga (1999)

Sortie : 1999 (France).

Compilation de Luiz Gonzaga

Boebis a mis 10/10.

Annotation :

Si on cherchait à s’accorder sur le musicien qui incarne le mieux le Sud du Brésil, le débat ferait rage. En revanche, tout le monde serait d’accord pour désigner Luiz Gonzaga comme l’icône incontestable du Nordeste.

Raízes do samba
12.

Raízes do samba (1999)

Sortie : 1999 (France).

Album de Nelson Cavaquinho

Boebis a mis 10/10.

Annotation :

« Retire ton sourire du chemin / Car je veux passer avec ma douleur / Aujourd’hui pour toi je suis une épine / Mais une épine ne blesse pas la fleur » (A flor e o espinho)

Ces vers, parmi les plus célèbres de la samba, sont de Nelson Cavaquinho et son partenaire Guilherme de Brito. Deux sambistas qui ont élevé au rang d’art une forme particulière de la samba. Non pas celle qu’on reprend en chœur au carnaval ou dans une roda de samba, mais celle qu’on chante au bistrot un verre à la main. Une samba parfois appelée “dor de cotovelo” (douleur de coude) en référence à celle qu’on attrape à force d’être accoudé au bar. Cette samba c’est le fruit de la vie de Nelson Cavaquinho, poète fragile et tourmenté, mais aussi fêtard invétéré et amoureux passionné.

Marinheiro só
13.

Marinheiro só (1973)

Sortie : 1973 (France). Samba, Batucada

Album de Clementina de Jesus

Boebis a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Clementina de Jesus est le symbole des racines africaines du Brésil qui reviennent avec la violence d’un souvenir refoulé. Sa découverte est selon Ari Vasconcelos, semblable à celle d’un chainon manquant : le lien perdu entre l’Afrique et le Brésil, entre le candomblé et la samba urbaine.

A dança da solidão
7.3
14.

A dança da solidão (1972)

Sortie : 1972 (France).

Album de Paulinho da Viola

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"Dança da solidão qu’il publie à cette époque est un de ses albums qui comporte le plus de morceaux d’autres compositeurs. Il se fait plus que jamais passeur des grands maîtres méconnus auprès du jeune publique, comme l’ont pu l’être à la même époque Cristina Buarque ou Nara Leão. Mais Paulinho da Viola n’est pas dans la commémoration du passé, plutôt dans la la transmission. Il le dit joliment quand il présente le morceau « Meu mundo é hoje » de Wilson Batista présent sur l’album : « mon monde est celui d’aujourd’hui, je ne vis pas dans le passé, c’est le passé qui vit en moi ». D’ailleurs ces vieux sambistes n’avaient pas encore sortis à l’époque les albums qui allaient les consacrer au panthéon de la samba.

Dança da solidão est tout entier un chant d’amour pour la samba dans sa conception la plus noble. On y trouve l’aspect festif et communautaire de la samba avec un partido-alto enlevé, composé avec Elton Medeiros (No Pagode Do Vava). Il y chante les écoles de samba avec cet hymne à Portela (Passado da gloria) composé par Monarco de la Velha Guarda da Portela dont il venait de produire le premier album. Il y a aussi la dimension de critique sociale de la samba avec la dénonciation de l’hypocrisie par Nelson Sargento (Falso Moralista) et le sublime manifeste épicurien, Meu Mundo é Hoje composé par Wilson Batista, grand sambiste bohème qui vécu en marge de la société et à l’écart des écoles de samba. On trouve enfin le thème de prédilection de Paulinho da Viola et de toute la musique digne de ce nom, les désillusions amoureuses. Il les chante dans ses superbes Dança da solidão et Coração imprudente de sa composition, et les douloureuses chansons de séparation de Nelson Cavaquinho (Duas Horas da Manhã) et de celui dont il est le fils spirituel, Cartola (Acontece).

Chaque morceau a une batida différente, qu’elle soit jouée par un solide ensemble de percussions, un paquet d’allumettes ou une simple guitare. Paulinho da Viola y met tout le génie de la samba « traditionnelle » auquel il adjoint par moment un synthétiseur ou quelques cordes arrangées dans le style post-bossa nova. Paulinho da Viola y démontre magistralement que si Chico Buarque est le plus sambiste des compositeurs de MPB, lui est décidément le plus MPB des sambistes.

https://la-musique-bresilienne.fr/2014/01/21/paulinho-da-violadanca-da-solidao/

Paulo Vanzolini por ele mesmo
15.

Paulo Vanzolini por ele mesmo (1981)

Sortie : 1981 (France).

Album de Paulo Vanzolini

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Ce n’est finalement qu’en 1981, à 57 ans que Vanzolini enregistra pour la première fois un album où il interprètait lui-même ses compositions : Paulo Vanzolini por ele mesmo, qui reste son plus beau témoignage musical. Le disque ne comprend pas ses deux grands succès Volta por cima et Ronda mais regorge de bijoux de compositions. On y retrouve ses deux facettes complémentaires, le chroniqueur facétieux, et l’amant blessé. Un point commun avec l’autre grand sambiste de São Paulo, Adoniran Barbosa, mais aussi, osons le parallèle, avec notre Georges Brassens national (les trois étant d’ailleurs d’origine italienne!).

D’un côté donc, Vanzolini raconte sa ville à travers des petites histoires souvent tragiques mais chantées de manière caustique ; les tentatives de suicide ratées : le malheureux saute d’un pont mais un coup vent l’emporte au loin, tant qu’ il doit marcher une semaine pour rentrer chez lui. Il se jette sous un train mais ne réussit qu’ à provoquer un déraillement fatal pour les passagers mais qui le laisse indemne (Samba do suicidio). Ou l’histoire malicieuse de ce “trop bon” Alberto, qui soit disant “cède aux avances” de toutes les femmes, de sa voisine à sa belle mère, jusqu’à provoquer une émeute (Alberto).

De l’autre côté, Paulo Vanzolini peint les errements amoureux, sans chichi mais souvent avec amertume. Un amour passionné et désordonné comme des chiffons et des guenilles (Amor de Trapo e Farrapo), un amour qui pousse un homme à se surpasser pour impressionner sa belle mais doit jetter l’éponge devant son indifférence (Samba erudito), mais aussi cet amour qui invite à se battre et à résister ensemble contre les difficultés de la vie (Bandeira de guerra).

Paulo Vanzolini aura été un sambiste du dimanche. Pourtant, une grande partie de la cinquantaine de chansons qu’il nous laisse pourraient prétendre à entrer au panthéon de la samba de São Paulo, une samba longtemps méprisée par la fringante carioca, malgré le talent d’Adoniran Barbosa ou de Geraldo Filme. La samba paulista est devenue aujourd’hui la plus créative du Brésil avec l’essor de musiciens comme Kiko Dinucci, Romulo Fróes, ou Douglas Germano. Ces auteurs-compositeurs doivent tous quelque chose à Vanzolini, qui a su un des premiers faire rimer le rythme binaire de la samba avec l’effervescence de Sampa.

Acabou Chorare
8
16.

Acabou Chorare (1972)

Sortie : 1972 (France). MPB, Samba

Album de Novos Baianos

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avec Acabou Chorare, les Novos Baianos réconcilient en un coup de maître les frères ennemis d’alors, la musique post bossa-nova et le tropicalisme, la MPB et le rock. Loin de la gravité parfois géniale, parfois affectée de la MPB, l’album respire la joie, le désir, les rêves, la jeunesse, peut-être pas sans naïveté mais en tout cas sans niaiserie et avec une fraîcheur et un enthousiasme contagieux.

Peut-être plus que les compositions très solides signées Moraes Moreira et Luiz Galvão, plus que la voix de Baby Consuelo, plus que les solos Jimi-Hendrixien de Pepeu Gomes, c’est cette énergie collective qui fait d’Acabou Chorare un disque génial. Acabou chorare n’est sans doute pas le disque que j’emmènerais sur une île déserte mais c’est certainement celui au sein duquel j’aimerais passer un été.

Fuloresta do samba
17.

Fuloresta do samba (2002)

Sortie : mai 2002 (France).

Album de Siba

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La Fuloresta do samba parait être l’archétype du groupe folklorique de world music pour gringos. Des percussions, des vieux messieurs à la peau sombre et ridée, coupeurs de canne à sucre, venant d’une petite ville du fin fond du Nordeste : tous les clichés sont réunis.

Le portrait n’est pas faux, mais passe à côté de l’essentiel. Car loin de s’enfoncer dans les clichés, le groupe de Siba les dynamite, anéantit le clivage tradition / modernité cher aux musiques du monde. Il balaie les lieux commun selon lesquelles une guitare électrique est moderne et un tambour traditionnel, il contredit magistralement l’idée que le rock ou le rap regarderaient en avant et les rythmes ruraux comme le maracatu en arrière. A Fuloresta do samba nous démontre que tous s’inscrivent dans une tradition avec ce qu’elle porte de richesse et de banalité et qu’il appartient à chaque musicien de la faire vivre en créant une œuvre personnelle.

Ce premier album du Fuloresta do samba démontre avec éclat la puissance poétique et la modernité du maracatu de baque solto et de la ciranda, qui sont joués moins que jamais comme des genre figés ou qui n’auraient droit de cité qu’à l’époque du carnaval.

Os Afro-Sambas de Baden e Vinicius
8
18.

Os Afro-Sambas de Baden e Vinicius (1966)

Sortie : 1966 (France). Samba

Album de Baden Powell, Vinicius de Moraes et Quarteto em Cy

Boebis a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La rencontre géniale entre le jeune Baden Powell et le poète diplomate Vinicius de Moraes, entre Rio de Janeiro et Salvador de Bahia, entre le Brésil blanc et le Brésil Noir.

"Baden Powell s’inspire des rythmes et mélodies bahianaise mais avec une démarche personnelle. Les chœurs féminins par exemple font le lien entre les chants afro-brésiliens et grégoriens qui le passionnent. Ils sont assurés par les chanteuses du Quarteto em Cy, originaires de Bahia, mais blanches et non adeptes du candomblé. Côté instruments, on remarque la présence des tambours sacrés atabaques et des afoxés et des agôgôs, joués aux côtés d’instruments séculiers d’origine européenne (flûte, saxophone, guitare…). La démarche des afro-sambas n’est donc en rien traditionaliste ou régionaliste mais contemporaine et ouverte sur le monde. Elle confère à la musique de Bahia une dimension sinon plus universelle, comme l’affirme Vinicius dans les notes du disque, du moins plus accessible, pour les Brésiliens non bahianais et le monde entier avec. Ce travail n’est pas sans rappeler celui de João Gilberto, Vinicius et Jobim avec la samba et qui avait donné naissance à la bossa nova.

Os Afro-Sambas est enfin une rencontre bien arrosée. Les deux amis s’enferment pendant trois mois dans un appartement de Rio de Janeiro pour composer, et s’occuper par la même occasion d’une caisse de whisky (importée par Vinicius par valise diplomatique!). Le premier né de ces réunions est le classique Berimbau sorti dans la foulée mais non inclus dans le disque. Les autres titres sont enregistrés dans ce qui ressemble plus à des fêtes qu’à de studieuses sessions de studio. Eux-même un peu ivres, ils sont entourés de nombreux amis, femmes et fiancés qui se greffent spontanément aux chœurs. Alors certes, l’enregistrement n’est pas d’une perfection technique (ce qui fera que Baden Powell le réenregistrera en 1999), mais dégage une chaleur et une intensité uniques."

Lire le reste de la chronique:
https://la-musique-bresilienne.fr/2015/02/08/baden-powell-et-vinicius-de-moraes-os-afro-sambas/

Raízes do samba
19.

Raízes do samba (1999)

Sortie : 1999 (France).

Compilation de Dona Ivone Lara

Boebis a mis 9/10.

Annotation :

Ivone Lara a un destin hors du commun qui ne détonnerait pas dans un scénario hollywoodien: Noire, pauvre, orpheline et femme, elle deviendra une des premières femmes noires du Brésil diplômée de l’enseignement supérieur. Mais surtout, elle est la première compositrice à s'imposer dans l'univers machiste des écoles de samba.

Metá Metá
7.6
20.

Metá Metá (2010)

Sortie : août 2010 (France).

Album de Metá Metá

Boebis a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La première étincelle de la rencontre entre Kiko Dinucci, Thiago França et Juraça Marçal: soit le meilleur groupe brésilien actuel, tout simplement.

O legítimo carimbó
21.

O legítimo carimbó (1974)

Sortie : 1974 (France).

Album de Verequete

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Disque emblématique du plus grand musicien du Pará, la légende du carimbo: Mestre Verequete.

Passo Elétrico
7.7
22.

Passo Elétrico (2013)

Sortie : 2013 (France). Latin, MPB

Album de Passo Torto

Boebis a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Les paroles font échos aux riffs guitares inquiétants et évoquent les thèmes de toujours de la bonne musique et de la samba en particulier : la vie, l’amour, certes, mais dans le contexte de la suffocante mégalopole de São Paulo. Une ville sans mémoire, une vie sans repères, sans cesse détruites et reconstruites, où le romantisme de naguère a laissé la place au sexe, à la violence et à la cruauté.

Elis & Tom
7.8
23.

Elis & Tom (1974)

Sortie : 1974 (France). Latin Jazz, Jazz, Latin

Album de Elis Regina et Antônio Carlos Jobim

Boebis a mis 9/10.

Annotation :

La rencontre au sommet entre la plus grande interprète de sa génération et le grand compositeur de la bossa nova.

Samba da Bahia
24.

Samba da Bahia (1975)

Sortie : 1975 (France).

Album de Riachão, Batatinha et Panela

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La samba moderne est née à Rio de Janeiro mais c’est bien de Bahia qu’elle vient. Les Bahianais Riachão, Batatinha et Panela nous le rappellent. Trois grands musiciens aux destins similaires, qui restèrent dans leur Bahia natale sans connaître la gloire.

Songbook: Noel Rosa
25.

Songbook: Noel Rosa (1991)

Sortie : 1991 (France).

Compilation de Various Artists

Boebis a mis 10/10.

Annotation :

Contre les ballades niaises et romantiques, Noel Rosa parle de la vie de tous les jours, de la faim, des problèmes d’argent. Même quand il parle d’amour, c’est toujours de manière réaliste, sans chichi, à hauteur d’homme. Ce ton unique fait de lui le plus moderne des compositeurs de l’âge d’or de la samba.

Coleção Folha Raízes da Música Popular Brasileira, Volume 21
26.

Coleção Folha Raízes da Música Popular Brasileira, Volume 21 (2010)

Sortie : 2010 (France).

Compilation de Ismael Silva

Boebis a mis 9/10.

Annotation :

Ismael Silva est le créateur de la « turma de l’Estácio ». Dans le jargon carioca, ce sont des malandros ; aussi bons vivants que mauvais payeurs, bons amants que piètres maris, ces bons-à-rien au bon cœur refusent le travail salarié mais pas les plaisirs, ils flirtent avec les femmes… et l’illégalité. Mais ce sont surtout de sacrés musiciens. C'est avec eux qu'Ismael Silva crée le rythme actuel de la samba moderne puis fonde la première école de samba avant de vendre ses compositions géniales aux premiers interprètes qui popularisent la samba.

Vibrações
27.

Vibrações

Sortie : 0001 (France).

Album de Jacob do Bandolim et Época de Ouro

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le disque phare de Jacob do Bandolim considéré par de nombreux mélomanes comme le meilleur disque de choro de tous les temps. Enregistré en 1967, à la fin de sa vie, il constitue à la fois le résumé et le sommet de son œuvre et permet de saisir son génie protéiforme.

Estudando o Samba / Correio da Estação do Brás
7.4
28.

Estudando o Samba / Correio da Estação do Brás (2000)

Sortie : 2000 (France).

Compilation de Tom Zé

Boebis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un album gorgé de samba sous toutes ces formes, samba de roda, samba canção, bossa nova…mais qui n’est en est pas. Un album qui va au-delà du tropicalisme où les arrangements avant-gardistes enrobaient des chansons de facture finalement classique. Ici l’expérimentation n’est pas que dans la surface mais à la base même de la composition: un morceau n’est composé que d’un seul accord (Mã), des instruments à cordes sont utilisés dans un rôle de percussions. Cette expérimentation est pourtant toujours justifiée, car derrière ces sonorités souvent surprenantes, parfois déroutantes, Tom Zé n’oublie jamais de composer de grands morceaux avec des mélodies aussi originales qu’évidentes.

Portela passado de glória
29.

Portela passado de glória (1970)

Sortie : 1970 (France).

Album de Velha Guarda da Portela

Boebis a mis 9/10.

Annotation :

Premier disque de la "vieille garde de Portela", il rassemble la fine fleur des compositeurs de la plus grande école de samba: Manacéa, Mijinha, Chico Santana, Monarco et même son mythique fondateur Paulo da Portela...le tout sous la houlette du tout jeune mais déjà influent Paulinho da Viola.

Luperce Miranda
30.

Luperce Miranda (1971)

Sortie : 1971 (France).

Album de Luperce Miranda

Annotation :

Malgré son statut de monstre sacré, la musique de Luperce Miranda reste assez difficile à écouter. Ni ses premiers 78 tours des années 1930-50, ni ses LPs des années 1970 n’ont été réédités. De trop rares morceaux sont disséminés dans des anthologies de choro mais curieusement aucune compilation ne lui a été consacrée. On peut cependant compter sur la mise en ligne de ces morceaux par des passionnés. Celui que nous avons choisi, Luperce Miranda sorti 1971 a justement été numérisé et mis en ligne par le formidable site, Acervo Origens.

Enregistré à un âge mûr, il montre la fraîcheur, le talent et la virtuosité intacts de Luperce Miranda. Il n’est accompagné comme à son habitude que d’une seule guitare, offrant à son bandolim l’espace nécessaire pour s’exprimer. Il interprète trois de ses compositions, dont la valse grandiose Prelúdio em Ré Maior. Les autres sont d’autres compositeurs, des anciens comme Ernesto Nazareth (le classique Bambino) ou Uriel Lourival (la belle valse Mimi), et des contemporains comme Pedro Caetano et Bonfiglio de Oliveira.

Boebis

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