Amours sulfureuses et volcaniques.
Étonnant roman que cette Année des volcans de François-Guillaume Lorrain, un journaliste passionné de cinéma.
Certes le sujet et la 4° de couv' semblaient fort alléchants mais c'est d'abord l'écriture qui nous a accroché et motivé pour continuer : Lorrain possède une plume claire et fluide qui coule comme une gourmandise intelligente, parfaitement adaptée à cette multi-biographie où l'on retrouve un peu le style que l'on affectionne chez Échenoz ou Deville par exemple.
Avec un peu moins de souffle romancé et plus de travail d'enquête journalistique, on est peut-être plus proche encore d'Emmanuel Carrère.
Une fois conquis par le style, il ne nous reste plus qu'à se laisser porter par une histoire de passion(s) passionnante : dans les années d'immédiate après-guerre, deux monstres sacrés du cinéma : la blonde suédoise Ingrid Bergman et la brune volcanique Anna Magnani, rivalisent autour de Roberto Rossellini, l'un des pères du néo-réalisme italien et sans doute du cinéma moderne.
Dieu des césars et des oscars, quelle affiche !
Rossellini va s'attirer les foudres du monde en général et de 'La Magnani' en particulier pour s'être amouraché de la suédoise qui avait détrôné sa compatriote Greta Garbo.
Une rivalité si forte, un triangle amoureux si obsédant, un chassé-croisé si prenant, qu'en 1950, deux films sont tournés dans les îles éoliennes : Rossellini met en scène Stromboli, terre de Dieu avec sa nouvelle conquête Ingrid Bergman. Tandis qu'à quelques encablures, Anna Magnani obtient d'un obscur faiseur allemand le rôle principal dans Vulcano !
Deux îles, deux femmes, quatre volcans.
Ce n'est pas un scénario hollywoodesque ni un roman harlequin : c'est bien la vraie vie, même si c'est une vie hors du commun comme seul le show-biz sait nous en donner et nous en faire rêver ! La folle vie de ces gens-là dans les années d'après-guerre, dans une Italie (et peut-être un monde) à reconstruire.
Une histoire en or pour un passionné de cinéma comme François-Guillaume Lorrain qui nous donne un récit savoureux, plein de fougue et de passion(s).
Avec deux grandes et belles femmes du siècle : une jeune et f(o)ugueuse Ingrid Bergman qui n'est pas encore celle dont on se souviendra plus tard devant la caméra de son homonyme et compatriote, ainsi qu'une brune italienne dont la carrière s'est éteinte avant de pouvoir nous toucher (pas assez vieux !) mais que célébra Youri Gagarine depuis son Soyouz dans les étoiles :
"Je salue la fraternité des hommes, le monde des arts, et Anna Magnani."
rien de moins !
Sans vouloir retirer quoi que ce soit à nos deux belles stars, le personnage de Roberto Rossellini, déjà aux allures de Berlusconi d'aujourd'hui, n'est pas le moins surprenant des trois : un rebelle fantasque, un escroc insaisissable, un artiste controversé, un amoureux impénitent, ... on ne sait trop s'il s'est vraiment compromis ces dernières années avec le pouvoir fasciste, on ne sait trop ce que vaut vraiment sa façon de filmer sans script ni scénario (sic !), on ne sait trop s'il a le pouvoir de créer les stars ou s'il s'en nourrit lui-même, ... Mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'a pas volé sa place sur l'affiche de ce film ce bouquin !
BMR
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le 7 mai 2014

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