L'Abistan, immense empire recouvrant soi-disant la terre entière est le théâtre d'une épopée qui verra le protagoniste principal Ati découvrir un régime totalitaire et effrayant, soumettant les individus à travers le saint Gkabul, livre sacré qui dépeindra le lien associant terreur et foi. A travers son personnage, Boualem Sansal nous livre une satire du fondamentalisme monothéiste et plus implicitement du salafisme -chose qu'il assume dans les interviews que l'on peut trouver de lui.
C'est lorsqu'il tombe malade qu'Ati, malgré une apparente inopiniâtreté commence à soulever quelques interrogations quant au régime dans lequel il vit, dans une aventure initiatique digne de Zadig le protagoniste rencontre des personnages qui comme lui s'interrogent et aident l'auteur à diffuser sa critique vis à vis des dangers que représentent le fondamentalisme pour la démocratie et les droits et libertés fondamentaux. Nas insuffle aux pérégrinations d'Ati une perspective vis à vis de la manipulation de l'Histoire et de la notion de vérité tandis que Toz met la religion face à ses contradictions.
Sous la plume de Sansal et en dépit de quelques réflexions moins convaincantes -notamment les références à maître Orwell, la visite du musée ou encore les palabres vis à vis de la succession du Grand délégué qui ne servent en aucun cas le propos- fond et forme fondent pour nous livrer une satire digeste, intelligible et nécessaire à notre temps.