Les 13 ingrédients du « Sruoma A Trom »

Ah ! L’amour ! Mais à vrai dire, qu’est-ce que c’est, l’amour ? D’après la définition du Larousse, c’est un « sentiment très intense englobant la tendresse et l’attirance physique qui unit deux personnes [1]». Elle définit assez bien ce qu’on peut retrouver dans le livre de Dominique Maes, « Amours à Mort » édité chez Murmure Des Soirs en 2012.

Ce livre est un recueil de 13 nouvelles : 238 pages détaillant des histoires d’amours érotiques. L’auteur belge aborde de nombreuses thématiques de l’amour : l’infidélité, l’amour enfant-adulte, la passion, la frustration sexuelle, etc. Aucune des nouvelles n’est similaire à une autre. Elles ont toutes leur particularité. Ce qui est un exercice particulièrement délicat lorsqu’on écrit. Cependant, le fait d’exposer des histoires si atypiques peut aussi donner aux lecteurs des difficultés à être proches des personnages ou de l’histoire racontée. Dominique Maes nous écrit dans un style particulier : d’abord il nous anesthésie « localement » avec une scène ordinaire et réaliste. Puis, elle devient théâtralement et subtilement très glauque, parfois « trash ». Donc en fonction de la sensibilité du lecteur, les thèmes et le style de l’auteur le choqueront ou le séduiront. En tout cas, il est clair qu’on ne peut pas y rester indifférent et c’est certainement une volonté de l’auteur.

On ne peut dissocier le sexe de l’amour et vice versa. Il y un mélange parfait entre les deux et l’érotisme est tout aussi naturel et tolérant que de se gratter les cheveux. Ce qui permet à « Amours à mort » de ne pas tomber dans la catégorisation facile : soit un Emmanuelle [2] soit un Bodyguard [3] !

« Jupe, chemisier, petites culotte jonchent déjà le sol. Elle libère enfin ses seins qui se balancent librement. Elle les exhibe. Présente ses fesses. Elle veut s’offrir à la dévoration. À quatre pattes, elle s’approche en tanguant des puissants symboles de fertilité. »[4]

Toutefois, on peut parfois se sentir malgré tout déçu. Déçu par la note sombre, légère mais récurrente dans ce recueil. Treize histoires, un chiffre qui porterait malheur pour l’auteur belge ? Non, pas d’envie de fermer ce livre. Une histoire comporte ses zones d’ombre et de lumière. C’est cela qui la rend intéressante. Peut-être que le véritable reproche serait que l’auteur aurait pu conclure sur une note plus gaie.
Généralement très courtes, excepté deux ou trois histoires plus longues, la lecture est aisée. On remarque que Dominique Maes s’est fort aidé de son ancien métier lors de l’écriture de ses nouvelles. En effet, elles sont décrites avec tant de soucis du détail et de finesse que le lecteur se croirait au cinéma. On se laisserait bien emporter par la beauté des mots…tout en se demandant quand on passe à l’action ! Tout dépend du lecteur. Certains apprécieront, d’autres auront une migraine atroce et préféreront passer outre la description.

« Un recueil presque parfait » ? « Amours à mort », ne laisse personne indifférent ! Surprenant et attirant, on y trouve un certain bonheur à la lecture. Même si on peut se sentir un peu comme un enfant voulant jouer un jeu beaucoup trop complexe pour lui. Voici une mise en bouche. À vous de juger de la qualité gastronomique du « Sruoma A Trom »

« Il courut toute la journée pour trouver les ingrédients : cèpes secs et girolles fraîches pour les sformatini di funghi ; basilic en abondance, persil plat et roquette. Après les champignons en darioles, il lui servira un quadrucci in brodo. Surtout pour le plaisir des yeux.»[5]

Harry Franco

[1] Larousse (P.). Petit Larousse illustré. Paris : Larousse, 2012, 40 p. ISBN 978-203-584090-5
[2] JAECKIN, Just. Emmanuelle [DVD]. France : Trinacra Films, 1974. 105 min
[3] JACKSON, Mick. Bodyguard [DVD]. Etats-Unis : Warner Bros. Entertainment, 1992. 129 min.
[4] MAES, Dominique. Amours à mort. Liège: Murmure des soirs, 2012, 94 p. ISBN 978-2-930657-08-0
[5] MAES, Dominique. Amours à mort. Liège: Murmure des soirs, 2012, 7 p. ISBN 978-2-930657-08-0