Après un tome réellement bien maîtrisé et apportant son lot de suspens et de mystères centré sur le siège de Dejagore, Glen Cook passe à la vitesse supérieure avec ce tome (hâché malheureusement en deux parties dans la version non intégrale) d'Elle est les ténèbres.
Désormais, la Compagnie Noire a retrouvé son chef et un annaliste en maîtrise de ses moyens et part enfin à l'assaut d'Ombrelongue, le dernier rempart se dressant entre nos héros et leur objectif ultime, le Khatovar. Enfin, dernier rempart, que dis-je, les antagonistes de ce tome sont nombreux et renferment chacun leurs propres motivations, entraînant donc ces luttes de pouvoir, ces coups dans le dos, si caractéristiques à la saga. Ombrelongue, Mogaba, Volesprit, le Hurleur, Narayan Singh et sa Fille de la Nuit, ou bien la Compagnie Noire, qui ressortira victorieux de cet ultime affrontement ? Le suspens est palpable.
Malheureusement ce suspens est entaché par une certaine lenteur, surtout au début du tome. Les question restent en suspens beaucoup trop longtemps, l'intrigue tire trop en longueur en s'attardant sur des détails pas franchement intéressants, et une certaine répétitivité ressort au fil des pages, à travers ces incessants "voyages astraux" et rêves dont Murgen, pour sa deuxième performance en tant que narrateur, est friand. Ainsi on passe plus de temps à assister à des descriptions d'espionnage plutôt qu'à nous intéresser aux vrais faits de guerre. Les batailles sont nombreuses, mais relativement vite expédiées, à l'exception de quelques unes, ce qui est un peu un comble pour ce tome qui était censé raconter l'ultime assaut envers le dernier des Maîtres d'Ombres.
Deuxième point négatif, on pourrait parler du manque d'audace de l'auteur, concernant le destin de certains personnages. En effet, pour une série de Dark Fantasy, la Compagnie Noire n'est pas vraiment marquée par la mort (coucou toi le Boiteux qui revient quatre fois à la vie, les Asservis censés être morts mais qui ne le sont finalement pas, toi Corbeau qui te fait passer pour mort pour revenir, toi Toubib qui était au plus mal à la fin du tome 5, bref), mais cela devient vraiment un défaut quelque peu gênant dans ce tome
quand tous les méchants se retrouvent prisonniers au lieu de se faire tout simplement exécutés afin d'épargner des retournements de situations évidents, sérieusement...
Cependant, plus le tome avance, plus l'histoire devient palpitante, regagnant beaucoup d'intérêt dans les dernières pages, quand l'on sent que la fin du voyage est en train d'arriver. Ce voile de mystère baignant sur l'existence même du Khatovar, de la Compagnie Noire, de Kina, trouvera-t-il des réponses à la fin de ce tome ? C'est avec un suspens qui est à son comble et une immense surprise que l'on tourne les quelques dernières pages d'un tome parfois trop long mais qui permet enfin à l'histoire d'avancer