Sandremonde
5.8
Sandremonde

livre de Jean-Luc Deparis (2020)

Ce long roman était recommandé par mon libraire. Je n'en ai pas été touché plus que cela. J'ai eu du mal à me passionner pour son héroïne et le peuple de guerriers opprimés par une peuple moins puissant sinon par la brutalité (nucléaire dans son aveuglement passé) de ses dieux. Peut-être trop de manichéisme dans le traitement des forces en présence, et des personnages trempés dans l'encre d'idéaux-types quelque peu monolytiques, surfaces que je ne suis pas parvenu à faire s'incarner dans le plus charnel que le style semble pourtant appeler (car nous sommes loin des froideurs de la chronique ou du conte tolkieniens). A ce titre, ce sont les paysages et le changement des lunes et des saisons auxquels j'ai trouvé le plus de relief - l'évocation s'y fait volontiers lyrique, et semble un moment restituer un regard incarné dans l'épaisseur d'un moment. Mais hors cela, peu m'en reste. Je regrette encore l'absence de cosmogonie et de théogonie - aurions-nous quelque chose d'une esquisse de théodicée polythéiste sans que l'on sache jamais si divinités chthoniennes et célestes sont en conflits ou n'interviennent qu'à mesure des incitations des camps opposés. On traverse tout trop vite, même les mondes d'en-dessous, sans la magie des déplacements rapides et démesurés qu'on trouve par exemple chez Tanith Lee dans ses Dits de la Terre-Plate. De tout ce matériau, quelque chose de bien plus riche semblerait possible - mais l'ensemble, au fond aussi peu développé qu'en une novella, me laisse fort sur ma faim. En dehors de ses trouvailles poétiques au service des atmosphères, le style enfin m'a souvent crispé, riche qu'il est en redondances et redites inutiles, comme autant de didascalies que leur contexte rend évidentes et donc suppressibles.


Bref, je ne m'y suis pas retrouvé. Je l'aurais apprécié, je crois, réduit à 150 pages. Dans son état actuel, je le trouve trop vaporeux, et manquant de corps et de réelles perspectives. Ou bien j'ai raté quelque chose, ou bien ce n'est pas un roman qui est écrit pour moi (ce qui n'est pas du tout un problème, je ne propose ici qu'une chronique de ma lecture, qui est celle de mes attentes). Je suis preneur d'avis contradictoires de celles et ceux qui, l'ayant lu, en auraient tiré d'autres et plus intenses plaisirs.

Kliban
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le 30 déc. 2021

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