Dans le large panorama de films provenant du Marvel Cinematographic Universe, qu’il est de bon ton de critiquer, la proposition d’Ant-Man apportait une certaine fraîcheur, bien appréciable. Petit mais costaud, le film sorti en 2015 investissait le film de casse, mais aussi la comédie générationnelle, le tout en costume de super-héros. Le héros qui pouvait rapetisser et parler aux fourmis se révélant ainsi être une petite mais agréable bonne surprise (sa suite, moins).

Ce livre propose la genèse de ce projet fourmidable et va ainsi accompagner l’histoire du film en présentant tout le travail visuel réalisé dessus. Ces grosses productions sont d’imposantes machines, où le travail préparatoire est tout aussi important que le résultat final, mobilisant des dizaines d’illustrateurs, au travail sur la recherche des costumes, sur l’ambiance des décors, ou sur le story-board. Avec le risque, bien évident, qu’avec tant de personnes impliquées, tant d’avis proposés, que rien ne finisse par dépasser, recherchant un résultat consensuel et qui se veut efficace, mais parfois fade.

Ant-Man, le film, n’échappe pas entièrement à ce problème, mais propose des scènes visuellement assez fortes, jouant avec l’échelle du héros et de son décor. La majorité des plus belles illustrations de cet ouvrage s’amusent d’ailleurs avec le concept, mettant un Ant-Man démuni face à une menace bien trop grande pour lui, ou se retrouvant dans un décor qui semble inadéquat avec un héros devenu minuscule.

Ce livre permet aussi de découvrir différents essais esthétiques du costume d’Ant-Man, pour arriver à ce résultat assez réussi, entre combinaison de motard ou de vieille série de science-fiction, remis au goût du jour. Le fade antagoniste, Yellowjacket, mais à l’allure réussie, a aussi droit à ces quelques pages de concepts, de même que pour la Guêpe.

Les illustrateurs mobilisés sont donc ainsi mis à l’honneur, autrement qu’une courte mention sur le générique de fin. Deux pages de biographies concluent l’ouvrage, mais elles commencent par celles des producteurs, occupant 1/4 de l’espace, rappelant que ce sont eux les décisionnaires de ces films. Et même si plusieurs artistes sont mobilisés, le style visuel est souvent bien trop proche, sans grandes différences esthétiques. Il ne s’agit pas de faire de l'esthétique, mais d’être fonctionnel, l’idée doit primer sur l’exécution, assez classique, parfois réussie, mais réalisée grâce aux mêmes logiciels, dans les mêmes tons. Sans les mentions des responsabilités et les quelques lignes de texte présentes, il serait parfois difficile de distinguer le travail sur les costumes d’Andy Park, de Rodney Fuentbella ou de Charlie Wen.

Un autre problème rencontré, peut-même plus problématique, c’est que la genèse qui nous est présentée est assez consensuelle. L’ouvrage est officiel, réalisé et approuvé par Marvel, et cela se ressent. Les quelques anecdotes présentes éclairent le film, mais elles se révèlent assez rares, ou assez banales. Le ton n’évoque que quelques difficultés mineures, surmontées facilement. L’enthousiasme est partagé. Tout va bien, youpi les amis.

Or ça n’a pas été le cas et c’est de notoriété publique. Et si l’ouvrage nous présente une anecdote de jeunesse de Peyton Reed pour justifier de sa présence en tant que réalisateur du film, il omet complètement le travail d’Edgar Wright, premier sur le projet et qui l’avait déjà fortement développé avant de quitter Marvel pour différents créatifs. En sachant que le génial cinéaste en garde encore une profonde déception, qu’il ne souhaite pas aborder en interviews, quel dommage que Marvel n’ait pas su garder cet homme et que leur collaboration se soit arrêtée ainsi. Mais Edgar Wright est complètement oublié de cet artbook officiel, l’épisode étant trop tumultueux, ce qui ne fait que rajouter une couche sur le ton ou les informations choisies, bien trop choisies justement.

En dehors de ces quelques belles images et des quelques informations sélectionnées, il est difficile de s’enthousiasmer pour un tel ouvrage, trop uniforme, sans véritables aspérités. Comme trop de films du MCU, il est donc dans le moule décidé par Marvel et nous impose son discours et sa "vérité". Il est de plus bien évidemment inutile pour quiconque n’aurait pas une quelconque sympathie pour le film.

L’ouvrage fait partie d’une série d’artbooks toujours en cours mais dont seulement trois ont été édités sur nos terres françaises par Huginn & Muginn, charmant éditeur au demeurant. L’édition est de qualité, le papier photo et le format à l’horizontale mettent en valeurs les images, malgré quelques coquilles. Une belle édition pour les plus fans mais un ouvrage avec trop de défauts et un prix trop élevé qui expliquent peut-être cette tentative rapidement abandonnée chez nous.

SimplySmackkk
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Docus POP lus et critiqués

Créée

le 13 avr. 2023

Critique lue 80 fois

6 j'aime

4 commentaires

SimplySmackkk

Écrit par

Critique lue 80 fois

6
4

Du même critique

Calmos
SimplySmackkk
8

Calmos x Bertrand Blier

La Culture est belle car tentaculaire. Elle nous permet de rebondir d’oeuvre en oeuvre. Il y a des liens partout. On peut découvrir un cinéaste en partant d’autre chose qu’un film. Je ne connaissais...

le 2 avr. 2020

49 j'aime

13

Scott Pilgrim
SimplySmackkk
8

We are Sex Bob-Omb and we are here to make you think about death and get sad and stuff!

Le film adaptant le comic-book culte de Brian aura pris son temps avant d'arriver en France, quatre mois après sa sortie aux Etats-Unis tandis que le Blu-Ray est déjà sur les rayons. Pourquoi tant de...

le 5 janv. 2011

44 j'aime

12

The King's Man - Première Mission
SimplySmackkk
7

Kingsman : Le Commencement, retour heureux

En 2015, adaptant le comic-book de Mark Millar, Matthew Vaughn signe avec le premier KingsMan: Services secrets une belle réussite, mêlant une certaine élégance anglaise infusée dans un film aux...

le 30 déc. 2021

39 j'aime

12