Singulier périple que ce Paris Marseille par l'autoroute du Sud, sans jamais la quitter, avec les aires de parking comme autant de mouillages.
Singulier équipage aussi, constitué de Julio Cortazar, de Carol Dunlop, sa compagne et de Fafner, le dragon rouge, leur vaisseau terrestre, un combi VW.


L'objet littéraire qui naît de cette aventure est un bien singulier journal de bord écrit à deux mains (voire, à trois ou quatre mains en tenant compte des parties dactylographiées)


Comme tout journal de bord, il respecte les principes du genre, avec des événements (les heures d'arrivée sur les lieux de stationnement), des relevés topographiques (des croquis des aires), des notes sur les autochtones (des ouvriers travaillant sur les parkings), des photos et autres considérations sur la flore et la faune locales


Mais la fiction s'insinue dans le réel, avec la correspondance fictive d'une voyageuse qui croiserait régulièrement nos deux explorateurs et s'en inquiéterait dans les missives qu'elle écrit à son fils, des réflexions sur la surveillance dont feraient l'objet Julio et Carol, et quelques digressions/excursions dans différents genres littéraires.


Lire « Les autonautes de la cosmoroute » procure le plaisir subtil de lire le récit mi réel , mi-imaginaire d'un voyage non moins rêvé que réellement effectué.
L'apparente pauvreté des paysages parcourus disparaît avec la richesse des mots déployés pour les décrire.
La banalité des situations se dissout avec leur inclusion dans l'éternelle histoire de l'Homme depuis la Nuit des temps.


Cortazar et Dunlop kidnappent le lecteur et l'emmènent dans un voyage dans le voyage, le laissant pantois à Marseille.
Éloge de la lenteur, leur récit nous rappelle que l'aventure est à portée de mains, que nous avons le pouvoir de tordre le quotidien pour en extraire le merveilleux et le bonheur.


PS Connaissant déjà quelques romans de Cortazar, j'ai découvert les autonautes grâce à leur mise en son sur France Culture, à découvrir ici.
Un excellent bouche à oreille pour donner envie de lire.

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le 10 janv. 2016

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