Entre nostalgie généreuse et sévérité infondée ; les critiques de La Quête d’Ewilan qui ont inspiré la mienne ne rendent guère justice, à mon sens, au travail de Bottero. J’aurai donc la lourde tâche de dégager ce qui me semble être les points forts et les défauts de ce premier tome en les confrontant aux critiques courantes que j’ai pu rencontrer.
Le tout servi sous forme de petits points pour faciliter la digestion.
(Les spoils concernent seulement le tome 1, pour ceux qui n’ont pas encore lu et qui aimerait découvrir.)



BON POINTS :



Le format « littérature jeunesse. »
C’est un gros point fort du livre. Le format « littérature jeunesse » implique une écriture plus claire, plus concise mais aussi plus courte que d’ordinaire. Les chapitres sont courts : on peut s’arrêter en cour de chapitre ou très rapidement après un chapitre. C’est un véritable plus pour les gens qui, comme moi, ont du mal à lire huit heures de suite ou qui aiment bien lire plusieurs livres en même temps. C’est aussi intéressant pour ceux qui aiment lire des heures durant puisque cette structure « hachée », chapitres courts et ellipses internes au sein d’un chapitre, servent un monde qui apparait dès lors comme « autonome », comme s’il existait réellement : cette impression que le temps s’écoule, même lorsque que nous ne lisons pas le livre.


Le monde.
Bottero réussit à doser la fantasy dans un monde merveilleux qui ne sombre pas dans l’excès et la gratuité permettant ainsi de garder une certaine vraisemblance et une intensité narrative. La magie ici n’est pas gratuite et abondante, elle a un prix. Les personnages ne sont pas tout puissant mais faillibles, on les suit donc avec plus d’intérêt. De plus la scission entre les deux monde est très bien réalisée, on alterne entre les deux monde, on a vraiment l’impression de les voir cohabiter ; dès lors l’intérêt se porte vers le passage de l’un vers l’autre et est d’autant plus appréciable. Les scènes dans le « monde normal » permettent de mieux apprécier « l’autre monde » et réussissent à nous faire revenir en enfance.


Le personnage de Camille.
À mon sens : le gros point fort de ce premier tome et peut être même de la série. Beaucoup reprochent à Camille son invraisemblance et sa condescendance qui empêche l’attachement envers elle. D’autres diront même que c’est un personnage mal écrit.
Au contraire, Bottero maitrise parfaitement bien et introduit excellemment Camille. Le début in medias res permet dès les premières lignes d’introduire Camille, dans le feu de l’action, et de plus, de montrer le personnage : une érudite. Ce qui nous mène à un second reproche souvent fait : Camille est invraisemblable. Et bien non. En réalité cette invraisemblance apparente que beaucoup lui reproche et qui découle de ce côté « génie », « je-sais-tout » sert la narration : Camille est montrée comme quelqu’un qui sait déjà tout, excellente à l’école, ayant lu Platon et Aristote en Grec. De ce fait, elle s’ennuie en cours tant elle en connait plus que les profs. Tout ça sert à montrer que Camille n’a plus rien à faire ici, tout ça alimente le « malaise » de Camille et nourrit l’idée que ce monde n’est pas le sien en montrant son érudition : Elle a fini ce monde comme elle a fini un jeu vidéo, elle connait TOUT( a débloqué 100% des succès steam dans l’idée ), et n’a plus rien à faire ici : elle doit changer de « jeu », de « monde » ; retourner à celui qui est le sien. De cela découle une dernière critique que j’ai beaucoup retrouvée : « On n’arrive pas à s’attacher à Camille. » Faux et purement subjectif. Pour ma part, j’admire Camille. Je voudrais et j’aurais voulu être comme elle, quelqu’un qui connait tout sur tout, intelligente et ayant du succès, visiblement « parfaite ». Lui est reproché aussi sa condescendance envers ce « petit Salim. », qui ne me gène pas puisque personnellement Salim me pèse sur le système mais j’y reviendrai.


L’intrigue.
L’intrigue est simple mais elle fonctionne. La structure en dévoilement permet d’avancer et d’en découvrir toujours un petit peu plus. En outre, elle permet de relancer l’intérêt. De plus dans toute les scènes d’actions se ressent la tension narrative qui tient en haleine, et c’est assez bon dans une œuvre destinée à « la jeunesse » pour le préciser. Cette impression d’énigme et de recherche d’éléments, dans le monde réel, pour mieux comprendre ce qu'il se passe fait retomber en enfance et crée un lien entre le monde réel et « l’autre monde » Un peu comme des enfants qui jouent « à faire semblant » dans le monde réel.


Une excellente littérature jeunesse.
L’ultime bon point dans la série, et même dans ce premier tome. La magie est ici au service d’une conception de l’art brillante : La magie est associée au "dessin", à la capacité de créer qui nait d’un grand pouvoir intérieur d’imagination. Le tout est de franchir le seuil de la création. Une idée brillante qui guiderait plus d’un enfant. En allant plus loin on pourrait voir l’image de la censure dans les verrous installés dans l’imagination et la vision, peut être, de la nécessité de les dépasser par soit même à la manière d’un Farenheit 451. C’est peut être aller loin, mais tout ça pour illustrer l’idée que ce premier tome montre des perspectives de réflexion sur l’art qui sont offertes à de très jeunes enfants.



MAUVAIS POINTS :



Salim. / Edwin.
Ici subjectivement, un mauvais point selon moi mais des bons pour des enfants. À mon sens, Salim casse le rythme avec ses pitreries et ses âneries et utilise beaucoup trop d’expression désuètes ( qui dit "ma vieille" "pétard de pétard" ) avec ses blagues carambars trop lourdes.
Quant à Edwin, le personnage est beaucoup trop cliché et difficilement appréciable d’autant plus que son caractère de personnage modèle et cliché donne l’impression d’un personnage invulnérable.


La description de la tension.
Un problème aussi, moins que dans le tome, mais peut être plus dans l’écriture de Bottero : une tendance à plus décrire que faire ressentir. Dans certaines situations, Bottero a la manie de décrire ce qu'il se passe, plus que de ne le faire ressentir aux lecteurs.


Intrigue minime.
L’intrigue reste très simpliste et facilement anticipable, à moindre mesure cependant ; il y a quelques petites surprises. De plus, l’écriture courte propre à un format jeunesse cause quelques lacunes, et certaines scènes sont parfois trop courtes, tandis que d’autres gagneraient à être plus explicitées ou développées.


Scènes lourdes.
Toutes les scènes « rigolote » où ils s’amusent viennent à mon sens casser le rythme mais plairaient surement aux enfants. Beaucoup de scène sont aussi clichées et lourdes.

Elysleigh
7
Écrit par

Créée

le 18 janv. 2019

Critique lue 339 fois

Elysleigh

Écrit par

Critique lue 339 fois

D'autres avis sur D'un monde à l'autre - La quête d'Ewilan, tome 1

D'un monde à l'autre - La quête d'Ewilan, tome 1
volklore
8

Critique de D'un monde à l'autre - La quête d'Ewilan, tome 1 par volklore

Ewilan est à mon sens un des tous meilleurs parmi les romans qui envahissent les rayonnages "Fantasy jeunesse" des libraires. Harry Potter fait moins rêver par sa magie, Edwin a plus de classe que...

le 29 mars 2011

5 j'aime

2

Du même critique

Sword Art Online, tome 1
Elysleigh
7

Une brillante réflexion bridée.

Comment, à travers une publication en Light Novel et sa simplicité intrinsèque, SAO déploie-t-il sa matière littéraire : une réflexion poussée sur le réel ? I. Un récit victime de son...

le 5 nov. 2020