Trois monstres sacrés. Et de sacrés monstres. Deux icônes : Ingrid Bergman, la suédoise "américanisée" au faîte de sa gloire après Jeanne d'Arc et Les amants du capricorne ; Anna Magnani, la louve romaine, l'héroïne courageuse de tout un peuple. Et un réalisateur qui est devenu le pape du néo-réalisme après avoir dangereusement flirté avec le fascisme : Roberto Rossellini. Un triangle amoureux tordu va se mettre en place à partir du moment où Ingrid a décidé de respirer un autre air que celui de Hollywood et qu'elle a été séduite par cet italien dont elle s'apercevra un peu tard qu'il est aussi mythomane que manipulateur. Dans L'année des volcans, François-Guillaume Lorrain raconte précisément les relations tumultueuses de ce trio infernal en 1949, moment charnière où Roberto quitte l'une pour l'autre et où se tournent, à quelques kilomètres de distance, dans les îles Eoliennes, deux films au script pratiquement identique : Vulcano et Stromboli. Lorrain est sur tous les fronts et le "roman" sidère par son abondance de détails et son acuité psychologique. Parce qu'elles ont un gros ego, nos trois stars, et une sensibilité exacerbée, quoique pour Rossellini, il est permis de se demander jusqu'à quel point il mystifie son monde. Entre vaudeville et tragédie grecque, L'année des volcans virevolte sans jamais paraître essoufflé. Ce serait un scénario de film, on dirait que c'est un peu "trop". Mais c'est pour une très grande partie la réalité des faits et ce n'est jamais assez jusqu'à "l'excommunication" de la Bergman et le statut de suppliciée de la Magnani. Dans ce tsunami événementiel et émotionnel, quelques seconds rôles font des apparitions remarquées : Capa, Selznick, Hughes, Fellini, Dieterle, etc. Dire que ce livre est jubilatoire pour les cinéphiles est un euphémisme. Mais il le sera aussi, pas de doute là-dessus, pour ceux qui ne voient dans Bergman, Magnani et Rossellini que des figures en noir et blanc, d'un lointain passé.

Cinephile-doux
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le 5 janv. 2017

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