Eh boï tu sais c'est où toi Morgantown ? Attends j'vais te raconter un peu en même temps que l'histoire de Rafael.


Tu vois on m'avait dit que ce livre il fallait absolument que je le lise et quand j'ai répondu bavazi dis pourquoi qu'faut que j'le lise ? on m'a dit c'est l'histoire d'un père qui se sacrifie pour sa famille.


J'voulais pas dire au client qu'des histoires comme ça j'en avais soupé. J'en avais ras le cul des histoires où papa qui fait des conneries revient tout rédempteur à essayer de se racheter, ça a niqué la vie du gosse mais là faut qu'il pardonne parce que papa est triste et boum surprise le paternel clamse à la fin et le fils comprend à quel point il était grand au fond. Ras le cul.


Mais comme y'a que les zobs qui changent pas d'avis j'ai changé d'avis tu vois et franchement je regrette pas. Y'a même Philippe qui m'a dit que j'en aurai mal à mon bide, et Julien qui m'attend au tournant si j'en dis du mal et tout. C'est son livre préféré dans la vie presque. Pression.


Bin mon vieux j'ai une sale boule dans le ventre et la gorge remplie d'un truc comme quand tu regardes un drame des années 90 que t'as beau faire ton fier et ton trou du cul insensible et tout, alors que vient se dérouler sous tes yeux une histoire qui t'crève le coeur.


Pas de rédemption ni rien de ce genre. Morgantown (j'y viens ayé) c'est juste un bled qu'en est même pas un déjà. Genre si Dieu il existe il a craché par Terre à cet endroit là précisément. En mode bidonville un peu mais j'imagine dans le sud-ouest désertique des États-Unis quoi. Et comme dans toute biodiversité qui naît de n'importe quoi y'a toute une troupe de gens qui vivent là, dont Rafael.


J'ai dit ils vivent mais en fait ils ... subsistent (ch'crois que c'est comme ça qu'on dit quand on cherche pas à être insultant). Ils ont pas de passé, pas d'avenir. Ils se partagent tout et y'a des gosses un peu partout. Des gosses, des vieux et des adultes malades. Et Luis qu'a un camion, mais c'est un vrai zob en plus d'être le frère de Rafael.


Bref Rafael il parait un peu teubé à première vue, je crois qu'on aurait dit simplet à une époque. Simplet avec un look d'Indien apparemment vu que c'est de ça qu'on l'traite dans le bouquin, mais quand il demande à son père si c'est un Indien son père il lui dit juste de fermer sa gueule. Pas de passé, pas d'histoire j'te dis.


Rafael il a qu'une envie, c'est que sa famille et les gens de Morgantown ils se tirent de là bas. Qu'ils aillent à la ville, qu'ils jouent au base-ball, deviennent docteur, fassent de la musique. Il en a marre que les gens crèvent comme ça. Et il a pas un rond, et il est alcoolique, il sait qu'il va crever sans que ça fasse de pli ou quoi.


Alors un jour qu'il est rond il se rend dans un entrepôt où y'a un gars qui s'appelle McCarthy (comme Cormac ouais) et il lui propose un boulot : 25 000 dollars pour jouer dans un Snuff Movie. Et Rafael il accepte parce qu'en fait crever ça lui fait pas peur. Simplet on pensait ? Lucide le gars, genre de savoir quand il va crever et comment, ça le rend, lumineux (dans nos têtes hein parce que dans le livre t'as juste envie d'y mettre deux claques à dire mais putain arrête tes conneries mon gars).


Autant j'ai le coeur accroché quand je vois des trucs gores ou violents et tout la faute à quand j'étais gosse et franchement les premières scènes j'm'ai dit "bon ça va si c'est que ça c'est dégueulasse mais admettons" autant en fait au bout d'un moment c'est pas que t'en peux plus mais tu somatises. Genre ton corps il fait des soubresauts tu vois ? C'est pas la spasmophilie encore mais t'es au 3e barreau sur l'échelle quand même.


J'ai trouvé le sujet vraiment très bien traité, genre pas du tout mélo ni larmoyant ou quoi. Genre malgré une atmosphère poisseuse au début comme dans U-Turn un peu (faut que tu vois ce film minou il est énorme) et des envies de lire dans ton frigo tellement ça cagne des fois dedans, ce livre est putain beau.


On essaye pas de t'enfler en te filant de l'espoir, y'a pas d'héroïsation (rien à foutre si ça veut rien dire t'as compris) du personnage principal, même les "méchants" ils ont juste l'air dégueulasses mais au final ils pourraient être n'importe qui tellement ça se tient.


Cette histoire elle a été publiée y'a longtemps hein, genre en 1991 et j'ai vu après avoir fait des recherches et tout que y'a eu un film avec Johnny Depp et Holy Shit Marlon Brando dedans ! (sorti en 1997), et Luiz Guzman qui est à peu près le 2e portoricain après Danny Trejo (qui est américain) à jouer dans tous les films mexicains que t'as vu. Bref je veux voir ce film alors si vous avez des retours à faire dessus t'hésites pas tu laisses un commentaire et tout.


Voilà t'as été bien courageux si t'as tenu la route jusqu'au bout de mon ressenti, je peux que te conseiller de lire ce court roman profitez en il est souvenu épuisé tellement il est bien et pas souvent réédité. Pour ceux qui l'ont lu bien joué vous m'avez transmis le virus il mérite sa place dans ma bibli à coté de tous les romans américains qui défoncent ses parents !


Hasta luego hijo.a.s

LouKnox
8
Écrit par

Créée

le 1 juin 2020

Critique lue 159 fois

Lou Knox

Écrit par

Critique lue 159 fois

D'autres avis sur Rafaël derniers jours

Rafaël derniers jours
Alcofribas
7

Venez comme vous êtes

Sa vie ne valant pas grand-chose, Rafael, qui écrit son nom « rael », négocie sa mort, pour trois cents dollars moins les frais, auprès d’un « producteur » de snuff movies. Comme...

le 2 juil. 2015

1 j'aime

Rafaël derniers jours
RoseLee
10

BOOM!

Le principal est dit dans les critiques précédentes. Ce personnage naïf et attachant, qui ne possède rien de plus que sa famille, vivant dans des conditions minables et qui se fait prendre au piège...

le 20 nov. 2013

1 j'aime

Rafaël derniers jours
Nelfe-et-MrK
9

Un roman coup de poing

Attention roman violent. Il ne s'agit pas de gore, la description de ce qui va arriver à Rafael ne fait qu'un chapitre, mais de violence psychologique. Le snuff movie n'est ici que prétexte à décrire...

le 15 avr. 2012

1 j'aime

Du même critique

Réinventer l'amour
LouKnox
8

Critique de Réinventer l'amour par Lou Knox

Comme pour chaque essai de Mona Chollet que j'ai pu lire, c'est assez difficile pour moi de donner mon avis sans passer par un vécu perso, d'assimiler chaque phrase, chaque situation en se comparant,...

le 23 sept. 2021

13 j'aime

Ci-gît l'amer
LouKnox
8

Critique de Ci-gît l'amer par Lou Knox

Comment soigner l’amertume ?

 C’est curieux comme le sujet d’un essai philosophique peut s’appliquer en temps réel au lecteur sur l’essai en lui-même. 

 J’essaye de clarifier ; compte tenu de...

le 16 janv. 2021

12 j'aime

2

Les Aérostats
LouKnox
4

Critique de Les Aérostats par Lou Knox

Ce qu'est bien avec Nothomb, c'est quand ses histoires à problèmes de bourges qui s'occupent de bourges et qui se gargarisent de références littéraires de bourges, ça dure pas trois plombes. On...

le 27 juil. 2020

12 j'aime

5