Sympathique pépite que cet ouvrage de Léo Strauss, qui essaie de redonner ses lettres de noblesse à la notion de droit naturel alors battue en brèche par ce qu'il appelle le conventionnalisme, l'historicisme et la distinction webérienne entre faits et valeurs.
Pour redonner ses lettres de noblesse à cette notion, et combattre le relativisme positiviste auquel il assimile son rejet Léo Strauss, écrivain plutôt conservateur, dresse un panorama de l'émergence de la notion de droit naturel de l'Antiquité à la Révolution française.
Il distingue trois grands moments, le droit naturel "classique " s'appuyant sur les oeuvres de Platon et Aristote et prolongées par Cicéron puis Saint Thomas d'Aquin.
Le droit naturel "moderne" initié par Hobbes, dont les écrits renversent l'articulation droits et devoirs en faisant du droit à la conservation de l'individu la règle de base de la société, conception prolongée par Locke.
Et la critique de cette idée de droit naturel, à travers son assimilation dans le droit civil par Rousseau, ou au nom d'une conception pratique, justifiée par l'histoire, opposée à une conception théorique du droit, avancée par Burke.
Au-delà du panorama que Léo Strauss nous offre ainsi, et indépendamment de ses thèses concluant au fait que le le rejet du droit naturel aboutirait à une sorte de relativisme nihiliste, typiquement conservatrice, force est de reconnaître la richesse de cet ouvrage, véritable mine pour disposer d'analyses sur les idées des auteurs précités qui témoignent à la fois d'un esprit de synthèse et d'une érudition remarquable.
A noter aussi la richesse du nombre d'ouvrages et de références classiques auxquelles Léo Strauss renvoie et qui en font un quasi manuel de culture générale incitant à se plonger dans les oeuvres citées, des grands classiques bien sûrs mais aussi des oeuvres moins connues, comme la cyropédie de Xénophon, l'essai sur l'entendement humain de Locke ou les oeuvres de Gassendi.
Lecture recommandée.