rugir de plaisir

Pour détourner une publicité de ma jeunesse je dirais volontiers : « lisez ce Joncour, pour rugir de plaisir ! ».
Il faut même écrire « plaisirs » tant ce roman a de qualités. C'est écrit brillamment, une énigme qui vous tient en haleine autant que des descriptions qui vous enchantent ; un style rigoureux et gracieux à la fois. On y plonge sans plus vouloir relever les yeux. Et aucun risque d'asphyxie dans un décor aussi grandiose.
On y trouve certaines références à des pages d'une Histoire utile à rappeler (sur le rôle des épouses et des mères durant la Grande guerre) comme sur celles qui restent à écrire (sur le statut de l'animal dans nos sociétés, en tant de paix comme en tant de conflit) ; et encore de quoi méditer.
C'est sans doute sur ce dernier point que le roman est le plus remarquable. Il fait écho, avec un sens accompli de la mise en récit (équilibre maîtrisé entre suspens et réflexions socio-politiques) à une des grandes questions actuelles, nécessaire, urgente même, brûlante aurait-on raison de dire : celle du rapport de l'homme à la nature. Car c'est finalement dans la réponse que nous choisirons d'y apporter que notre propre nature peut enfin devenir lisible et que nous donnerons un sens à l'existence.