Si Mekton II (Mike Pondsmith ; 1987) proposait son propre univers, bâti sur les tropes habituel de la science-fiction orientée space opera et d'inspiration anime, la principale caractéristique de ce jeu de rôle consistait néanmoins à encourager les joueurs à créer leur propre monde et son Histoire afin d'en écrire les chapitres les plus marquants à travers leurs campagnes de jeu et leurs divers scénarios. Marc Alexandre Vézina suivit ce conseil à la lettre et, avec l'aide de nombre de ses complices du magazine Mecha Press auquel il contribuait depuis le tout début, il développa l'univers de Jovian Chronicles en s'inspirant directement des ténors de l'animation japonaise de science-fiction mais aussi des auteurs littéraires classiques du genre.

Voilà pourquoi les férus de hard science (1) se trouveront ici en terrain familier, de même que ceux qui aiment les animes de mechas appartenant à l'école réaliste du genre – tels que Mobile Suit Gundam (Yoshiyuki Tomino ; 1979) ou The Super Dimension Fortress Macross (Noboru Ishiguro ; 1982). À vrai dire, et mis à part quelques éléments ponctuels comme les tribus nomades qui habitent des astéroïdes errants, un élément à l'exotisme certain, l'univers de Jovian Chronicles s'avère en fin de compte bien classique. « Déjà vu » diront certains, qui n'auront pas tout à fait tort... Pourtant, c'est bien ce classicisme qui fait la force de Jovian Chronicles, du moins pour ceux d'entre nous qui aiment la science-fiction d'un Arthur C. Clarke (1917-2008) par exemple.

Ainsi, l'univers de Jovian Chronicles présente-t-il un système solaire colonisé depuis la planète Mercure jusqu'à Jupiter, en passant par tous les mondes intermédiaires et même la ceinture d'astéroïdes. Vénus est terraformée, Mars une planète divisée par des affrontements entre deux factions qui se disputent le pouvoir, et la Terre se remet à peine d'une vaste guerre civile globale de 100 ans où les super-puissances du début du XXIe siècle s'effondrèrent en laissant ainsi le champ libre aux colonies de l'espace ; Jupiter finit par s'affirmer comme la grande gagnante de ce retournement de situation, mais le gouvernement de la Terre unifiée entend bien retrouver sa place de monde leader de la sphère humaine et les tensions montent peu à peu...

Du coup, le succès de cette licence sur le continent américain étonne assez peu tant son public s'affirme technophile mais aussi friand de scènes politiques complexes. De sorte que quand le succès du sourcebook initial se vit confirmé par l'extension Europa Incident, l'idée germa naturellement de développer plus encore cet univers. Voilà comment Jovian Chronicles se vit adapté en 1997 au système Silhouette développé par Dream Pod 9 pour Heavy Gear, leur premier véritable jeu de rôle original, afin de devenir une ligne de jeu à part entière. Celle-ci connut de nombreux suppléments qui permirent de combiner le jeu de rôle au jeu de plateau en plus de développer chacun des éléments techno-scientifiques et des factions politiques de cet univers.

Si Jovian Chronicles s'affirmait surtout au départ comme un des résultats de l'influence culturelle qu'exerçait déjà à l'époque le Japon sur l'occident, et se cantonnait donc à un certain exercice de style somme toute sans prétention, il n'en est pas moins devenu au fil du temps une franchise d'ampleur tout à fait remarquable et à l'identité propre. Pour ces deux raisons, vous ne regretterez pas de lui avoir donné sa chance.

(1) terme désignant les récits de science-fiction aux bases techno-scientifiques très solides.

Notes :

La toute première édition de Jovian Chronicles, qui se présente sous la forme de deux suppléments pour Mekton II, donc celle chroniquée ici, est surnommée « Green Edition » par les fans de la première heure en raison de la couleur de ses couvertures. La seconde édition, celle adaptée au système Silhouette de Dream Pod 9, est appelée « White Edition » bien que plusieurs de ses extensions présentent une couverture dans des tons bleu sombre.
LeDinoBleu
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Science-fiction, Jeux de Rôle et Mecha

Créée

le 15 oct. 2011

Critique lue 188 fois

LeDinoBleu

Écrit par

Critique lue 188 fois

Du même critique

Serial Experiments Lain
LeDinoBleu
8

Paranoïa

Lain est une jeune fille renfermée et timide, avec pas mal de difficultés à se faire des amis. Il faut dire que sa famille « inhabituelle » ne lui facilite pas les choses. De plus, Lain ne comprend...

le 5 mars 2011

45 j'aime

L'Histoire sans fin
LeDinoBleu
8

Un Récit éternel

À une époque où le genre de l’heroic fantasy connaît une popularité sans précédent, il ne paraît pas incongru de rappeler qu’il n’entretient avec les légendes traditionnelles qu’un rapport en fin de...

le 17 août 2012

40 j'aime

Capitaine Sky et le Monde de demain
LeDinoBleu
8

Pulp (Science) Fiction

La science-fiction au cinéma obtient rarement l’assentiment des amateurs du genre dans sa forme littéraire, parce que cette dernière privilégie les idées et les émotions au spectaculaire et aux...

le 31 juil. 2011

33 j'aime

8