Je t’aimerai... Pour le meilleur et surtout le pire !

« Et puis de façon surprenante, il se mit à bander de plus en plus souvent. L’incongruité de cette bosse disgracieuse qui tendait soudain l’étoffe de sa culotte de pyjama, ne manqua pas de le surprendre. »
Voilà le genre de phrases que l’on peut retrouver dans « Amours à mort » de Dominique Maes. C’est un recueil de treize nouvelles qui parlent toutes d’un amour passionnel soit pour un objet comme une voiture, un appareil photo ou encore pour une personne qui est le plus courant. Ces différentes relations sont guidées par l’envie, le rêve et surtout l’adoration de la vie (avec de bonnes nourritures et de bonnes boissons) qui parfois peut se terminer mal comme très bien...

Dominique Maes est né en 1957 à Bruxelles. C’est un auteur-illustrateur et écrivain. Il entre à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles en 1973 qui lui a permis de s’ouvrir complètement à son dessin qu’il aimait tant quand il était jeune. Il est l’auteur et l’illustrateur de plus de quatre-vingts albums pour la jeunesse comme « L’ogre tendre », « Le château qui avait le hoquet » et « Nini et sa poupée », c’est aussi un nouvelliste pour les adultes (avec « Histoire de culte » ou encore « Monstres ») et un clarinettiste. Mais il est surtout un raconteur d’histoires en passant par tous les arts : le dessin, les mots, la musique, les spectacles et les rencontres humaines. Tout cela pour son plus grand bonheur.

Au début de ma lecture, je me demandais comment on pouvait oser écrire ce genre de choses si crue, sans avoir peur de blesser. Personnellement, c’était la première fois que je lisais un livre ou rien n’est tabou, ni le sexe, ni l’handicape, ni la solitude, ni les différences d’âge, etc. Rien, je dis bien rien n’est tabou ! Tout est expliqué de manière si juste, claire et véritable. Dès la première phrase on peut voir cette franchise : « Amoureux ! Et à son âge ! De quoi faire sourire, non ? Il a une assez bonne opinion de lui pour croire possible qu’une femme plus jeune, belle, intelligente et cultivée, puisse être séduite par ses cheveux gris. » Cette première nouvelle est complètement dégantée et nous met direct dans le bain et dans l’atmosphère du recueil en entier. D’ailleurs, j’ai eu un peu peur, je me suis demandé dans quoi je m’embarquais… Malgré mes craintes, j’ai été agréablement surprise sur l’évolution des nouvelles et étrangement, cette franchise m’a plu et j’ai dévoré le livre. Ma nouvelle préférée est « Point de vue » qui est l’histoire de Louis, un petit enfant qui est fou amoureux de son nouveau cadeau, un appareil photo. Il photographie les invités lors de la fête malgré les regards curieux de autres et avec une insouciance à couper le souffle : « – Elles sont incroyable les photos de notre Louis, non ? murmure la mère d’une voix rauque. – Oui, souffle le père. Il a une vision très juste de ce que nous sommes. »
Au fil des pages et des différentes personnalités des personnages, l’auteur arrive dans la tournure de ses phrases à nous emmener loin dans un monde où l’on passe de la peur, par l’incompréhension, par la joie, la tristesse ou encore la compassion. Tout cela dans un monde des plus réels où tout se qui passe peut nous arriver un jour ou bien à un de nos propres. C’est donc toutes des histoires réalistes, à l’exception, peut-être, d’« Amor » qui est assez trash et où il faut avoir le cœur bien accroché. Mais étrangement, avec la folie que l’Homme peut soulever, ce genre de choses ne m’étonnerait pas si on l’annonce aux infos.

Tout cela pour vous dire que si vous n’avez pas peur des tabous et que vous voulez découvrir un monde, qui à la sortie de l’adolescence et le début de l’âge adulte, est différent des histoires à l’eau de rose que l’on peut écrire, ce livre est fait pour vous !

Rachel D.

« Amours à mort » de Dominique Maes
Éditions Murmures des soirs
2012, Esneux, Belgique
238 pages